Christine Hardy est Dr es sciences humaines et ethnologue. Elle fait ici le point d’une longue recherche qu’elle continua bien après la rédaction de cet article (1982). Nous comprenons mieux que le monde de l’imaginaire n’est pas aussi abstrait qu’on le croit généralement. Il est seulement hors de portée de la plupart d’entre nous. Mais à qui la faute? A nous-même bien sûr.
AVONS-NOUS clairement conscience que ce que nous nommons intuition contient en germe un ensemble de facultés très précises de notre mental, qui s’ouvrent sur le domaine de la supraconscience ?
Nous pouvons en effet découvrir qu’il se cache sous ce terme vague et général d’intuition bien plus qu’un don de la sensibilité que l’on dit être l’apanage des artistes et des chercheurs.
Si nous prenons simplement en considération les nombreux cas où l’émergence de cette faculté s’est soldée par de grandes découvertes scientifiques, nous réalisons que l’on ne peut réduire l’intuition à une simple coordination inconsciente d’éléments d’informations qui préexisteraient dans le cerveau conscient du scientifique.
Marilyn Ferguson, dans son livre: «La Révolution du cerveau», rapporte: «Einstein lui-même a dit un jour que sa première intuition de la théorie de la relativité, il l’avait eue par une sensation physique ineffable, plutôt que par le jeu des idées. Il a senti la relativité avant de l’avoir intellectuellement comprise.» Cet exemple, dira-t-on, n’est cependant pas probant car, même la conclusion d’un développement logique peut se révéler tellement stupéfiante que le penseur en ressente une sorte d’exaltation mêlée de joie. Cependant, lorsque nous plaçons le siège de cette déduction logique dans l’inconscient et que nous pensons que la solution émerge spontanément à notre conscience, nous ne faisons que repousser le problème de l’intuition dans un domaine encore plus ignoré et plus vaste: l’inconscient.
Si nous regardons de plus près les moteurs de nos actions quotidiennes, nous nous apercevons que très peu de nos décisions sont prises sur une base totalement logique; et ceci pour la simple raison que le vécu contient une part non négligeable de facteurs inconnus ou aléatoires. Toute décision contient en soi une telle implication psychologique, tant sur notre vie sentimentale, que sur l’environnement humain, que déjà l’affectivité s’y trouve mêlée. Si nous mettons de côté l’énorme proportion d’actions qui sont accomplies en vertu de contraintes et d’obligations, et une autre grande part de nos actes qui se résout à des comportements affectifs ou instinctifs, nous serons quand même étonnés de réaliser l’ampleur de cette marge dans laquelle une certaine intuition a joué.
Nous pouvons juger rétrospectivement d’après les événements qui en ont découlé, à quel point tel choix qui semblait sur le moment purement aléatoire s’est révélé par la suite judicieux et fécond.
Ainsi, il se produit parfois de tels enchaînements de «hasards» que l’on est obligé de se rendre compte que quelque chose de plus que le hasard est intervenu.
Nous avons parfois une reconnaissance spontanée de l’intuition ou d’une faculté inconnue à l’œuvre dans notre destin lorsque nous nous écrions paradoxalement : «Quel hasard incroyable!» ou encore: «Quelle chance inouïe!»
Une récente étude sur les industriels américains «qui ont réussi» a montré que la grande majorité de leurs décisions étaient fondées sur l’intuition.
Il suffit de se pencher un tant soit peu sur ce que sous-tendent certaines de nos intuitions pour réaliser que nous n’étions pas en possession des informations nécessaires pour prendre une telle décision ou pour imaginer tel événement, tout au moins consciemment. Mais cette réalisation est un choc, car si notre inconscient possède des informations que notre conscient n’a pas, on est en droit de se poser quelques questions judicieuses sur cet «inconscient».
La réduction lapidaire d’un événement dérangeant pour notre raison à une formule du genre «cela se passe dans l’inconscient» ou «je le savais inconsciemment», fait de l’inconscient une sorte de chaos tabou d’où tout peut «normalement» surgir, et les phénomènes «anormaux» sont ainsi tout naturellement normalisés. Cela ne nous rappelle-t-il rien? Si… Avant, tous ces phénomènes venaient ou de Dieu ou du diable… selon la couleur de l’habit. Eh bien maintenant, ils naissent de l’inconscient!
L’Intuition : Évidence d’un réseau subconscient d’échange d’informations entre les êtres vivants
Malgré cette pointe d’humour que je n’ai pu m’empêcher de faire, il faut reconnaître que nous avons déplacé la conscience des potentialités infinies de la vie d’un agent extérieur à une inconnue surgissant de l’intérieur même de l’être. L’être humain devient ainsi en lui-même chargé de ce potentiel infini; et quand, de plus, nous réalisons que cette vastitude intérieure s’ouvre sur des relations entre les êtres (ce dont Jung a fait état en invoquant le concept d’inconscient collectif), et que nous sommes sur le point d’y découvrir des interactions encore plus significatives avec non seulement tous les règnes de la nature, mais aussi, à une autre octave, avec le cosmos entier, alors nous avons là l’émergence d’une compréhension «théorique» de cet arcane alchimique de l’être: l’être est dans le cosmos, et le cosmos est dans l’être; «Ce qui est en bas est comme ce qui est en haut, et ce qui est en haut est comme ce qui est en bas», selon la Table d’Émeraude.
La formulation théorique de ce double déploiement intérieur et extérieur de l’univers, du cosmos surgissant de l’infiniment petit, a déjà été accomplie en physique et en biologie. La théorie des systèmes en donne la base générique en posant l’interaction fondamentale de tous les composants d’un système, ce qui s’exprime par le fait que lorsqu’un des facteurs varie, le système entier est modifié. L’hologramme en donne l’agencement le plus significatif en révélant que toute parcelle d’un système contient les informations du système entier.
Ainsi, en psychologie, le concept d’inconscient collectif posait la première pierre de cette perméabilité intérieure de l’homme à tous les autres humains sur le plan psychique. Mais il reste à percevoir la perméabilité de tout être à tous les autres êtres de l’univers, et ceci à tous les niveaux de l’être: que ce soit biologique, physique, mais aussi psychique, mental et spirituel.
Nous en avons un exemple flagrant dans les récentes interactions prouvées entre les plantes et l’homme, aux niveaux psychique et mental, ainsi qu’entre les plantes et les animaux. Les expériences de Backster, qui lui ont permis d’enregistrer la réaction d’une plante à la pensée de l’homme et aussi à la mort aléatoire de crevettes, ont démontré de façon indiscutable une des facettes de cette interaction fondamentale entre tous les règnes.
Nous sommes donc au seuil de découvertes essentielles dans ce domaine, sur les plans psychiques et mentaux.
Les échanges d’informations instinctifs
A un niveau très simple de la vie naturelle, nous avons mille exemples d’une faculté chez les animaux qui leur permet d’être prévenus d’un danger possible. Nous avons rangé cette faculté dans la catégorie de l’instinct, et en effet elle semble fondamentalement déterminée par l’instinct de survie. Cependant, on peut là aussi se poser quelques questions sur son mode de fonctionnement.
Prenons des exemples précis:
Les animaux savent à l’avance lorsqu’un tremblement de terre va avoir lieu et émigrent, s’ils sont en liberté, hors de la zone dangereuse bien avant les premiers signes enregistrables sur sismographe.
Tous les paysans ont pu remarquer une différence entre la réaction d’une bête que l’on sélectionne hors du troupeau pour la marquer, la soigner ou la vendre, et celle d’une bête capturée de la même manière en vue d’être tuée; l’animal sent qu’il va mourir.
Marilyn Ferguson rappelle que «trois fois en France et six fois aux Etats-Unis, des scientifiques ont administré la preuve, en ne laissant au hasard qu’une chance sur mille, que des gerboises et des souris pouvaient prévoir dans quelle moitié d’une boîte aurait lieu une décharge électrique, bien que le côté où la décharge avait lieu ait été désigné au hasard, à partir de désintégrations radioactives».
Backster découvrit un jour «par hasard», en laissant ses électrodes branchées, que des plantes pouvaient réagir violemment au fait qu’il détruise la vie d’un œuf en le cassant. Il poursuivit dès lors ses expériences en incluant, outre celles des plantes, les réactions de cellules, d’amibes, de fruits frais et de légumes: «Nous constatons chez tous ces organismes les mêmes capacités que chez les végétaux», conclut-il. Backster nomma cette faculté d’échange d’informations avec l’environnement «la perception primaire». Il en vint à supposer que «les cinq sens chez les êtres humains constitueraient un facteur limitatif recouvrant une sorte de perception primaire, éventuellement commune à toute vie».
Ainsi, que ce soit dans la vie naturelle des animaux ou des plantes, ou dans les nouvelles expériences effectuées en laboratoire, a-t-on l’évidence d’une sorte de préconnaissance intuitive ou encore d’information subconsciente dans les règnes animal et végétal.
Dans le règne humain nous retrouvons la même faculté, mais chose étonnante au premier abord, elle semble, là aussi, être fondamentalement en relation avec l’instinct de survie. Ainsi l’intuition maternelle déclenche immédiatement un signal d’alarme lorsque le bébé ou l’enfant est en danger ou en état de besoin, et ceci, quelle que soit la distance. Par contre, la mère ne montrera normalement aucune intuition à distance d’un événement essentiel du développement de l’enfant, par exemple du fait qu’il vient d’avoir l’idée, seul, de marcher à quatre pattes; tant qu’une notion de «danger» immédiat n’est pas en cause, aucune intuition spontanée ne vient à son seuil de conscience (cela, dans la généralité des cas, bien entendu).
De la même façon, les peuples vivant encore dans un environnement potentiellement dangereux (forêt, désert, glaces polaires etc.) ont encore cette faculté instinctive remarquablement développée.
Ainsi est-on obligé d’en déduire que cet échange d’informations subconscient, à un niveau premier, se développe en fonction de l’instinct de survie, et l’on remarque qu’il est de ce fait relativement en veilleuse dans les sociétés industrielles qui ne provoquent que très rarement des pressions au niveau de la survie. Par contre, on verra à nouveau «l’intuition» fonctionner efficacement dès que l’individu se trouvera en situation de crise, que ce soit par la guerre, l’exploration de contrées dangereuses etc., c’est-à-dire dans toute situation qui met sa survie en danger.
Nous en arrivons à ce point aux constatations extrêmement intéressantes des physiologues et neurologistes américains qui ont émis l’hypothèse que le cerveau, au niveau de l’inconscient, assumerait une fonction de filtrage des informations vers le conscient, privilégiant celles qui sont nécessaires à la survie. Ce genre d’informations subconscientes, n’étant plus décisives pour la survie dans nos sociétés industrielles, auraient donc plus ou moins été oblitérées de la conscience.
Norman Dixon, de l’University Collège de Londres, pense que deux systèmes de perception coexistent dans le cerveau des mammifères et qu’ils peuvent fonctionner indépendamment l’un de l’autre. Le premier permettrait d’élaborer des expériences conscientes indépendamment de l’environnement, et le second de classifier et de répondre à des informations des sens sans que ce processus ait besoin de passer par le conscient. Ainsi Dixon émet l’hypothèse que ce double système de perception serait une nécessité de survie, dans la mesure où, le conscient étant un système à capacité limitée, le cerveau aurait tout intérêt à prendre en charge la résolution de certaines données à un niveau subconscient et de filtrer ainsi les informations atteignant le conscient. Dans les expériences qu’il mena sur la perception, «les électroencéphalogrammes montraient une activation avant que les sujets n’aient signalé une perception consciente», ce qui laissait entendre qu’au niveau subliminal il y avait eu détection et choix de l’information avant que celle-ci n’atteigne la conscience.
Cette hypothèse d’un filtrage des informations vers le conscient semble s’ajuster parfaitement à plusieurs faits déjà connus du fonctionnement conscient/inconscient. Tout d’abord, s’il n’y avait pas un certain filtrage de l’information, il ne pourrait exister d’informations subconscientes autonomes du conscient, c’est-à-dire révélant des connaissances différentes de celles du conscient; l’inconscient, en soi, n’existerait donc pas. Ensuite, si nous analysons le fonctionnement d’une faculté telle que la mémoire, nous savons pertinemment, au niveau de l’expérience journalière, que la mémoire consciente, ayant elle aussi une capacité limitée, détermine une sélection des informations intéressant particulièrement le sujet, mais, par contre, une hypnose révélera que ce n’était qu’une partie de ce que le sujet a inconsciemment mémorisé. Prenons un autre exemple dans la perception, nous remarquons que, face à un groupe de gens ou à un paysage, nous focalisons notre perception consciente sur plusieurs points précis qui sont d’importance majeure pour nous, et ceci au détriment des informations inutiles.
Ainsi, si nous retenons l’hypothèse du filtrage déterminé à la fois par des motifs de survie et aussi par les zones d’intérêts primordiaux de l’être (affectivité, mental, relation au monde), il devient alors aisé de penser que ce filtre peut être volontairement modifié si nous parvenons à envoyer l’ordre à notre inconscient que tel type d’informations est maintenant d’un intérêt primordial; car, bien sûr, l’hypnose et différentes techniques d’apprentissage mental ont prouvé depuis longtemps qu’il y avait aussi un passage d’informations et d’ordres possibles du conscient vers le subconscient.
Nous avons là la résolution d’un certain problème qui surgit dans notre société face aux expériences dites «paranormales»: certaines personnes nient résolument la possibilité de telles facultés en évoquant la raison qu’elles n’en ont jamais fait l’expérience et que lorsqu’elles auront expérimenté elles-mêmes, elles y croiront… Mais on comprend le cercle vicieux: pour avoir de telles facultés, il faut avoir opéré un changement volontaire du filtre inconscient, et pour envoyer cet ordre au système de filtrage, il faut avoir reconnu l’intérêt primordial pour l’être d’informations de cette teneur. Les expériences spontanées en ce domaine ne sont pas rares chez des personnes à l’esprit ouvert, mais elles sont par contre impossibles pour ceux qui maintiennent résolument que «cela ne peut pas exister», puisque cette assomption renforce la puissance du filtre en ce domaine.
L’intuition comme accès à une plus grande conscience
Ainsi, pour en revenir à ce terme général d’intuition, nous pouvons découvrir qu’il révèle une facette de cet échange constant d’informations subconscient entre l’être humain et son environnement. L’intuition semble donc être la charnière où ce passage incessant d’informations, résidant le plus souvent dans les couches subliminales de l’être, émerge à la conscience diffuse. C’est pourquoi elle a une nature double: d’une part elle reflète les échanges d’informations entre les cellules et l’environnement, et entre cellules elles-mêmes, ceci aux niveaux biologique et physique; et d’autre part elle révèle ces mêmes échanges subconscients aux niveaux psychique et mental.
Nous pouvons ainsi saisir l’intuition dans sa fonction de révélateur d’informations inconscientes, et, de ce fait même, nous pouvons attendre d’elle qu’elle s’ouvre tout naturellement sur toute une gamme de fonctions informatives spécifiques telles que précognition, télépathie et clairvoyance, ces fonctions surgissant de l’arrachement forcené de ce réseau de relations à la subconscience pour le rendre pleinement conscient.
Analysons différentes formes d’émergence de ce deuxième aspect de l’intuition, selon la nature des informations révélées et nous pourrons clairement mettre au jour ce processus.
Prémonition: Nous avons tous à un moment de notre vie soit vécu nous-mêmes, soit entendu raconter par un ami de confiance, l’expérience d’une prémonition agissant dans le sens d’éviter un accident grave. Le cas le plus fréquent en est le refus soudain sous le coup d’une «mauvaise impression», de prendre un avion ou un bus, et cela sans raison logique, alors que le véhicule sera par la suite l’objet d’un drame. La personne qui raconte ce qu’il lui est arrivé ajoute souvent: «Je ne devais pas mourir!», dévoilant par ces mots une profonde certitude du destin enracinée dans l’inconscient. L’intuition, dans ce cas, a donc fonctionné comme une véritable prescience du futur.
Nous ne pouvons pas analyser extensivement, dans le cadre de cet article, les implications que l’existence de la prémonition fait naître, en ce qui concerne un futur pré-déterminé. Disons simplement que l’on peut admettre la possibilité de plusieurs développements du futur pour une personne, c’est-à-dire de plusieurs chaînes divergentes de causes et d’effets dont la sélection repose sur un libre choix à des moments critiques. Cette hypothèse de plusieurs futurs possibles n’entame en rien la possibilité de prévoir le futur (comme sélection de la chaîne la plus probable), mais explique par contre la marge d’erreur et le pourcentage de prévention de certains événements.
Autres exemples:
— Nous nous méfions de quelqu’un alors que sa «trahison» n’arrivera que des années plus tard.
— Combien de gens peuvent nous raconter qu’avant de trouver la mort à la guerre, tel jeune homme avait laissé entendre à ses compagnons qu’il n’en reviendrait pas.
Ainsi, nous pouvons reconnaître qu’une des formes de l’intuition recèle une part de prescience, mais, contrairement à la faculté maîtrisée de prémonition, l’intuition reste dans la frange incertaine entre l’inconscient et le conscient.
Télépathie: Je crois que si chacun d’entre nous recherchait, ne serait-ce que quelques minutes, des «coïncidences inexpliquées» dans sa vie quotidienne, plusieurs exemples nous viendraient immédiatement à l’esprit :
— Lorsque j’eus mon ami X au téléphone, il me dit avoir essayé de m’appeler juste avant ou en avoir eu le désir.
— Combien de fois commençons-nous une phrase pour nous entendre dire: «J’allais justement en parler!»
— Nous parlons soudainement d’un ami que nous n’avons pas vu depuis longtemps: «Je pensais justement à lui», nous rétorque-t-on.
Ces intuitions reflètent une télépathie inconsciente qui semble exister dans cette forme latente chez la plupart des humains. En général, plus les êtres ont d’intimité entre eux, et plus cette faculté émergera spontanément. Ce que l’on appelle les «atomes crochus» pourraient bien se révéler être des passages d’informations entre les atomes des personnes, par une loi de résonance ou d’harmonie. C’est donc dans les couples ou parmi les grands amis que l’on trouvera le maximum de ces «hasards».
Clairvoyance: Quant à l’intuition «clairvoyante», elle nous permet de discerner des événements à distance, de ressentir les êtres intérieurement ou la structure interne des situations.
Il y a cette intuition dite «féminine» qui est une finesse de perception ou d’analyse: Nous «sentons» que tel être va réussir ou non son examen. Nous pressentons l’aboutissement d’une démarche ou la fin d’une relation. En voyant une personne pour la première fois, nous «savons» qu’elle va devenir une amie ou ennemie.
Dans tous ces exemples, la délimitation entre clairvoyance, prémonition ou télépathie est difficile à instaurer. Peut-être parfois est-ce un concours de plusieurs facultés qui nous donne telle «impression» générale de la situation.
Notons encore un exemple très important de l’intuition clairvoyante: la capacité de savoir soudain comment se guérir soi-même. Les animaux ont cet «instinct» pleinement développé. N’est-ce pas en observant les animaux se frotter contre l’écorce de certains arbres que l’on découvrit la pénicilline? Une histoire merveilleuse nous est contée par Pierre Derlon sur la façon dont les gitans recherchent cette argile aux propriétés curatives qu’ils nomment «la terre du renard»: «C’était toujours à partir de la piste d’un animal blessé que le tzigane découvrait le gisement de glaise, parfois même de tourbe, de terre arable, que celui-ci, guidé par son instinct, utilisait comme antiseptique cicatrisant.»
C’est ainsi que nous avons aussi parfois le «flair» de la plante qui va nous guérir ou de la nourriture que notre corps demande.
Une nouvelle émergence
Paradoxalement, c’est justement dans les milieux urbains les plus sophistiqués qu’un nouveau type d’émergence de ces facultés cognitives semble prendre place. Personne ne peut nier les multiples «signes» de son approche. Ne riait-on pas encore de tels sujets il y a à peine dix ans? Actuellement, si nous parlons autour de nous, nous découvrons avec étonnement qu’il est rare qu’une personne n’ait pas vécu au moins une expérience paranormale dans sa vie, quelle qu’en soit la teneur. Cette expérience, même unique, semble généralement être d’une importance majeure pour le sujet. Ne parlons pas de l’entrée dans la nouvelle ère du Verseau puisque, bien évidemment, c’en est la marque la plus significative.
Si nous mettons de côté, dans cet article, les facteurs cosmiques très certainement décisifs mais difficiles à analyser à ce niveau, quels sont donc les facteurs qui, sur terre, concourent à cette nouvelle émergence?
Si nous prenons l’ensemble des pays comme un système, nous nous apercevons que le réseau mondial de télécommunications crée au niveau de la planète une capacité d’échange d’informations d’une ampleur jusqu’à présent impensable. Sur le plan culturel, l’accès aux différentes cosmologies et systèmes d’explication du monde nous permet de trouver la référence de tel concept dans n’importe quelle culture. L’ampleur de ce mouvement, reposant sur le travail de milliers de chercheurs autonomes, et pourtant tous guidés par le même doigt de l’époque, a créé la plus grande banque d’informations de l’histoire connue. Ce fait engendre dans le mental la capacité de «faire glisser» les concepts d’un système d’analyse à un autre, non seulement entre les différentes cultures mais aussi entre les diverses voies de connaissance dans notre propre culture, par exemple entre la physique et la biologie, ou entre la science et l’ésotérisme.
Ainsi, la connaissance n’est plus vécue comme un système fermé, mais comme des «interrelations cognitives». Tout passage d’informations suppose un échange d’énergie et vice versa. C’est pourquoi le réseau de télécommunications crée, de lui-même, un réseau d’interactions énergétiques. Mais le «vice versa» est aussi significatif: Tout échange d’énergie suppose un passage d’informations, cela veut dire que l’utilisation de nouvelles énergies au niveau planétaire (ne serait-ce que les ondes radio, TV et électriques du réseau d’information, mais aussi l’énergie atomique et les énergies de pointe) provoque chaque fois un échange d’informations d’un nouveau type dans l’humanité. Ainsi les passages du feu au charbon, du charbon à l’électricité, puis à l’énergie atomique, ont pour conséquences directes la mise en place de nouvelles structures relationnelles sur les plans psychiques et mentaux.
Dès lors, de quelle nature peut être cette nouvelle émergence de «facultés cognitives», puisque à cette étape, elle n’est plus directement reliée à la nature et à l’instinct de survie immédiat? Peut-elle se dégager de l’environnement local (puisque la survie de l’homme est maintenant liée au réseau économique mondial) pour se développer «en réseau», donnant naissance à une télépathie à l’échelle planétaire?
Serait-il possible, lorsque nous avons mis en place ce réseau conscient de télécommunications, que nous ayons fait passer un seuil aux «échanges d’informations subconscients» (l’inconscient collectif), et que la saturation de ce réseau d’échanges (l’excitation en terme quantique) crée une émergence de télépathie consciente dans toutes les entités humaines?
Puisque nous ressentons tous, à quelque niveau de référence (qu’il soit scientifique, écologique, spirituel, économique ou simplement individuel) l’imminence d’un «seuil» à passer pour l’humanité et pour l’individu, peut-être ce réseau d’échange télépathique en est-il le premier fruit au berceau de la nouvelle ère.
Christine Hardy
Biographie de Christine Hardy
Docteur en psycho-ethnologie, Christine Hardy mène depuis plus de 20 ans des recherches sur la conscience et les potentiels mentaux, en sciences cognitives, parapsychologie, théorie des systèmes et théorie du chaos. Elle a publié une cinquantaine d’articles et de papiers et présente ses recherches théoriques dans les congrès internationaux. Elle a été chercheur aux Psychophysical Research Laboratories de Princeton, USA ; puis a co-fondé, et présidé une dizaine d'années, Interface Psi, une association de recherche sur les potentiels humains latents. Voyageuse infatigable, elle a exploré « par immersion » de multiples cultures en Inde, Afrique, Asie, Amérique Latine. Ses recherches actuelles portent sur l'intelligence et la conscience collectives.
Bibliographie
La Pensée agissante (Editions du Dauphin, 2002)
La science et les états frontières (Rocher, 1988)
Le vécu de la transe (Dauphin, 1995)
Networks of Meaning (Greenwood Press, 1998)
La rationalité de l'irrationnel (InterEditions, 1997)
La prédiction de Jung : la métamorphose de la Terre (2012)
http://www.revue3emillenaire.com/blog/l%e2%80%99intuition-de-l%e2%80%99instinct-a-la-supraconscience-par-christine-hardy
1 commentaire:
Je suis toujours émerveillée par ces êtres qui ont un potentiel pour nous faire voyager sur leur beau navire rempli de connaissances.
Un grand merci.
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