mardi 13 mai 2014

"LA NECESSITE DE TRAVAILLER SUR SES PEURS"


Nous sommes à la fois manifestation physique et Essence universelle ; or nous avons oublié notre source.

A mesure de l’éloignement de son identité divine, l’humanité s’est installée dans le doute, la perte de confiance. Le voile s’est graduellement épaissi, et de moins en moins guidée par la sagesse de l’être profond, l’ego trompeur s’est construit avec ses certitudes et son système de croyances. L’ego manipule parfois à notre insu les outils spirituels, énergétiques ou corporels que nous sommes amenés à utiliser. Cela a pour conséquence de générer beaucoup d’illusions et la conviction de l’inutilité de reconnaître nos peurs, la blessure qui nous habite, d’en comprendre le sens…

Il est vrai qu’il peut être tentant de se tourner vers une recherche spirituelle en évitant soigneusement la confrontation avec nos ombres. Lesquelles finissent pourtant par nous rattraper à un moment ou à un autre de notre vie !

Les enseignements d’éveil font de l’instant présent la clé d’accès à l’ouverture de conscience. Il semblerait qu’il y ait parfois une distorsion de compréhension de cette réalité. En effet, ne pas s’identifier à nos pensées, nos émotions et vivre le moment présent ne signifie pas nier, rejeter ou fuir ces aspects de nous. Guérir les divisions intérieures impliquent d’intégrer l’expérience humaine dans la conscience de notre dimension lumineuse et d’unir les forces de l’horizontalité à celles de la verticalité. Cela implique notre responsabilité envers nous même et envers la vie d’une manière toute différente. Ainsi toutes nos blessures constituent le compost de ce qui devient notre force de vie.
Notre peur la plus intense est très souvent associée à ce que nous avons d’essentiel à réaliser dans notre incarnation présente.

A chaque fois que nous appréhendons un événement de la vie, une rencontre de manière difficile, il est en fait question d’une étape initiatique qui s’offre à nous, soit une opportunité de libération, de dissolution de quelque chose qui restreint notre élan de vie. Il est par conséquent de la plus grande importance de vivre nos expériences en toute conscience… Et pour cela nous devons réinvestir ce « territoire sacré », à savoir le présent de notre être dans ce corps. C’est de ce lieu, le corps, la conscience, la sensation dans l’instant présent que nous pouvons accueillir une réaction, une émotion, un sentiment douloureux, prendre conscience d’une programmation qui nous limite. Une réaction, c’est la manifestation d’une mémoire émotionnelle, donc d’une blessure…

Naître à soi-même, car c’est bien de cela dont il est question, c’est s’accompagner dans un processus de reconnaissance de soi à tous les niveaux de l’être, incluant la sphère psychologique.

Nous sommes créateurs de nos états intérieurs et non pas victimes. Il importe d’observer ce que nous avons mis en place pour masquer ce désarroi d’être éloigné de notre nature essentielle. La quête intérieure prend tout son sens quand elle inclut la question de la souffrance. Les pensées compulsives, les sentiments de mal-être, les sensations d’anxiété qui nous habitent, mais aussi les pulsions réactives (colères, émotions) ont leur source dans les peurs et les blessures que nous n’avons pas encore réussis à rencontrer, à accueillir, à embrasser.

A partir d’une expérience douloureuse, il y a tout un programme qui se met en place de sabotage, d’abnégation, de sous-évaluation, de non-amour de soi… Même si notre ego tente de nous persuader que nous sommes le plus intelligent, le plus beau, le plus performant. Et surtout s’il tente de nous en persuader, c’est pour cacher quelle détresse ?
Quelles sont ces circonstances de vie où nous refusons de lâcher prise ?
L’activation d’une blessure, le refus de mouvement, la rétraction de l’énergie.

La conscience de soi nourrit la confiance en soi. Il nous appartient de démystifier la souffrance pour libérer, accueillir et faire grandir cette confiance, la sentir encore plus palpable en soi. Le non-amour de soi, le manque de valeur et d’estime font que nous nous sentons de plus en plus abandonné par la vie. De ce fait nous cherchons davantage de sécurité, de reconnaissance, de pouvoir. Ce qui conduit inévitablement à se blesser encore davantage.

Notre humanité a banalisé l’état de victime et le «consensus social » en joue à notre dépend en actionnant tous les leviers de la peur. Aussi longtemps que nous nous positionnons comme victime de l’autre, de la vie, nous ne pouvons bénéficier du potentiel d’énergie et de conscience à notre disposition. A partir du moment où nous avons créé le petit moi et toutes ces identifications, nous ne vivons plus à partir de notre conscience profonde. Nous fonctionnons à partir d’une conscience de surface qui est une adaptation à notre conditionnement, à notre éducation et toutes les peurs, les appréhensions, les jugements que ceux-ci véhiculent. Ce sont alors nos pensées qui nous disent qui nous sommes, qui nous croyons devoir devenir. Elles élaborent des scénarios sur les autres, sur le monde, souvent fort différents de la réalité. L’être s’est confondu avec le personnage, occultant sa véritable essence… !

Le chemin d’éveil passe, de façon incontournable, par la découverte permanente de ce qui empêche d’Être. La somme des attachements, des attentes, des désirs, des besoins amoindrissent considérablement le sentiment d’Être et de vivre à partir d’une conscience profonde. Un certain nombre d’individus peuvent néanmoins sembler manifester une grande confiance en eux à laquelle s’ajoute force de conviction et charisme mais dont les fondements se trouvent encore dans un système de croyances. Si, de la perspective de l’Être, la peur ne fait que servir l’illusion, sur le plan de la manifestation physique elle n’en constitue pas moins une réelle entrave, générant beaucoup de souffrance.

Mes peurs, mes pensées, ne sont certes pas qui Je Suis ; elles sont pourtant mes créations et il m’appartient de les réintégrer, de les transmuter à la lumière de cet espace de conscience plus vaste et inclusif. Nous ne pouvons retrancher une partie de ce qui nous constitue. La lumière doit faire corps avec la densité. S’éveiller à qui nous sommes, c’est l’expérience d’une profonde réunification en soi. C’est à partir d’une conscience ancrée dans le moment présent que nous apprenons à apprivoiser ce qui nous fait peur. Il n’existe pas de technique ou de méthode miraculeuse. La seule pratique à laquelle se conformer est celle qui nous éveille à une aptitude à revenir au présent, encore et encore… !

C’est une sorte de gymnastique spirituelle qui demande entraînement et persévérance, le mental humain étant très mal adapté au moment présent. C’est faire le choix de cultiver cet art d’exercer sa conscience dans l’ici et maintenant afin d’intégrer sur un plan supérieur les pensées, les émotions et les sensations qui véhiculent les peurs, les attentes, et les frustrations. En d’autres mots : l’intégration du moi limité dans le soi illimité.

Excepté, en situation de danger immédiat, la peur – petite ou grande – n’a ni fondement, ni réalité objective dans l’instant présent.

Il s’agit le plus souvent d’une projection dans le futur en référence à un conditionnement passé tout en « zappant » le présent. Or, si une difficulté surgit dans le moment présent, il y a de grandes probabilités d’y trouver une résolution. Il n’y a cependant aucun pouvoir d’intervention au regard d’un événement passé si ce n’est que rajouter de la culpabilité ou renforcer le sentiment d’être victime. Et c’est la même chose quant aux peurs que nous projetons dans le futur. Elles procurent un sentiment d’impuissance et pompent nos ressources énergétiques. Lorsque nous luttons contre une peur ou tentons de la nier, elle prend tout l’espace, générant de plus en plus de stress, d’anxiété, d’angoisse. Si nous l’observons à partir d’un espace plus profond et de la sensation du corps dans l’instant présent, son intensité, son impact s’amenuise.
La charge émotionnelle qu’elle contient se dissout peu à peu libérant une grande quantité d’énergie jusque là prise au piège de cet état de fixation. La peur peut pourtant se représenter une fois, dix fois… Ce sera alors autant d’opportunités de l’apprivoiser et d’affiner cette aptitude à être de mieux en mieux lesté dans le moment présent, dans le Soi.

En terme métaphorique, la gymnastique spirituelle évoquée plus haut, va permettre de « muscler » la conscience-témoin afin que celle-ci prenne de plus en plus de place. Il est question d’une acuité sensorielle qui donne à voir, à sentir avec clarté les dynamiques dans lesquelles nous sommes à tous moments et les voir à partir d’une certaine distance ; avec empathie et bienveillance. La « Présence » convoque « l’ouverture » ; une ouverture totale envers toute expérience que nous rencontrons !

Puissions-nous cultiver une joyeuse vigilance au quotidien et faire le choix résolu de se resituer dans un ordre intérieur, dans une intégrité à tous niveaux, dans la clarté et le discernement… En sachant refuser la compromission, la manipulation et toute forme d’illusion, même si celle-ci est porteuse de belles promesses, comme la sécurité, par exemple. Nous sommes créateurs de notre propre vie mais notre engagement envers nous-mêmes ainsi que notre persévérance à oser nous hisser au-delà des conditionnements et des habitudes mentales sont souvent bien défaillants.

En chacun sommeille un être libre de tout jugement, de toute pulsion réactive et doté d’une grande capacité à ressentir, à s’émerveiller, à aimer, à compatir !.. Un être capable de se tenir là, dans le moment présent, et d’embrasser tout ce qu’il contient : une peur, une émotion ; sans tentative de fuite, de déni. Sans complaisance et sans compromis non plus. L’époque nous engage à inviter une conscience plus profonde à façonner notre humanité.

Article écrit par Sylvia Garance paru dans la revue le 3e millénaire


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