Les diverses expériences de la vie peuvent être toutes vues sous la forme d'un lâcher-prise des attachements, et donc d'une dissolution du moi.
Sous ce terme, l'on entend la perte, partielle ou totale, du sens de l'identité séparée, de tout ce qui fait que je m'appelle "moi" et me désigne par mon corps et ma personnalité.
Si cette identité est remise en cause et que cette croyance est ébranlée, ce n'est pas pour laisser place à un vide abscons, mais inviter un éveil à une plénitude de conscience, impersonnelle dans sa nature et omni-présente dans sa permanence.
Toutes les contrariétés sont des opportunités d'abandonner le désir que les choses soient différentes de ce qu'elles sont. Il ne s'agit pas ici d'une résignation, mais d'une intelligence nouvelle, qui n'entre pas en conflit avec la réalité de ce qui est, mais l'épouse et fusionne avec elle. Lorsqu'une situation est pleinement acceptée, le "je-conscience", immuable connaisseur du monde, s'affirme comme détaché de cette situation, qui est contenue en lui, mais n'est pas lui.
Telle la goutte de rosée qui n'affecte pas la feuille qui la supporte, le "je-conscience" est toujours libre des manifestations qui émergent et disparaissent en lui, n'étant rien en soi, mais tout en vérité.
Ce mélange, apparemment incompatible, du rien de l'absence du moi et du tout de la présence du Soi peut être vécu à chaque instant, dès lors que les attentes et projections diverses créées par le mental se résorbent dans la silencieuse attention qui les contient.
Accueillons donc cette possibilité de disparaître dans la transparence de la conscience, et de s'établir dans la joie qui lui est propre; une joie qui n'est plus soumise aux va-et-vient des circonstances, mais s'enracine dans la plénitude de l'être.
Jean-Marc Mantel
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