dimanche 22 février 2015

"LA RESPIRATION HOLOTROPIQUE"

 

Résumé : Le Dr Grof, psychiatre et érudit, chercheur mondialement reconnu pour ses travaux innovateurs sur la conscience humaine et les états non-ordinaires de conscience, a créé cette méthode d'auto-exploration à partir du chamanisme traditionnel et de ses propres découvertes.
La technique combine d'une manière particulière une respiration profonde avec des musiques spécifiques et un travail corporel si nécessaire. En élevant puissamment les niveaux d'énergie physique et psychique, elle peut nous mener d'une manière immédiate et avec une grande justesse au cœur de nous-mêmes, et nous permettre de vivre des expériences particulièrement transformatrices et libératrices au niveau physique, émotionnel, affectif, et spirituel.

Cette technique simple, ne nécessitant aucune compétence particulière, ne permettant aucune intrusion d'autrui dans une expérience qui est strictement personnelle, développe la conscience de soi, la conscience du monde et de ses réalités, à leur plus haut niveau. Elle repose sur une confiance absolue dans le potentiel de guérison contenu dans notre propre psychisme, sorte de " guérisseur intérieur " à la sagesse infinie qui mène chaque individu vers son être profond.


La Respiration Holotropique de Stan Grof,
Ecole de la Confiance et du Lâcher-prise…


Au début des années 80 , Stanislav Grof, psychiatre, chercheur et érudit, mondialement reconnu pour ses travaux innovateurs sur la conscience humaine et les états non-ordinaires de conscience, mit au point avec son épouse Christina une approche de la psychothérapie et de l'auto-exploration qu'ils nommèrent " Holotropic Breathwork™". En France, on parle de " Respiration Holotropique "(RH).
La RH, qui intègre certains éléments du chamanisme, ainsi que divers aspects des traditions spirituelles et de la psychologie des profondeurs, donne accès très naturellement à des états modifiés de conscience particuliers, que Grof nomme " holotropiques " du fait qu'ils nous permettent d'accéder à une connaissance beaucoup plus complète de la réalité, donc de nous-mêmes et du monde, et qu'ils favorisent grandement l'accès à la paix intérieure et à la complétude. (Cf. articles ). Le mot " holotropique " est issu de racines grecques :
holos signifie totalité, ensemble, et trepeïn, qui se dirige vers.

Cette méthode d'exploration de soi associe d'une manière particulière une respiration profonde avec des musiques spécifiques et un travail corporel. Simple et efficace, elle a depuis vingt ans fait ses preuves dans le monde entier. De fait, en élevant puissamment les niveaux d'énergie physique et psychique, la respiration peut nous mener d'une manière immédiate et avec une grande justesse au cœur de nous-mêmes, et nous permettre de vivre des expériences particulièrement transformatrices et libératrices au niveau physique, émotionnel, affectif, et spirituel.


Nouvelles Perspectives pour la Psychothérapie et l'Auto-exploration

La RH ne nous révèle pas seulement les sources périnatales et transpersonnelles de nos troubles émotionnels et psychosomatiques, sources qui restent généralement inaccessibles aux thérapies verbales de type psychanalytique. Elle nous donne également l'accès à de nouveaux mécanismes de guérison très efficaces sur les niveaux les plus profonds de la psyché.
Dans un état de conscience modifié par la respiration, tout se passe comme s'il y avait activation d'une sorte de " radar intérieur", qui sélectionne et fait automatiquement émerger les contenus inconscients ayant la plus forte charge émotionnelle, et étant les plus aptes à être " traités " maintenant. Puis, en favorisant une décharge énergétique parfois considérable, la RH permet vraiment de revisiter d'une manière extraordinairement authentique des événements irrésolus et non intégrés de notre passé, et ce " revécu " peut aboutir à la compréhension, à l'intégration, et à la guérison du traumatisme initial.


Où chercher l'inspiration…

Dans sa recherche d'une méthode efficace permettant d'utiliser au mieux le potentiel de guérison du souffle, Stan Grof est arrivé à la conclusion qu'il était simplement suffisant de respirer plus vite et plus efficacement que d'habitude, en se concentrant sur le processus intérieur.
Au lieu d'insister sur une technique précise de respiration, comme c'est le cas avec la technique du rebirth, nous suivons, même dans ce domaine, la stratégie générale du travail holotropique, qui consiste avant toute chose à faire confiance à la sagesse intrinsèque du corps et à suivre les indications provenant de notre monde intérieur. Nous encourageons donc les gens à commencer la séance avec une respiration plus rapide et approfondie. Puis, une fois dans le processus, ils trouvent leur propre rythme et leur propre manière de respirer.
Maintes fois, nous avons pu observer, comme Reich et Grof, que les résistances et les défenses psychologiques sont associées à un blocage respiratoire, et observer aussi que l'augmentation volontaire de la fréquence respiratoire conduit habituellement à un relâchement de ces défenses, mène à une libération, et favorise l'émergence de matériaux inconscients (et supraconscients).
Bien évidemment, à moins que l'on ait pu observer ou expérimenter soi-même ce processus, il est difficile de croire à la puissance et à l'efficacité incroyables de ce travail uniquement sur des bases théoriques.


Le Potentiel Curatif de la Musique

Dans la Thérapie Holotropique, l'effet de modification de la conscience par la respiration est potentialisé par des musiques évocatrices. Comme la respiration, la musique fut utilisée pendant des millénaires comme outil essentiel des rituels et pratiques spirituelles. Les archives anthropologiques de différentes cultures contiennent d'innombrables exemples de méthodes inductrices de transe d'une puissance extraordinaire, combinant musique instrumentale, chants et danses.
Les musiques - soigneusement sélectionnées - peuvent avoir différentes fonctions importantes. Elles peuvent mobiliser des émotions associées à des souvenirs enfouis dans l'inconscient, les amener à la surface, et faciliter leur expression. Elles peuvent aider à ouvrir les portes de l'inconscient, intensifier et approfondir le processus thérapeutique, et également fournir un contexte significatif à l'expérience. Le flot continu de musique crée une vague porteuse qui aide le sujet à se mouvoir à travers des expériences difficiles - voire certaines impasses -, et à surmonter ses défenses psychologiques, à s'abandonner, et à lâcher-prise.


Un Travail Corporel Original

Les tensions que nous portons dans notre corps peuvent être libérées de deux manières différentes. La première correspond à une catharsis : décharges d'énergies physiques refoulées (tremblements, crispations, mouvements corporels spectaculaires, toux,vomissements), ainsi que libération d'émotions bloquées (pleurs, cris, ou autres types d'expression vocale). Dans le second mécanisme, qui semble plus intéressant et plus efficace, les tensions profondes font surface sous forme de contractions musculaires transitoires d'une durée variable. En maintenant ces contractions pendant de longs moments, l'organisme consomme d'énormes quantités d'énergie auparavant refoulées, et simplifie son propre fonctionnement en se débarrassant de celles-ci. La relaxation profonde qui suit habituellement cette intensification temporaire des anciennes tensions, témoigne de la nature curative de ce processus.

Dans de nombreux cas, les émotions difficiles et les manifestations physiques qui émergent de l'inconscient durant les séances se résolvent automatiquement, et les " respirants " finissent leur séance dans un état de relaxation profonde. Si ce n'est pas le cas, les accompagnateurs offrent aux participants une forme spécifique de travail corporel qui les aide à mieux terminer leur séance. La stratégie générale de ce travail particulier est de proposer au " respirant " de concentrer toute son attention sur la zone corporelle où subsiste un problème, et de faire tout ce qu'il peut pour intensifier les sensations physiques présentes. Le thérapeute peut alors l'aider à intensifier encore davantage ces sensations par des interventions appropriées. Tandis que toute l'attention du " respirant " se trouve concentrée sur la zone énergétiquement chargée, il est encouragé à s'exprimer le plus spontanément possible. Cette réponse ne doit pas résulter d'un choix conscient de sa part, mais être totalement déterminée par le processus inconscient. Elle prend souvent, d'ailleurs, une forme très surprenante et absolument inattendue - cri d'un animal particulier, expression en langues ou dans une langue étrangère inconnue, charabia, ou babillage d'enfant, etc…. Des réactions physiques complètement inattendues sont également très fréquentes : tremblements violents, secousses, toux, vomissements, voire mouvements typiques d'animaux. Il est alors essentiel que les accompagnateurs ne fassent qu'encourager ce processus, et s'abstiennent d'appliquer une quelconque technique provenant d'une école particulière de psychothérapie. Ce travail continue jusqu'à ce que l'accompagnateur et le " respirant " aient le sentiment partagé que la séance est terminée de manière satisfaisante.


Contact Physique Nourrissant

Dans le travail de respiration holotropique, nous utilisons aussi une autre forme d'intervention physique conçue pour fournir un soutien à niveau profond préverbal.
De nombreuses personnes ont des histoires de privation affective, d'abandon, de rejet par autrui, qui aboutissent à une grande frustration de besoins absolument essentiels. La seule manière de guérir ce type de traumatisme est d'offrir une expérience corrective sous la forme d'un contact physique maternant et rassurant dans un état de conscience holotropique. Pour que cette approche soit efficace, il est nécessaire que l'individu ait profondément régressé au stade infantile de son développement où le traumatisme est survenu. En fonction des circonstances et d'un accord préalable, ce soutien physique peut aller d'un simple contact, pouvant consister à tenir la main ou caresser le front, jusqu'à un contact corporel entier.
L'utilisation d'un contact physique maternant et rassurant est un moyen très efficace de guérir certains traumatismes affectifs précoces. Cependant, cela nécessite de suivre des règles très strictes sur le plan éthique. Avant la séance, il est nécessaire d'expliquer aux " respirants " les raisons d'être d'une telle technique, et de recueillir leur accord vis-à-vis de son utilisation.


Déroulement des Séances Holotropiques

La nature et le cours des séances holotropiques varient considérablement d'une personne à une autre, et chez une même personne lors de séances successives. Certains individus restent entièrement calmes, presque sans aucun mouvement. Ils peuvent vivre des expériences très profondes, et pourtant donner l'impression à un observateur extérieur qu'il ne se passe rien, ou qu'ils dorment. D'autres sont agités et font l'expérience de secousses violentes, de mouvements complexes de torsion, roulent et s'agitent dans tous les sens, prennent la position foetale, se comportent comme des enfants luttant dans le canal de naissance, agissent et se comportent comme des nouveaux-nés. Parfois, les gestes et les mouvements peuvent être très spécifiques - mouvements d'animaux particuliers (et cris correspondants), postures de yoga, etc….
La qualité des émotions observées lors de sessions holotropiques peut s'étendre d'un extrême à l'autre : sentiments de béatitude, de paix profonde, de sérénité, de grâce, d'unité cosmique, voire d'extase, mais aussi, épisodes de terreur, culpabilité dévorante, agressivité meurtrière, etc…. L'intensité de ces émotions extraordinaires transcende tout ce qu'il est possible d'imaginer ou d'expérimenter dans l'état ordinaire de conscience de tous les jours. Ces états émotionnels extrêmes sont habituellement associés à des expériences périnatales ou transpersonnelles.
On retrouve aussi une qualité d'émotion moins extrême et plus proche de ce que nous connaissons au quotidien - colère, anxiété, tristesse, désespoir, sentiments d'échec ou d'infériorité, de honte ou de dégoût, sentiments de bonheur, satisfaction affective, joie, épanouissement sexuel, augmentation globale de l'énergie vitale. Ces émotions sont habituellement liées à des souvenirs biographiques : expériences traumatisantes de la petite enfance, de l'enfance, et de périodes ultérieures de la vie.
La séance peut aussi mener directement à une relaxation profonde, à un sentiment d'expansion et de bien-être, à des visions de lumière. Le respirant peut être submergé de sentiments d'amour et vivre une expérience de nature mystique avec les autres, la nature, le cosmos et Dieu. Ces états surviennent souvent à la fin des séances, après les diverses épreuves que contient l'expérience.

Le résultat habituel d'une séance de respiration holotropique consiste en une libération émotionnelle et une relaxation physique très profonds. Après une séance réussie et bien intégrée, de nombreuses personnes témoignent qu'elles se sentent plus détendues qu'elles ne l'ont jamais été au cours de leur existence.


Dessin du Mandala et Groupe de Partage

Lorsque la séance est achevée, et permet au " respirant " de revenir à un état de conscience ordinaire, son partenaire l'accompagne dans une pièce, où il trouvera des pastels, de la peinture à l'eau, et de grandes feuilles de dessin. Il lui est proposé de s'asseoir, de méditer sur l'expérience, puis de trouver un moyen d'exprimer ce qui s'est passé durant leur séance. On peut aussi travailler avec de l'argile.

Plus tard dans la journée, les " respirants " apportent leurs " mandalas " à la séance de partage, au cours de laquelle ils pourront parler de leurs expériences. Les animateurs les encourageront au maximum à s'exprimer avec ouverture et honnêteté. Le partage en groupe du contenu des séances conduit les participants à se rapprocher, et permet de développer la confiance et le sentiment de fraternité à un très haut niveau, ce qui, bien sûr, approfondit et accélère le processus thérapeutique.


Potentiel transformateur de la Respiration Holotropique

Les effets de la respiration holotropique sont souvent spectaculaires et reliés significativement à des expériences précises vécues pendant les sessions. En dix ans d'animation de stages, j'ai vu de nombreux participants sortir de dépressions qui duraient parfois depuis des années, surmonter diverses formes de phobies, se libérer de sentiments irrationnels épuisants, et améliorer radicalement leur estime d'eux-mêmes et leur confiance en eux. J'ai également été témoin de nombreuses fois d'améliorations radicales et durables, voire de guérisons complètes, de troubles psychosomatiques parfois sévères - migraines, asthmes, ou douleurs musculaires chroniques, etc….

A ceux qui se sentent perdus, qui ne savent plus très bien ce qu'ils veulent, ce qu'ils ressentent, ce dont ils ont besoin, de quoi ou de qui ils dépendent, dont la vie semble bloquée par un manque de confiance en eux-même, par le manque d'énergie et d'élan vital, par divers problèmes psychosomatiques, par toutes sortes de peurs…A ceux qui sont confrontés à des difficultés relationnelles, à des crises douloureuses - conflits, deuils, chômage, retraite, ruptures, solitude, mal-être général, non-sens…A ceux qui souhaitent mieux se connaître, développer leurs potentiels, débloquer et libérer leur énergie vitale, qui sont en quête d'un mode de vie plus satisfaisant et plus libre sur le plan physique, émotionnel, intellectuel, affectif et relationnel… le travail de Respiration Holotropique permet de faire l'expérience simple et courageuse d'un vrai face-à-face avec eux-mêmes, en prenant le temps de se rencontrer tel(le) qu'ils(elles) sont aujourd'hui, en apprenant à lâcher-prise… pour écouter leur propre sagesse intérieure.

En se laissant simplement guider par son propre corps et son inconscient, chacun peut apprendre à observer ce qui se passe en lui-même, à tous les niveaux de son être, cesser peu à peu d'avoir peur de souffrir, et aussi de souffrir d'avoir peur. En apprenant à accepter sa propre réalité, il peut entrer, à son propre rythme, dans un processus de transformation très profond et très bénéfique.


Pour une Thérapie du Corps, de l'Ame, et de l'Esprit Stanislav Grof et le Potentiel de Guérison des Etats de Conscience Holotropiques

Partout dans le monde, partout autour de nous, les systèmes de pensée, qu'ils soient d'ordre économique, social, politique, religieux, ou bien psychologique, montrent leur impuissance à sortir le monde de sa violence et de sa cupidité, malgré les efforts actifs et sincères de millions de personnes. Depuis les origines de l'humanité, nos parents et nos ancêtres ont déjà expérimenté à peu près tout ce qu'il est possible de penser, de dire, de faire, ou de subir, en termes de guerre et en termes de paix. En clair, que nous l'admettions ou non, nous sommes tous issus d'une longue lignée d'hommes et de femmes ayant chassé, cueilli, cultivé, construit, soigné, souffert, aimé, et donné le meilleur d'eux-mêmes, mais ayant aussi convoité le bien d'autrui, volé, détruit, blessé, tué, haï, imposé ce qu'ils avaient de pire, et fait souffrir les autres.

Apparemment donc, l'histoire humaine semble mêler contradictoirement évolution et perpétuel recommencement. De fait, les parents continuent de transmettre à leurs enfants le pire comme le meilleur, au gré des circonstances, en un mouvement continuel paraissant se répéter sans cesse, et semblant paradoxalement s'inscrire dans un processus évolutif.

Qu'est-il possible d'entreprendre comme thérapie pour dépasser ce paradoxe et retrouver l'unité qui, elle seule, nous apportera la paix intérieure, et donc œuvrera pour la paix du monde ? Que s'est-il passé depuis Freud ? Que signifie " travailler sur soi " en 2003 ? Quelles sont aujourd'hui les nouvelles propositions de psychothérapie?


Sigmund Freud : une Psychologie limitée au domaine Personnel


Freud, inventeur de la psychologie moderne, fut le fils d'une époque profondément matérialiste et athée, qui vit naître la psychiatrie moderne, abusivement médicalisée, car dominée par une médecine exclusivement préoccupée par le corps. Il avait compris et enseigné que l'homme se trouve embarqué dans deux sortes d'existences très différentes : le monde de la vie personnelle, qui est celui de ses désirs, et celui d'une vie qui le dépasse totalement, et qui ne tient pas compte de sa propre volonté.

Mais, sans doute insuffisamment conscient de l'influence de la naissance sur les choix existentiels de l'individu, Freud semble avoir conservé toute sa vie la vision noire et pessimiste d'un homme coincé entre un gigantesque réservoir de pulsions inconscientes qui ne demandent qu'à s'exprimer, et une instance de contrôle, qu'il nomma " surmoi ", qui sert à filtrer ou réprimer ce qui cherche à émerger de ce réservoir. Pour Freud, il n'y avait d'inconscient qu'au niveau individuel, et sa psychologie ne concernait que l'histoire post-natale de l'individu, le nouveau-né étant censé être vierge de tout traumatisme. Il parlait donc d'" Inconscient Individuel ".

 De blessures psychiques en blessures psychiques, le " moi ", ou conscience d'être au monde, se construit une sorte de faux-moi, nommé " ego ", qui représente et cumule tous les mécanismes de défense mis en place par l'individu pour se protéger de la souffrance du manque d'amour. L'ego est donc pris en tenaille entre la montée à la conscience des pulsions inconscientes et un " surmoi " qui ne peut pas les accepter. De plus, la non-résolution par Freud de sa propre problématique de naissance semble aussi avoir limité au domaine de la sexualité sa vision des besoins primitifs de l'homme.

Pourquoi toutes ces limites ? Il faut savoir qu'à ses débuts, Freud utilisa l'hypnose afin d'accéder à l'inconscient de ses patients. Ses conceptions initiales furent largement inspirées par un travail avec une patiente qui souffrait de graves symptômes d'hystérie, et qui, durant les séances d'hypnose, fit l'expérience d'états de conscience très profonds, qui lui permirent de régresser dans son enfance et de revivre diverses mémoires traumatiques sous-tendant ses troubles. Elle fut tellement soulagée par ces expériences que Freud recommanda comme traitement des névroses toute forme de travail permettant la libération émotionnelle des traumatismes anciens.

Plus tard, il changea radicalement de stratégie en délaissant l'expérience émotionnelle directe vécue en état non-ordinaire de conscience. Il insista davantage sur l'analyse intellectuelle et sur les fantasmes oedipiens, plutôt que sur le travail émotionnel et le revécu conscient des traumatismes réels. Rétrospectivement, il semble que ces choix ne furent pas très heureux, entraînant dans une mauvaise direction la psychothérapie occidentale pendant les cinquante ans qui suivirent. Si la thérapie verbale se montre utile par les enseignements qu'elle apporte sur le plan personnel et interpersonnel, et si elle permet d'améliorer les capacités de communication, elle se montre tout à fait inopérante vis-à-vis des blocages énergétiques et émotionnels, et des traumatismes qui sous-tendent de nombreux troubles émotionnels et psychosomatiques.
Suite à ces nouvelles orientations, pendant la première moitié du vingtième siècle, la psychothérapie devint pratiquement synonyme d'échange verbal face à face, de psychanalyse sur le divan..


De Jung à Grof : avènement d'une Psychologie Transpersonnelle

Contemporain et disciple de Freud, Carl Gustav Jung, ouvrant la psychologie freudienne au monde des archétypes et à la dimension mystique, contribua largement à réintégrer la psychologie dans une dimension plus large et correspondant davantage à la réalité humaine. Il développa donc la notion d'" Inconscient Collectif ", rassemblant toutes les mémoires de l'humanité.

Puis, dans les années 50, un groupe de psychologues américains mené par Abraham Maslow, insatisfait par le comportementalisme et la psychanalyse, lança un mouvement révolutionnaire, la psychologie humaniste. En très peu de temps, ce mouvement devint très populaire et donna naissance à toute une gamme de thérapies fondées sur des principes entièrement nouveaux. Tandis que les psychothérapies traditionnelles utilisaient principalement des moyens verbaux et une analyse intellectuelle, ces nouvelles thérapies, insistaient davantage sur l'expérience directe et l'expression des émotions.

Elles proposaient diverses formes de travail corporel faisant partie intégrante du processus thérapeutique, par exemple la gestalt-thérapie. Mais les innovations les plus radicales résultèrent d'approches tellement puissantes qu'elles en venaient à modifier profondément l'état de conscience des patients, comme la thérapie psychédélique, la thérapie primale, le rebirth et quelques autres.

Dans les années 80, alliant les plus récentes découvertes de la recherche moderne sur la conscience à des méthodes de guérison traditionnelles multi-millénaires comme le chamanisme, Grof mit au point avec son épouse Christina le travail de Respiration Holotropique, méthode facilitant l'accès à de profonds états de conscience par des moyens très simples - une combinaison de respiration consciente, de musiques évocatrices, et de travail corporel. Grof désigne ces états de conscience particuliers par le mot " holotropique ", qui signifie " aller vers la complétude, accéder à une vision élargie de la réalité ".

L'induction d'états holotropiques est une pratique dont on retrouve les traces dès l'aube de l'humanité avec le chamanisme, qui est certainement le mode de guérison le plus ancien, et qui date probablement d'au moins 40 000 ans. Les moyens utilisés étaient très variés : le souffle (chez les hindous, les bouddhistes,…), la danse des derviches tourneurs ou des lamas, le jeûne, la prière, les substances psychédéliques (plantes hallucinogènes) etc… Selon Grof, les états holotropiques révèlent une sorte d'" esprit primordial " de l'humanité, transcendant race, sexe, culture, et pays. On les utilisa dans toutes les cultures : chez les Egyptiens, les Grecs (par exemple dans les Mystères d'Eleusis), les soufis de l'Islam, les Esséniens (exercices respiratoires et immersion), dans différents types de yoga et de méditation hindous et bouddhistes, chez les Chrétiens (exercices d'Ignace de Loyola), et dans bien d'autres traditions encore.

Ces états holotropiques semblent mettre en marche une sorte de " radar intérieur " faisant venir automatiquement à la conscience les contenus de l'inconscient ayant la plus forte charge émotionnelle ou énergétique, ce que ne permettent pas les psychothérapies purement verbales. Les expériences associées aux états holotropiques couvrent tout le spectre des émotions et des sentiments humains, de sensations d'extase profonde à des épisodes de terreur, en passant par la colère, le désespoir, la culpabilité,…et permettent d'accéder à une compréhension psychologique profonde de ce que nous sommes. Ainsi, il est possible, par exemple, de vivre des expériences extra-sensorielles (télépathie, médiumnité), de découvrir ce qui semble pouvoir être interprété comme des mémoires de vies antérieures, de percevoir les sensations énergétiques des corps subtils, de comprendre intuitivement des symboles universels, et bien sûr, d'avoir des éclairages extraordinaires sur des problèmes psychologiques très enfouis dans l'inconscient.

Grof est donc allé encore plus loin que Jung et tous ses successeurs. Il a découvert, au-delà des archétypes jungiens et des différentes mythologies, un univers illimité d'expériences possibles dans la conscience, qui transcendaient les limites de l'ego personnel, et furent donc nommées " expériences transpersonnelles ". Ces expériences inaugurent tout un champ de découvertes potentielles pour le monde de la psychologie.

Suivant une méthodologie scientifique parfaitement rigoureuse, Grof a également confirmé grâce aux états de conscience holotropiques ce qu'avaient découvert de nombreux successeurs de Freud, à-savoir l'importance primordiale du traumatisme de naissance, donc du domaine " périnatal ", vis-à-vis du psychisme. Il a démontré que le vécu personnel du processus de naissance constitue une sorte de prototype de toutes les situations de crise que vivra l'individu ultérieurement, ce qu'en général la psychiatrie académique veut ignorer.

Nous proposerons dans plusieurs articles ultérieurs de développer les découvertes de Stanislav Grof, pour aider chacun à prendre conscience de l'enjeu colossal que représente l'exploration de soi, qui n'est, ni plus, ni moins, qu'un chemin de guérison physique et psychique, donc le chemin de la découverte et de l'expression de nos potentialités les plus profondes.

Aucune paix dans le monde n'est possible tant que chacun ne mettra pas en priorité absolue la pacification personnelle. Commençons par bien nous connaître et nous aimer, alors nous ne pourrons que mieux aimer les autres. Conflit dedans, conflit dehors. Paix intérieure, paix extérieure.


Les nouvelles dimensions de la conscience


Les états modifiés de conscience nous apprennent que les possibilités de notre cerveau sont illimitées car il peut ne connaître ni l'espace ni le temps. Sont présentes en lui toutes les circonstances de notre naissance, il suffit d'aller les chercher, et les séquelles psychologiques qu'elle a pu laisser, car notre arrivée sur cette terre n'est pas toujours bien vécue tout de suite.

 Et puisque l'homme est un reflet de l'univers. Il porte en lui le cosmos tout entier et peut ainsi potentiellement vivre une expansion de conscience au-delà de l'espace-temps qui procure un sentiment profond d'unité avec la vie, à travers des "voyages" qui varieront en fonction de sa personnalité et sa culture

 Les expériences vécues dans des états de conscience normaux, mais non-ordinaires, que l'on appelle aussi états modifiés de conscience, ou états de transe, ceux que le psychiatre Stanislas Grof appelle les états "holotropiques" (mot inventé par lui, qui signifie "qui tend vers le Tout"), ne peuvent pas s'expliquer dans le cadre normal de la psychologie classique, qui se limite à l'histoire de l'individu depuis sa naissance et à l'inconscient individuel Freudien. Pour rendre compte de ces expériences, nous avons besoin d'un modèle du psychisme humain qui soit incomparablement plus vaste, et d'une vision de la conscience qui soit radicalement différente. Dès les premières années de sa recherche, Grof a proposé une cartographie élargie de la psyché qui semble correspondre à ce besoin.

 Cette cartographie s'étend, au-delà du domaine biographique déjà décrit par Freud, à deux autres royaumes : le domaine périnatal, lié au traumatisme de la naissance, et le domaine transpersonnel, concernant les phénomènes outrepassant les limites spatio-temporelles du corps et de l'ego.


Niveau Biographique et Inconscient Individuel .


 Le domaine biographique de la psyché comprend toutes les mémoires de l'histoire que nous avons vécue depuis la naissance : petite enfance, enfance, et âge adulte. Selon Freud, l'inconscient concerne principalement celles de ces mémoires qui ont été oubliés ou activement refoulés.

 Le travail avec les états modifiés de conscience a révélé certains aspects complètement inconnus des psychanalystes. Tout d'abord, à la différence des thérapies verbales, il n'y a pas seulement remémoration des événements significatifs sur le plan émotionnel ou affectif, mais on revit (c'est une véritable re-expérience) les émotions, les sensations physiques, et même les perceptions sensorielles originelles correspondant à ces évènements. Si l'on revit aussi un traumatisme important de la petite enfance ou de l'enfance, cela signifie que l'on revivra l'image du corps, la perception naïve du monde, les sensations et les émotions, correspondant à l'âge que l'on avait à cette période. L'authenticité de cette régression dans le temps est rendue évidente par exemple par le fait que les rides du visage peuvent disparaître temporairement, donnant à celui-ci une expression infantile, et que les gestes, postures, et comportements, peuvent momentanément redevenir ceux d'un enfant.

De plus, le travail dans ces états de conscience nous permet, non seulement de nous confronter aux habituels traumatismes psychiques bien connus de la psychologie, mais aussi de revivre et d'intégrer des traumatismes qui étaient au départ purement physiques. Lorsque ceux-ci refont surface, nous prenons conscience de l'impact très puissant de ces traumatismes physiques, et du rôle déterminant qu'ils jouent dans nos problèmes émotionnels et psychosomatiques. Ainsi, nous retrouvons fréquemment de vieilles histoires de traumatismes physiques (pseudo-noyade, coqueluche, épisodes de strangulation accidentelle, etc…) chez des patients souffrant d'asthme, de migraines, de douleurs psychosomatiques, de phobies, d'angoisses, de tendance sado-masochistes, de dépression, ou de tendances suicidaires.

Revivre et intégrer des mémoires traumatiques de ce genre peut avoir des conséquences thérapeutiques d'une très grande portée. Constatons que les découvertes de Grof s'opposent fortement aux positions de la psychiatrie et de la psychologie universitaires, qui ne reconnaissent pas l'impact psychologique des traumatismes physiques.


Le Niveau Périnatal de l'Inconscient.


Lorsque notre processus d'auto-exploration nous permet de régresser au-delà du niveau des mémoires de l'enfance et de la petite enfance, et donc d'atteindre le moment de la naissance, nous pouvons faire l'expérience de sensations physiques et émotionnelles d'une intensité extrême, surpassant généralement tout ce que nous considérions jusqu'alors comme humainement possible. A ce niveau précis, l'expérience mêle étrangement les thèmes de la naissance et de la mort. Elle porte le sens d'un emprisonnement menaçant sur le plan vital, et celui d'un combat " désespéré " - mais déterminé - pour la liberté et la survie. Préçisons que l'utilisation du terme périnatal en ce qui concerne la conscience est issue des recherches de Stanislas Grof et est entièrement nouvelle.

Revivre les divers aspects de la naissance peut-être très authentique et convaincant, et reproduit ce processus avec une précision quasi-photographique. Elle peut advenir chez des personnes n'ayant aucune information sur la manière dont s'est passé leur naissance, ni la moindre connaissance sur le plan obstétrical. Les détails de la naissance revécue peuvent parfois être confirmés si l'on dispose de bons rapports d'observation au moment de la naissance, ou de témoins fiables. Par exemple, nous pouvons découvrir par l'expérience directe que nous sommes nés par le siège, que les forceps furent utilisés pendant l'accouchement, ou que nous sommes nés avec le cordon ombilical enroulé autour du cou. Nous pouvons ressentir l'anxiété, la rage de vivre, la douleur physique, et l'étouffement que nous avons expérimentés durant la naissance, et même reconnaître précisément le type d'anesthésie qui fut employé lorsque nous sommes nés.

 Divers mouvements et postures du corps, des bras et des jambes, ainsi que rotations, flexions et déflexions de la tête, peuvent recréer très précisément les mécanismes d'un type particulier d'accouchement. Il arrive même que des traces de contusion, d'oedème, ou d'autres phénomènes vasculaires, apparaissent de manière inattendue sur la peau aux endroits où les forceps furent appliqués, ou bien là où le cordon ombilical enserrait la gorge (On peut effectivement parfois observer l'apparition temporaire de zones de rougeur importante à ces endroits au cours de séances holotropiques). Ces observations suggèrent que l'enregistrement du traumatisme de naissance siège au niveau cellulaire même.

Stanislas Grof a magistralement démontré que la manière dont nous naissons constitue le prototype de toutes les situations de très grand stress que nous aurons à vivre ultérieurement : crises existentielles de la vie, périodes de transformations profondes, etc. Ces situations sont ainsi véritablement calquées sur notre expérience personnelle de la naissance. Le revécu conscient et l'intégration du traumatisme de naissance jouent donc un rôle très important dans le processus de thérapie et d'auto-exploration, en nous permettant de nous libérer des limitations que nous " impose " notre mode d'arrivée au monde.

Le domaine périnatal de la psyché représente aussi une voie d'accès importante à l'inconscient collectif, au sens ou Jung l'entendait. L'identification à l'enfant confronté à l'épreuve du passage du canal de naissance semble nous donner accès à des expériences impliquant des hommes d'autres temps et d'autres cultures, de nombreux animaux, et même des personnages mythologiques. Tout semble se passer comme si, en nous reliant au fœtus luttant pour venir au monde, nous parvenions à un contact intime, quasiment mystique, avec toutes les créatures sensibles se trouvant dans une situation semblable.

Notre naissance peut donc construire notre perception du monde, influencer profondément nos comportements de tous les jours, et contribuer au développement de divers troubles psychosomatiques.


Le Domaine Transpersonnel de la Psyché.

Le terme "transpersonnel" terme signifie littéralement " allant au-delà de ce qui est personnel ". Ces expériences impliquent donc la transcendance de nos limites habituelles - notre corps et notre ego - et la transcendance générale des limites spatiales et temporelles.

Dans les expériences transpersonnelles, il n'y a pas de limites aux possibilités de nos organes sensoriels, et nous pouvons expérimenter des événements appartenant au passé, et parfois même des événements qui ne se sont pas encore produits, mais qui se produiront réellement dans le futur.

Le spectre des expériences transpersonnelles est extrêmement extrêmement riche et inclut des phénomènes appartenant à plusieurs niveaux de conscience différents.

Il peut y avoir une expansion de la conscience au sein de l'espace-temps et de la réalité que nous connaissons. Par exemple, il est possible de transcender les limites spatiales en faisant une expérience d'un vécu simultané de l'unité et de la dualité, en s'identifiant à d'autres personnes, à des groupes, ou à une conscience de groupe, à des animaux, à des plantes et à des processus botaniques.

Il est possible d'être en harmonie avec toute la création, de s'identifier à tout l'univers physique. Il peut y avoir transcendance des frontières temporelles, et expérimentation de la vie fœtale et embryonnaire. Il est possible de vivre des expériences ancestrales, des expériences raciales et collectives, des expériences d'incarnations passées, etc. Il peut y avoir exploration de la conscience tissulaire et organique, de la conscience cellulaire, de l'ADN, ou du monde atomique.

 Il est également possible de vivre une expansion de conscience au-delà de l'espace-temps. Par exemple, expériences spirites et médiumniques, phénomènes énergétiques du corps subtil, expériences d'esprits animaux (animaux de " pouvoir "), rencontres avec des " esprits guides " et des créatures supra humaines, incursions dans des univers parallèles et rencontres avec leurs habitants, expériences de séquences mythologiques et de contes de fées, expériences de divinités spécifiques bienveillantes et malveillantes, expériences d'archétypes universels, compréhension intuitive de symboles universels, expériences démiurgiques et incursions dans la création cosmique, expérience de Conscience Cosmique.

Aussi absurdes et incroyables qu'elles puissent paraître à un occidental s'en remettant uniquement au matérialisme, ces expériences montrent que nous pouvons obtenir des informations sur l'univers de deux manières radicalement différentes. Le mode d'apprentissage conventionnel est fondé sur les perceptions sensorielles, l'analyse, et la synthèse des données par notre cerveau. L'alternative, qui devient accessible dans les états modifiés de conscience, consiste à apprendre par identification expérimentale directe avec divers aspects du monde.

Les comptes-rendus de sujets ayant expérimenté des épisodes de la vie embryonnaire, le moment de la conception, ainsi que l'existence d'une conscience cellulaire, tissulaire, et organique, regorgent d'informations très précises sur le plan médical en ce qui concerne les aspects anatomiques, physiologiques, et biochimiques, des processus mis en jeu. De même, les expériences d'incarnation passées et de mémoires ancestrales, raciales, et collectives, fournissent très souvent des détails très précis sur l'architecture, les costumes, les armes, les formes d'art, de structures sociales, et les pratiques religieuses et rituelles, des cultures et périodes historiques correspondantes, voire des détails d'événements concrets.

La recherche sur les états holotropiques met à jour un remarquable paradoxe sur la nature des êtres humains. Elle démontre clairement que, d'une manière mystérieuse et encore inexpliquée, chacun d'entre nous contient les informations concernant l'univers entier et tout ce qui existe, chacun a potentiellement un accès empirique à toutes les parties qui le composent, et, en un sens, est lui-même la totalité du réseau cosmique, tout en n'étant qu'une partie infinitésimale de celui-ci.


                                                       GUÉRIR, MAIS DE QUOI ?

 Guérir. Un seul mot pour désigner la guérison de l’acné, de l’angine, du cancer, de l’anorexie et de la boulimie, des phobies, des peurs et des angoisses diverses, des compulsions, des états d’excitation ou de dépression, et aussi pour la guérison du mal-être, du non-désir de vivre, de la solitude, et de l’abandon…

 Je propose, à partir mon expérience personnelle et professionnelle de médecin et de psychothérapeute, ainsi que des enseignements reçus à Château Saint Luc avec Bernard Dubois, et à Ressource d’Eau Vive avec Ephraïm, de partager avec vous quelques réflexions sur la guérison, et les différentes modalités de guérison et de transformation de l’être humain.


Les Différentes Voies de Guérison

Savoir qui nous sommes est utile si nous voulons savoir qui veut guérir.

Dans l’anthropologie chrétienne, nous considérons que l’être humain a une structure tridimensionnelle - corps, âme, et Esprit -, et admettons aussi une double réalité, facile à vérifier : tout être humain, sans exception, est blessé dans les profondeurs de son être ; tout être humain, sans exception, a besoin d’aimer et d’être aimé pour vivre heureux et joyeux. Que nous pensions être des êtres spirituels incarnés, ou bien des êtres de chair en quête d’une dimension spirituelle, n’y change pas grand-chose.

Depuis une vingtaine d’années, j’ai pu observer, comme de nombreux thérapeutes, les aspirations et les croyances populaires en ce qui concerne la guérison.

Au niveau du corps, les malades de la « tribu matérialiste » s’adressent en général aux professionnels compétents de la même tribu, à savoir les médecins. S’ils ne sont pas satisfaits, et que l’urgence les pousse, ils se laissent un peu aller à la superstition, et vont voir - discrètement - les guérisseurs, les magnétiseurs, etc…, partant du principe qu’« on ne sait jamais, …des fois que… ». Et ils ont tout à fait raison, puisqu’en faisant cela, non seulement ils s’offrent une chance supplémentaire de guérison de leur maladie, mais en-sus, ils font mémoire - sans le savoir - de leur nature immatérielle, ou spirituelle. A ce niveau-là, il est clair que le malade reste consommateur de soins et ne se sent que peu ou pas responsable de son état morbide et de sa guérison.

Toujours au niveau du corps, les malades de la « tribu psy » ont tendance à s’adresser préférentiellement au psychothérapeutes, aux thérapeutes pratiquant les médecines qu’on appelle aujourd’hui « non-conventionnelles », et aux stages de développement personnel. S’ils ne sont pas satisfaits, ou si c’est trop grave, ils abandonnent ce terrain d’expériences, délaissent leurs convictions et leurs croyances, et retournent finalement consulter les médecins, dont ils moquaient jadis l’incompétence dans le domaine des relations humaines et de la guérison.

Quant aux malades de la « tribu religieuse », ils croient en tout, « puisque tout est l’œuvre de Dieu, et qu’il est en toute chose ».

Au niveau psychique, la « tribu matérialiste » consulte le psychiatre pour mettre fin à ses symptômes au moyen de médicaments, selon la logique  médicale. La « tribu psy » s’adresse au psychanalyste pour comprendre ses symptômes, au psychothérapeute si elle veut connaître (re-naître avec) ses symptômes, et aux maîtres spirituels si elle veut guérir de son besoin de guérir. La « tribu religieuse » s’adresse directement à Dieu et à ses saints, qui sont les plus efficaces à long terme, selon notre observation…

Les tendances actuelles sont de tout essayer en allant cuisiner sa guérison au feu du chamanisme, des thérapies psycho-corporelles, de la régression-thérapie, de la chromothérapie, de la lithothérapie, de l’astrologie, de la numérologie, de l’art-thérapie, de la musicothérapie, de la danse-thérapie, des voyages-méditation dans le désert saharien, des séminaires et retraites spirituels, etc…Et on peut facilement observer que tout le monde est très content des démarches entreprises, et très heureux d’avoir progressé dans un domaine. On guérit de sa peur de sourire à l’autre, de sa peur d’être regardé, de sa peur d’exprimer ses émotions, de sa peur de chanter ou de dessiner, de toucher et d’être touché, etc..., ce qui, évidemment, est déjà merveilleux en soi.

Mais ce que l’on peut également observer, c’est que l’effet bénéfique des différentes thérapies ne dure en général pas très longtemps. Cela explique peut-être pourquoi il y a tant de nouveaux modes de thérapies, et tant d’engouement à tout tenter, parce que « je veux voir si cette fois, çà va me guérir définitivement de mon angoisse existentielle ». La vie se fait fort de nous présenter de nouvelles épreuves qui mettent en péril nos certitudes les plus récentes, et nous voyons de plus en plus souvent les gens se précipiter sur de nouvelles techniques ou de nouvelles approches en croyant dur comme fer que cette fois, ils ont trouvé ce qui va résoudre leur problème. Et le cycle continue de se dérouler inexorablement. Il s’agit d’un pseudo-cycle, d’une vraie spirale de croissance, car on ne repasse jamais deux fois au même endroit.


Comment pouvons nous vraiment guérir ?

On peut se poser la question de savoir quel est le point d’efficacité commun à toutes les démarches que nous venons d’énumérer, et y répondre assez facilement. Au-delà de toutes les techniques et approches particulières, ce qui fait du bien, c’est que l’on nous adresse la parole, que l’on dise du bien de nous, que l’on nous encourage, que l’on nous accepte comme nous sommes, que l’on nous tienne la main pour les « passages » difficiles, en un mot, c’est que l’on nous aime de manière sensible, en nous touchant par le regard, par la main, par la parole. L’anthropologie chrétienne nous aide à comprendre pourquoi.

Croyant nous séparer de Dieu, du Principe Créateur, en nous incarnant, donc en naissant, nous sommes blessés par nature, blessés de manque d’amour, du manque de l’amour infini et absolu que nous habitions et qui nous habitait. Nous cherchons inexorablement à combler ce manque par tous les moyens, et de ce point de vue, il est clair que nous sommes tous frères et sœurs. D’ailleurs, c’est de cette souffrance commune que jaillit notre espérance en un monde d’amour et de paix, ainsi que notre motivation à abandonner progressivement tout ce qui est faux, erroné, ou mensonger, autrement dit à dégonfler cet encombrant ballon de notre faux-moi, de nos mécanismes de défense, de notre ego, afin de retrouver ce pur joyau d’amour et de joie qui constitue notre vraie nature.

Comme nous l’avons vu au paragraphe précédent, nous pouvons choisir entre différents niveaux de guérison. Nous pouvons penser et expérimenter qu’il est bon de guérir de troubles ou maladies somatiques ; nous pouvons penser et expérimenter qu’il est bon également de guérir de nos différentes blessures psychiques et affectives. Ainsi, guérir du corps malade peut impliquer de s’occuper des causes profondes, psychologiques et spirituelles de la maladie, de faire un décodage biologique, d’identifier les blocages énergétiques qui provoquent la tension, l’inflammation, l’infection, la douleur, et parfois la lésion, la tumeur bénigne ou maligne. Guérir de troubles psychiques, du plus banal au plus grave, implique d’apprendre à reconnaître nos peurs, nos croyances limitantes, nos dysfonctionnements, nos schémas comportementaux pathogènes ou auto-destructeurs.

Mais nous pouvons nous heurter douloureusement à l’impuissance de guérir définitivement par des voies humaines toutes ces blessures somatiques et psycho-affectives, parce que nous sommes impuissants à guérir seuls de la blessure qui sous-tend toutes les autres, le sentiment de séparativité, ou sentiment d’être séparés de l’amour. Guérir véritablement, c’est retrouver l’unité, l’union avec Dieu, l’union avec l’Amour, que l’on soit seul ou pas. Quelques exemples.

Guérir vraiment de l’amour passionnel-fusionnel sur le plan humain, c’est apprendre à continuer à aimer dans la séparation. C’est guérir un minimum du fantasme de séparativité et de l’abandon, pour pouvoir s’unir et s’allier au lieu de se fondre et de se con-fondre. C’est préférer la com-union à la con-fusion.

Guérir, c’est aussi apprendre à goûter, toucher, sentir, Dieu, qui est la Vie, qui est l’Univers, qui est la Création toute entière. Notre sensorialité n’est autre que le cadeau du Créateur pour que nous puissions nous unir à lui en le touchant physiquement, puisque nous sommes des êtres matériels et physiques. Tous les sens se rapportent au toucher : quand je goûte, je touche avec ma langue ; quand je sens, je suis touché dans mon odorat par l’air qui véhicule les odeurs et les divers parfums ; quand j’entends, je suis touché dans mes oreilles par l’onde sonore, par la vibration aérienne ; quand je vois, je suis touché dans mes yeux par l’onde lumineuse ; quand je sens sur le plan subtil, je suis touché dans mon intuition par des informations…

Guérir d’une sexualité insatisfaisante implique de passer de la sensualité à une sensorialité sous-tendue par l’amour et le désir de se donner. En effet, la sensualité est-elle autre chose qu’une sensorialité pervertie par le désir de posséder l’autre, de ressentir pour soi, d’avoir quelque chose pour soi, en quelque sorte de garder la distance par rapport à l’autre, au lieu du désir véritable de donner et de se donner.

Guérir de la culpabilité, c’est pardonner et se pardonner. C’est se réconcilier, donc encore se ré-unir.

Guérir, c’est passer de l’homme psychique, qui vit dans une dépendance affective aliénante, à l’homme spirituel, qui vit dans la dépendance d’amour, qui est libérante. C’est passer de la fusion humaine à la communion divine, car seul l’amour peut guérir la blessure de manque d’amour.

    
Guérir est une Décision
    
Quel que soit le domaine dans lequel nous souhaitons guérir, il semble bien que le résultat dépende surtout d’une décision existentielle majeure, celle de vouloir vivre heureux à tout prix, donc de guérir du malheur. Le mal-heur, c’est de vivre à la mauvaise heure, c’est-à-dire dans les douleurs ou les regrets du passé, ou dans les angoisses et projections dans le futur. Le bon-heur, c’est vivre à la bonne-heure ; et il n’y a qu’une seule heure qui soit bonne, c’est ici et maintenant, dans le présent, dans la présence à soi-même, dans la présence à l’autre, en présence de la Relation, donc en présence du Tout-Autre. Cela n’est-il pas une définition possible de l’Amour ? En français, le présent n’est-il pas un cadeau ?

Notre naissance est une métaphore de nos devenirs parce qu’elle concentre toutes les dynamiques de la mort et de la renaissance psychocorporelle et spirituelle. Elle représente l’archétype de toutes les situations de crises et de transformations majeures que nous aurons à subir au cours de notre existence. Elle nous montre si nous sommes présents à ce qui se passe, comment nous choisissons, subissons, ou refusons la réalité présente, et nous montre comment nous pouvons être heureux ou malheureux. Ainsi, notre naissance nous montre comment nous engager dans un chemin, dans une voie de guérison, et nous montre en même temps qu’elle nous a blessés. Le message est donc relativement clair : nous avons cette effrayante et enivrante liberté de choisir ou de refuser l’expérience blessante qui nous est proposée ; mais si nous l’acceptons, nous apprendrons à la transformer de manière créative. Un petit exemple récent : une femme de 65 ans m’a raconté son histoire de naissance, travail très long et très difficile, ayant fortement imprimé ses dynamiques psychiques ; ainsi, claustrophobie maladive, agoraphobie, toutes ses peurs d’être coincée dans ses relations affectives, ses fuites et refus de s’engager…Que fait-elle maintenant ? Elle entre en contact télépathique avec les victimes de tremblements de terre isolées et coincées sous les décombres, elle prie pour eux, les encourage à tenir jusqu’à l’arrivée des secours… Comme le dit souvent Ephraïm, « Là où est ta blessure se trouve aussi ta rédemption ».

Seule la volonté déterminée de guérir, associée à une foi aveugle dans la guérison, permet de guérir, que ce soit au niveau physique, psychique, ou spirituel. La première étape de tout processus de guérison passe obligatoirement par la motivation à changer.


Guérir, qu’est-ce que çà coûte ?
    

Vouloir guérir à tout prix signifie qu’en effet, il y a un prix à payer : il s’agira, en connaissance de cause, en pleine conscience, de dégonfler progressivement notre ego, ou faux-moi, de renoncer à nos mécanismes de défense, qui, pour avoir été utiles en leur temps en nous protégeant d’agressions extérieures, ont aussi pour inconvénient de nous éloigner de nous mêmes et les uns des autres. Pour aller voir au-delà, il faudra cesser de se protéger, de se mettre à l’abri, accepter de devenir sensible et vulnérable, car c’est la nature de l’amour de ne rien forcer. Il faudra décider que la vie vaut la peine d’être vécue, avec ou sans ego. La guérison psychospirituelle vient dès qu’il nous est possible de ne plus nous identifier à notre faux-moi, à notre ego.

Pour cela il faudra vouloir croire que la blessure de séparation est illusion. Et cette volonté est déjà véritablement soulageante. Mais la guérison ne viendra vraiment qu’à travers l’expérience tangible que Dieu est là, dans notre cœur, bien au chaud, priant pour que nous voulions de son amour, donc de la vie qu’il nous donne, et pour que nous l’aimions.

Je cite Ephraïm, à peu de choses près : « Notre âme psychique est tellement insatisfaite de la vie que le monde nous propose, que ce soit au niveau culturel, dans le monde du travail, ou dans celui des loisirs, qu’il y a lieu de nous demander si au moins notre vie affective nous comble, et si ce n’est pas le cas, si notre vie spirituelle nous fait expérimenter le bonheur…/… nous devons nous rendre compte que la vie nous demande bien plus que d’être les acteurs de notre propre guérison psychique ou somatique, et nous propose sur le plan spirituel bien plus que d’être simplement des fidèles qui cherchent l'accomplissement le plus parfait possible d'un devoir religieux, et bien plus que d’être des adeptes, ou des disciples, éternels chercheurs de vérité sur ce chemin spirituel. La vie nous demande d’entrer véritablement dans le mystère de la relation à Dieu et à la création, c’est-à-dire d’entrer dans la vie mystique. Il y a donc un grand pas entre vie religieuse et vie spirituelle, et un pas plus grand encore entre vie spirituelle et vie mystique.

La vie religieuse consiste à satisfaire à des devoirs, à observer des règles ; la vie spirituelle ouvre sur une autre dimension de l'être, comme si l'âme cherchait sa respiration ; mais dans ces deux démarches, c'est toujours soi-même que l'on recherche, et c’est toujours l’ego qui tient les rênes. Dans la vie mystique, par contre, on accepte de se laisser envahir par la Présence du Ciel, et on la laisse nous diriger. L'important, ce n'est plus nous-même, mais ce Tout Autre qui est Dieu, et c’est seulement là que nous pouvons être comblés. Et que pouvons-nous apporter d’intéressant aux autres si nous ne sommes pas joyeux, témoins d'un miracle insigne, d'un événement étonnant, de la Présence de Dieu dans nos vies ? ». 

La guérison psychospirituelle concerne donc ceux qui éprouvent la nécessité de savoir vraiment qui ils sont – corps, âme, Esprit- , qui se sentent prêts à se confronter à leur corps de plaisir et de souffrance, à leur inconscient, à l’inconscient collectif, à leurs blessures les plus profondes, donc à la séparation, à l’abandon, au manque d’amour, et qui veulent simplifier leur existence - leur manière d’être au monde - par des voies empiriques et non-intellectuelles, et qui sont prêts à s’abandonner, à lâcher-prise véritablement.
    
Guérir, c’est donc aussi guérir du besoin « religieux » (des règles qui enferment l’être et le contiennent par leurs exigences…), et guérir du besoin « spirituel » (de l’ascèse, de l’ermitage…), pour accéder à la vie mystique, pour entrer dans le mystère de l’existence. Ce qui est mystérieux ne se comprend pas. « Quand les gens parlent de leur vie spirituelle, ils parlent souvent de ce qu’ils ont compris de la vie spirituelle avec leur intelligence. Mais Dieu ne se comprend pas avec l’intelligence, Dieu se goûte et se touche à travers nos cinq sens ( et les autres, à découvrir…). Mais celui qui ne « goûte » pas Dieu avec ses cinq sens ne le connaît pas, ni ne peut en parler. La vie mystique, c’est toucher Dieu, c’est le toucher divin « de substance à substance ». C’est être informé de ce qu’est Dieu par les dons du Saint-Esprit. Celui qui « goûte », touche, et se laisse toucher par Dieu, celui-là connaît Dieu, et pourrait en parler, mais il n’en éprouve pas le besoin. Grégoire le Sinaïte disait : « Considère que la connaissance de la Vérité est avant tout la sensation de la Grâce ». 

    
Différents modes de guérison   

Habituellement, la guérison psychosomatique et spirituelle semble se faire de cinq manières différentes. Guérison totale  : elle est immédiate, évidente, et définitive. Guérison progressive : le processus amorcé continue dans les jours, semaines, et mois, qui suivent. Il faut savoir rester vigilant par rapport aux doutes qui assiègent le mental, et faire confiance, quoiqu’il arrive. La foi dans le processus de guérison est la clé. Guérison retardée, ou différée  : rien ne semble avoir change, mais le processus est actif, quoique non conscient. Si on coupe à la racine un vieux lierre qui pousse depuis des années, a fortiori des décennies, et qui menace de détruire un beau chêne, ses feuilles continuent de vivre comme si rien ne s’était passé, pendant des jours, voire des semaines. Pourtant, ses racines sont bien coupées! C’est seulement après un certain temps que les feuilles finissent par mourir, et montrent l’efficacité de la taille. La guérison ne devient évidente qu’après une période plus ou moins longue, et d’autant plus longue que le mal est ancien. Dans ce cas, non seulement le doute peut détruire tout l’espoir mis dans la thérapie, mais l’habitude de la pathologie peut voiler la prise de conscience du changement. Donc, vigilance, et confiance resteront les maîtres mots. Guérison partielle : la libération est incomplète. Peut-être faut-il apprendre à vivre ainsi pendant un certain temps, et accepter la nécessité de continuer la thérapie. Un simple changement de perception de la situation est peut-être suffisant pour le moment. Guérison temporaire : le problème qui semblait réglé ressurgit. C’est une invitation à la patience, à l’acceptation du temps qui passe, à l’acceptation de la précarité de la vie, et parfois la conséquence du doute.

    
Guérir, c’est s’engager à aimer
    
Les différentes voies décrites se résument dans la volonté persévérante d’être vraiment heureux, qui reste le choix majeur de toute notre existence. Notre capacité au bonheur n’est pas liée à la quantité d’épreuves douloureuses que nous avons vécues ou que nous expérimentons aujourd’hui, mais aux décisions et aux choix que nous posons face à ces difficultés.

Guérir, c’est se prendre en charge, devenir totalement responsable de soi-même, corriger les errements de toutes sortes ayant conduit à la pathologie. Cela exige patience et confiance, et une foi inébranlable dans le processus de « guérison » du corps et de la psyché.

Guérir, c’est aussi découvrir que l’être humain abrite au plus profond de son cœur la mémoire ontologique de sa divinité. C’est aussi s’abandonner à plus grand que soi, accepter d’être vulnérable, avec la confiance d’un tout-petit enfant.

Guérir, c’est adhérer à ce qui est, adhérer au « paquet » qui nous est confié. Accepter que ce soit du marbre ou de l’argile. Le marbre ne permet pas de faire des bols, ni l’argile de construire des marches d’escalier. Notre liberté, c’est de désirer ou de refuser ce qui nous est imposé, notre matière, notre nature, notre héritage. C’est la liberté de nous donner un sens vers le beau et le meilleur pour nous et pour les autres. C’est vouloir de la vie, ou n’en pas vouloir. C’est même désirer ce qui nous est imposé, s’ouvrir à la réalité, aimer ce qui est, au lieu de désirer ce qui n’est pas. C’est commencer la vie dans une inspiration douloureuse, respirer profondément dans la réalité, puis mourir dans une expiration paisible. C’est braver avec courage notre peur ancestrale de la folie et de la mort, en utilisant comme arme, la plus simple, la plus vieille, la plus utile, et la plus difficile à manier qui soit : la persévérance dans la confiance.

Pour conclure et recadrer précisément où se situe la guérison essentielle, je laisserai la parole à Mère Térésa : « La plus grave des maladies n’est pas la tuberculose, ni le cancer, ni le SIDA, mais tout simplement le fait de se sentir seul et indésirable ». Être guéri, c’est être heureux seul avec Dieu, et au milieu des autres.


Pour en savoir plus, vous pouvez lire " La respiration holotropique " de Patrick  Baudin (Ed. Médicis), et " Pour une Psychologie du Futur " de S. Grof (Ed. Dervy).

http://holotropique.free.fr/respiholo.htm

samedi 24 janvier 2015

"LE CERVEAU, THEORIE DE L'EVEIL"


Carl Gustav Jung

Il naquit en 1875 et fut le disciple et ami de Sigmund Freud.
Au lieu de considérer la spiritualité et la religion comme des évasions par rapport à la santé mentale il admit, en effectuant une synthèse de traduction religieuse de l’Orient et de l’Occident, une présence divine qui donnait un sens à la vie.

Pour Jung, en Occident on est porté à chercher à l’extérieur de soi-même une présence divine dispensatrice de grâce alors qu’en Orient, on insiste sur l’universalité, l’intemporalité et la vie intérieure.
Il a observé que l’homme oublie trop facilement la tâche qui consiste à s’autoréaliser. Il est souvent bien commode d’éviter ce qui comporte le plus de sens pour nous en tant qu’être humain et de prendre le chemin de la moindre résistance. Le chemin qui mène au sens et à la réalisation de soi, Jung l’a appelé le « processus » d’individuation ».

Ce processus comporte deux phases :

– la première est en relation avec le développement de la « personna » qui est un masque ou une série de masques que nous portons dans la vie. Cette première phase passe à travers tous les défis rencontrés entre la puberté et l’âge de quarante ans. Cette période regorge de choix de vie opposés : la liberté ou l’engagement, le besoin de solitude ou l’intimité, pour n’en nommer que quelques uns. Cette phase alterne entre introversion et extraversion.

– la seconde phase, qui généralement commence vers quarante ans, apporte l’occasion de découvrir un sens plus profond et plus personnel à sa vie.
Cette phase comporte deux démarches :

– devenir de plus en plus conscients de ces aspects de nous-mêmes que nous avions laissés de côté: quelle que soit la crainte que nous inspire cette entreprise, nos aspects cachés ont un cadeau magnifique à nous offrir.

– la quête de l’intégralité. Ayant reconnu nos parties cachées, nous devons les accueillir et les intégrer. Elles nous enrichissent et nous font découvrir que le sens de la vie vient de la réalisation de l’unicité et de l’individualité.

Bibliographie:

« L’Homme à la découverte de son âme » de Carl Jung

Toute la vie humaine est le reflet du passage de l’ego à l’âme (ou du psychologique au spirituel)
 

L’ultime but de la vie est de vous permettre de découvrir qui vous êtes vraiment. Vous avez pris une forme physique pour réaliser cet objectif, pour découvrir par vous-même que vous êtes un être spirituel.
Vous découvrez qu’en réalité, tout est spirituel et que les étiquettes que vous attribuez aux différentes maladies et aux conflits psychologiques ne sont que des termes différents qui parlent tous du seul processus en cours : celui de l’éveil de la conscience.
La maladie est une forme de malaise localisé qui a été engendré à un moment de l’existence par la dénégation, la culpabilité, le jugement, la honte, l’autocritique et le manque d’amour. Elle est aussi liée à un réflexe biologique de survie qui est à mettre en relation avec la conscience primale de la vie, tant végétale, qu’animale ou humaine.

La maladie est un cri de l’âme qui attend d’être entendu et replacé dans son juste contexte


La maladie est intimement liée à l’éveil spirituel lorsque celui-ci ne peut se faire dans des conditions harmonieuses. C’est un des moyens qu’utilise le corps pour « rectifier la trajectoire » lorsque celle-ci s’éloigne de notre être véritable. Lorsqu’une guérison se produit, la peur devient lumière, une nouvelle orientation est donnée au corps et la santé se rétablit. Mais il est bien entendu qu’il n’est pas obligatoire de passer par cette expérience de la maladie pour y arriver.
L’éveil spirituel peut être favorisé par la compréhension du processus psychologique de l’être humain qui, observé sous cet angle, globalise et réunit toutes les données.
Une science récente, la psychobiologie, résume tout le périple de la conscience humaine comme le passage de l’homme animal à l’homme Dieu.
Vous trouverez ci-après, le tableau et l’explication de cette synthèse qui permet de situer plus justement l’homme dans son chemin de vie.





Le cercle symbolise la vie humaine.
Il est divisé en quartiers qui représentent les quatre grandes étapes psychologiques (ou spirituelles) à franchir pour permettre le passage du Moi au Soi, ou de l’ego à la conscience de l’âme, ou encore, de l’homme-animal à l’homme-Dieu.
Chaque quart se divise encore en trois roues qui concernent les étapes d’entrée, d’installation et de sortie nécessaires pour le passage d’un quart à un autre.





Le premier quart supérieur gauche (1) représente la création de l’ego. Il débute par l’entrée dans la vie du fœtus dans le ventre maternel.
Le fœtus vit en symbiose avec sa mère. Lui ou sa maman, c’est pareil. Il ressent ce qu’elle ressent, il vit ses joies et ses peines. Il vit dans la conscience subconsciente. Cette période est représentée par la première roue (entrée) dans le premier quart.

A la naissance, il quitte cette union et connaît la séparation. Ses pleurs et ses cris sont la manifestation de son travail de deuil et de sa souffrance de cette séparation.
Au fil des mois, en même temps qu’il découvre son corps, il va réaliser qu’il n’est pas sa mère et que sa mère n’est pas lui. Le nourrisson fait alors une sorte de dépression qui se manifeste par le fait que chaque fois qu’il est en présence de quelqu’un d’étranger à sa mère, il pleure ou il se cache.
Vers un an, l’enfant réalise qu’il y a sa mère, les autres et lui. C’est cette séparation qui donne l’identité de l’enfant. Ainsi naît le Moi, au niveau psychologique.
Cette période (entre un an et trois ans) correspond à l’installation dans la conscience sociale. (voir 2ème roue du premier quart supérieur gauche)

Ce petit Moi va chercher des solutions pour ne pas souffrir dans la vie de tous les jours de ses frustrations et de ses manques. C’est là qu’il va installer ses propres programmes de survie suivant les événements qu’il rencontrera et ses réactions premières vis-à-vis de ceux-ci. Souvent, la première expérience consciente est déterminante et sera l’objet de référence pour les situations ultérieures qui verront se répéter les mêmes schémas comportementaux. Il va se forger ses défenses en prenant conscience du pouvoir qu’ont ses « oui » et ses « non ». (Conscience du petit moi ou de l’ego).
A ce stade, l’ADN est porteur de toutes les informations relatives à la survie, à la douleur, à la souffrance et au pouvoir de l’ego.
La création de l’ego est un processus naturel et obligatoire sur le chemin de la prise de conscience du Soi. Il est une aide qui, normalement, dès l’âge de sept ans, devrait aider l’enfant à se repérer dans la vie.
Mais dans la réalité, il en va tout autrement.
C’est durant cette période, (entre trois et sept ans) qu’il va adopter les comportements qu’on lui apprend. C’est là qu’une faille se creuse entre ses émotions vraies et ses émotions fausses, entre ce qu’il « aurait dû ressentir » et ce qu’il ressent effectivement. Les comportements appris avant qu’ils ne soient désirés par l’enfant prennent la place de ses sentiments véritables. Le processus est subtil car il est lié à « la bonne éducation » que veulent lui donner ses parents et la société pour « son bien ».
Un « faux moi » prend la place de son identité et éteint tous ses véritables repères.
Exprimer sa joie ou sa tristesse, sa colère ou sa désapprobation, donner ou conserver pour soi devient pour l’enfant un choix impossible à faire tant il est conditionné par ce qu’on attend de lui et ce qu’on lui a inculqué.
C’est là que le niveau de la sensation à votre véritable identité a été détruit

L’être humain est soumis aux lois et aux règles de la société qu’il s’est créé et qui vont, le plus souvent, à l’encontre des deux seules lois auxquelles répond l’âme et qui sont la liberté et l’auto-responsabilité.
C’est ce qui permet l’installation « des masques ».(voir 3ème roue du premier quart supérieur gauche)

A partir de là, l’enfant va vivre avec ce comportement appris non désiré qu’il a intégré à son identité jusqu’à l’inévitable « crise de l’adolescence » ou son âme, à la recherche de l’unité perdue, va le pousser à se différencier de ses parents pour trouver son propre centre. (Voir 1ère roue du second quart supérieur droit)



Il va passer ensuite par un travail d’organisation et de socialisation et la rencontre de l’autre sexe.
Si toutes les étapes de ce processus de maturation psychologique se sont bien passées, l’homme ou la femme est devenu capable d’un amour altruiste.
Mais là aussi, les déviations de la société, de l’enseignement, de l’éducation font que rares sont « adultes » ceux qui arrivent à l’âge adulte. La plupart du temps, ils en sont encore à se débattre avec un émotionnel resté accroché à l’âge de la petite enfance et avec un ego qui cherche désespérément à combler ses besoins.
Normalement, l’âge adulte devrait conduire à la découverte des masques (voir 2ème roue du 2ème quart) et à sa conséquence directe : le désir de libération du comportement appris non désiré (3ème roue du 2ème quart).

Ce désir de libération du comportement appris non désiré va amener l’être humain à rencontrer son « ombre », c’est-à-dire, reconnaître toutes les parties de lui qui n’ont jamais pu s’exprimer. C’est là qu’il doit arriver à ne plus se juger, à comprendre que tout est juste. Il rencontrera la peur de la perte des valeurs qui le soutiennent, la révolte et enfin l’acceptation de ce qui est. (voir 1ère roue du 3ème quart inférieur droit)





N.B. Le cancer apporte souvent avec lui cette remise en question brutale. La résolution des conflits qui en sont la cause et la mise en conscience du processus de conscience qui est en train de s’opérer, conduit le plus souvent à sa guérison.
Il n’est, bien évidemment, pas nécessaire d’avoir recours au cancer ou à la maladie pour réaliser cette étape; le cancer ou la maladie est un moyen qu’a choisi la personne dans le cadre de ses croyances et de ses limitations pour atteindre cet état de conscience. (Une des croyances les plus répandues est que l’évolution passe par la souffrance et la maladie.)

La découverte du « compagnon » (terme qui désigne l’ego véritable) va lui permettre de mettre bas les masques (2ème roue du 3ème quart).

Il voit alors clairement qui il n’est pas mais il ne sait pas encore qui il est. Cette perte des repères de l’identité va le plonger dans la confusion. Il pourra avoir l’impression de « perdre la tête ». Son mental ne lui semblera plus d’aucun secours.
Mais ne faut-il pas se perdre pour se « retrouver » ? (3ème roue du 3ème quart)
 

Cette étape est cruciale car il y a le risque de confondre les symptômes de libération avec les symptômes de l’ancien état de souffrance. Des symptômes de guérison peuvent être interprétés comme des maladies alors que c’est le corps qui saisit l’occasion pour évacuer toutes les scories qu’il a accumulées depuis bien longtemps, pour éliminer ce qui n’est plus utile et pour réparer et restaurer ce qui doit l’être.

La recherche de l’unité, de l’amour infini ne peut être comblée tant que la dualité se manifeste en l’Être. Aussi, va-t-il inverser le processus. Plutôt que de chercher à l’extérieur la plénitude, il va la rechercher en lui-même. C’est le chemin de l’introversion, de la méditation. Il va mettre une distance entre les évènements extérieurs et sa perception, ce qui va empêcher les émotions de le submerger et de ressentir des émotions violentes face aux événements.
Un quatrième brin d’ADN est activé : il est porteur de toutes les informations concernant l’amour inconditionnel.
A ce stade, l’humain n’a réalisé qu’une partie de sa croissance. (Conscience de transmutation) (1ère roue du 4ème quart).





Cela va lui permettre de découvrir « l’Autre » qui l’habite, c’est-à-dire, son Être intérieur. Cette partie de lui libre et non soumise aux conditionnement social, aux habitudes, cette partie qui se suffit à elle-même et qui échappe à la dualité. Cette étape est celle de la supraconscience qui correspond à l’activation d’un cinquième brin d’ADN porteur des informations relatives au fait de s’exprimer et de vivre au-delà de la dualité. (2ème roue du 4ème quart)

Après le chemin de l’introversion, il va prendre le chemin de la croissance spirituelle qui se fait au dehors, dans la relation à l’autre car il a désormais compris que l’Autre, c’est lui. La sympathie devient empathie, la communication communion.
Sa relation avec Dieu va être radicalement changée car elle est la découverte de la dimension divine en l’homme. (Hyper conscience)
Un sixième brin d’ADN est activé avec toutes les informations relatives aux facultés de précognition du subconscient. ( 3ème roue du 4ème quart)

Commence alors une nouvelle spirale qui accueille un humain « guérit » de ses souffrances psychologiques, parfaitement libre et lucide du monde qui l’entoure et qui peut désormais œuvrer, en possession de sa pleine puissance.

C’est en vivant dans le monde dans l’état d’hyper conscience, que l’être humain atteint ensuite l’illumination et la réalisation pour vivre l’ascension.

Pour conclure, nous pouvons dire qu’il existe une médecine d’urgence et une psychologie d’urgence qui servent à soutenir le petit « Moi » dans ses moments de fragilité, qui servent à réparer les traumatisme physiques, affectifs et psychologiques. Mais la véritable médecine et la psychologie de demain s’adresseront ensuite au Soi pour l’aider à reprendre sa place dans l’évolution humaine.


https://hyperconscience.wordpress.com/category/theorie-de-leveil/

samedi 10 janvier 2015

"LES MYSTERES DU CERVEAU: LES POSSIBILITES DE LA NEUROPLASTICITE"


Alors que l'on pensait encore il y a quelques temps que le cerveau était une machine figée et précablée, les scientifiques se sont rendus compte, relativement récemment, qu'ils étaient en fait totalement dans l'erreur.

En effet, nous savons désormais que cet organe évolue tout au long de la vie et que même lorsque des dommages lui sont faits, il est capable de compenser les effets négatifs engendrés par ces derniers dans certains cas.
Cette découverte permit aux médecins et autres professionnels de la santé de ne plus considérer certains handicaps comme irrémédiables.

L'une des techniques qui découla de cette avancée fut la « substitution sensorielle ». Grâce à cette dernière, il est possible de compenser un sens manquant en acheminant le signal vers une zone traitant un autre sens.


Ainsi, il est possible d'une certaine manière de rendre la vue à un aveugle en faisant correspondre un stimulus visuel avec un traitement tactile. Ces personnes deviennent alors capables de voir littéralement leur environnement grâce à des images reconstruites dans leur mental.
En d'autres termes, certaines parties du cerveau que l'on pensait jusqu'alors exclusives peuvent se réorganiser afin de traiter l'information dans une autre zone.

Un autre exemple, que vous pourrez voir au sein de ce reportage, est celui d'une femme qui a perdu son sens de l'équilibre du jour au lendemain de façon, à priori, irréversible.
Pourtant, des chercheurs ont réussi à inventer un appareil lui envoyant des signaux tactiles au niveau de sa langue. Ceux-ci sont transmis à la zone cérébrale responsable du sens du toucher qui les transmet à son tour vers la zone contrôlant l'équilibre en utilisant des connexions jusque-là peu usitées.


Au fil des expérimentations, les chercheurs se sont rendu compte que l'effet persistant de l'appareillage après son extraction était cumulatif d'une séance à l'autre. Ils ont donc compris qu'il s'agissait en fait, dans ce cas, d'une simple rééducation et non juste une substitution sensorielle.

Mais les possibilités de la neuroplasticité ne s'arrêtent pas seulement au niveau sensoriel. En effet, il est également possible de combattre certaines déficiences cognitives en stimulant la partie du cerveau responsable de la fonction déficiente à l'aide d'exercices spécifiques. De cette manière, l'organe développe de nouvelles connexions et améliore la conductivité du signal.


Ceci est également valable pour des personnes ne présentant pas de déficits, mais qui souhaitent améliorer leurs compétences. Ceci prend d'ailleurs tout son sens pour lutter contre le vieillissement normal.

Ce constat a été largement adaptée au niveau neuropsychologique. Par exemple, on s'est rendu compte qu'après un traitement chimiothérapique, de légers troubles cognitifs pouvaient apparaître. Cet effet secondaire appelé « chemobrain » est aujourd'hui connu et on arrive à en limiter les effets grâce à des ateliers permettant de stimuler les fonctions cognitives.

Par ailleurs, certains déficits entrainés par un AVC peuvent également être compensés. C'est ainsi qu'une thérapie appelée « mouvement induit par la contrainte » a vu le jour. Celle-ci consiste à stimuler la partie du corps paralysée en immobilisant la partie valide. Cette technique portant le nom de modelage fonctionnel permet de faire prendre en charge les fonctions perdues par de nouveaux neurones situés dans la partie « valide » du cerveau, grâce à un phénomène de compensation.


Cette méthode est bien sûr applicable à d'autres pathologies cérébrales.


Pour autant, la plasticité cérébrale n'est pas forcément bonne dans tous les cas. En effet, la routine de nos actes cognitifs et moteurs, et donc l'utilisation des mêmes réseaux neuronaux, nous permet d'effectuer avec plus d'aisance ceux-ci. Par ailleurs, certains chercheurs soupçonnent même qu'une hyperplasticité cérébrale pourrait être la cause de certains spectres autistiques.


Dans un autre registre, la neuroplasticité est également responsable de la douleur que ressentent certains amputés via le phénomène connu sous le nom de « membre fantôme ».

Encore plus troublant, il semblerait que le simple fait de penser modifie notre cerveau. C'est en tout cas la conclusion à laquelle sont arrivés certains chercheurs qui ont constaté que les mêmes zones cérébrales étaient activées lorsqu'un sujet faisait une action de façon concrète ou par la pensée.
Ainsi, en suivant ce constat, le cerveau changerait à chaque pensée que nous émettrions !

Pour conclure, la plasticité cérébrale semble avoir peu de limites, comme vous pourrez le voir au travers du cas d'une jeune fille qui naquit avec un seul hémisphère cérébrale qui finalement réussit à porter en lui les fonctions qui étaient normalement destinées à celui manquant.


Pour autant, le domaine de la neuroplasticité est encore jeune, et nul doute que le futur nous réserve des découvertes encore bien plus incroyables...




Les étonnants pouvoirs de transformation du... par enfant-du-big-bang


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mardi 30 décembre 2014

(PRESQUE) TOUT SAVOIR SUR LA GLANDE PINEALE


L’épiphyse neurale (aussi appelée « glande pinéale ») est aussi petite qu’un pois et de la forme d’une pomme de pin, d’où elle tire son nom (du latin « pinea » qui veut dire « pin »). Cette glande fut l’avant-dernière des glandes endocrines dont la fonction fut identifiée.

L’épiphyse est la première glande à être formée dans les fœtus. Elle se distingue à 3 semaines. Elle se trouve au centre géométrique du cerveau, creuse et remplit d’un fluide contenant des cristaux d’apatite.

L’épiphyse est souvent associée à des spéculations tant physiologiques que métaphysiques. Elle tiendrait par ailleurs un rôle supposé central dans la pensée du fait de sa position dans l’encéphale.

La plus célèbre de ces théories est sans doute celle du philosophe français René Descartes, qui désigna la glande pinéale comme le « siège » de l’âme. Pour justifier cette hypothèse, Descartes se basait sur le fait que l’épiphyse aurait été l’unique organe de la tête à n’être pas conjugué. C’est-à-dire ne se présentant pas sous une forme de paire d’organes symétriques situés de part et d’autre du plan sagittal.

Aujourd’hui, les études histologiques ont montré qu’elle est bien un organe conjugué. Mais les deux hémisphères qui la constituent sont presque fusionnés.



 La position de l’épiphyse (glande pinéale) dans le cerveau humain

 
Épiphyse et chimie dans le corps humain

Nonobstant le fait que ses fonctions soient particulièrement discutées, il n’y a toutefois plus de doute concernant son rôle tant au niveau de la régulation de ce que l’on appelle les cycles circadiens (cycles vitaux dont principalement le sommeil), qu’au niveau du contrôle des activités sexuelles et de la reproduction.

À partir de la sérotonine (hormone impliquée dans diverses pathologies psychiatriques telles que stress, anxiété, phobies, dépression), l’épiphyse sécrète la mélatonine. Elle joue donc, par l’intermédiaire de cette hormone, un rôle central dans la régulation des rythmes biologiques (veille/sommeil et saisonniers).


Julius Axelrod a, par de nombreuses expériences, découvert le rôle de la mélatonine et de la glande pinéale sur le cycle du sommeil et les autres rythmes circadiens. En temps normal, la mélatonine est sécrétée la nuit uniquement (pic de sécrétion à 5 heures du matin chez l’humain, et en moyenne, car sa production est inhibée par la lumière).

Au sein de ce qu’on appelle le système photoneuroendocrine, l’épiphyse ne joue donc qu’un rôle de transduction qui convertit le rythme imposé par le noyau suprachiasmatique en message hormonal endocrinien, via la sécrétion de l’hormone mélatonine. L’épiphyse étant localisée en dehors de la barrière hématoencéphalique, la mélatonine va donc se distribuer dans l’ensemble du corps (nous verrons également que cette localisation la rend sensible à la calcification).

La production de mélatonine a lieu principalement pendant la nuit, lors des phases de sommeil (y compris chez les espèces nocturnes). La synthèse de la mélatonine se fait en quatre étapes enzymatiques dans l’épiphyse à partir de l’acide aminé essentiel tryptophane, en passant par une étape de synthèse de la sérotonine.




Par ailleurs, l’épiphyse joue un rôle dans la régulation du développement sexuel par le fait que la mélatonine aurait un effet antigonadotrope qui inhibe l’apparition des caractères sexuels secondaires.

La baisse de production de mélatonine à la puberté correspondrait donc à une levée de cette inhibition. Cela expliquerait le fait qu’un dysfonctionnement de l’épiphyse peut se manifester par une puberté précoce (développement accéléré des organes sexuels et du squelette).

Dans l’espèce humaine, l’épiphyse croît en volume jusqu’à l’âge d’un à deux ans puis se stabilise. Mais sa masse augmente à partir de la puberté. En effet, il se produit souvent une calcification de cette glande chez l’adulte qui est associée à la baisse de production de mélatonine.

La glande pinéale est un œil véritable chez certains lézards tel que le sphénodon. Connu pour posséder un troisième œil, dit « œil pariétal » ou « œil pinéal ». Il possède un cristallin, une cornée, une rétine à photorécepteurs de type bâtonnet et une connexion nerveuse (dégénérée) avec le cerveau. Ces observations suggèrent qu’il s’agisse d’un œil véritable. Cet œil pinéal n’est visible que chez les petits, qui présentent une partie translucide au centre du sommet du crâne. Après 4 à 6 mois, elle se couvre d’écailles opaques et de pigments.

Le rôle de ce troisième œil est inconnu, mais il pourrait être utilisé pour absorber les ultraviolets dans le but de synthétiser de la vitamine D, comme pour déterminer le rythme nycthéméral et aider à la thermorégulation. De tous les tétrapodes actuels, le sphénodon est celui chez qui l’œil pinéal est le plus développé.

Autre hypothèse : il a été démontré que, chez la salamandre, le complexe pinéal est utilisé pour percevoir la lumière polarisée, et détermine ainsi la position du soleil même s’il y a un couvert nuageux, aidant ainsi à la navigation.

Enfin chez les oiseaux, la glande pinéale située juste sous la surface du crâne capterait une partie de l’intensité lumineuse extérieure et permettrait ainsi d’ajuster le rythme circadien.


L’approche scientifique
 

Le neurochirurgien Sergio Felipe de Oliveira est titulaire d’un magistère en sciences de la faculté de médecine de l’université de São Paulo. Il est également directeur de la clinique « Pineal Mind » de São Paulo. Il a étudié la physique durant quatre ans à l’université de São Paulo, au sein de laquelle il a travaillé sur les théories des champs d’ADN.

Pour sa thèse de doctorat de l’université de São Paulo, le Dr Sergio Felipe de Oliveira a fait des recherches sur les cristaux de l’épiphyse au moyen de la diffraction des rayons X. Ce travail lui a permis de vérifier qu’elle donnait lieu à la formation de structures organisées.

L’hypothèse du Dr Sergio Felipe de Oliveira est que : « la glande pinéale est un organe semblable à un téléphone portable, qui capte les ondes du spectre électromagnétique. »

John P. Rose, de l’université d’Oxford, affirme que l’être humain est un être biologique, psychologique et spirituel.

 D’après le théorème de Gödel, un système ne peut pas être capable d’exprimer une conscience de lui-même, notre corps ne peut pas être autoconscient, la conscience doit donc être extérieure à celui-ci. Notre corps ne peut pas produire sa propre conscience. Dès lors, la conscience doit provenir de l’extérieur.

    « La pensée s’incline sur le trapèze du cerveau. La pensée est installée dans le cerveau, et le cerveau est l’instrument de la personne, qu’est l’esprit. » Machado de Assis dans – Œuvres posthumes

Plus proches de nous, ces propos rappellent les interrogations de Jean Jaurès dans sa thèse de quatre cent vingt-neuf pages intitulée « De la Réalité au monde sensible », qu’il présenta en 1891, à la Faculté des lettres de Paris : « Mon corps est mon corps, mais il n’est pas moi. Or, s’il n’est pas moi, et qu’il est pourtant uni à moi, mêlé à moi, la situation où je me trouve est équivoque et fausse. D’un côté, cette matière unie à l’esprit est pour lui une servante et une amie; de l’autre côté, elle est une étrangère. Dans quel état contradictoire et incertain va être le monde fait de matière et d’esprit ? »



Des cristaux d’apatite

L’étude par la diffraction des rayons X a donc permis au docteur De Oliveira de découvrir l’existence des cristaux d’apatite (la tomographie par ordinateur et la résonance magnétique furent également utilisées).

L’apatite est un minéral que l’on trouve aussi dans la nature sous la forme de pierres taillées. Des recherches montrent que ce cristal réagit aux champs électromagnétiques. Dans l’épiphyse, on a pu observer qu’une microcirculation sanguine maintenait métaboliquement les cristaux réceptifs.


 
                                                             Cristaux d’apatite

Ces cristaux donnent à la glande une structure semblable à celle d’une caisse de résonance : l’apatite comporte de nombreux électrons (charge négative) à sa superficie : ils repoussent le champ magnétique. Lorsqu’un champ magnétique s’approche de la glande, il touche l’un des cristaux qui ricoche sur un autre, et ainsi de suite. Jusqu’à ce que le champ soit fait prisonnier et fasse résonner tous les cristaux de l’épiphyse.

Sergio Felipe de Oliveira a disséqué divers cadavres et a pu vérifier qu’aucune épiphyse n’est semblable à une autre. Il en a coupé une au milieu, l’a soumis au microscope électronique et a pu vérifier qu’il y a diverses structures couvertes par des enveloppes formées de tissu conjonctif.
 

Ainsi, le Dr Sergio Felipe de Oliveira, en fracturant un cristal d’apatite, s’est aperçu qu’il présentait des lamelles concentriques, à l’image d’un oignon, avec un modèle ressemblant à celui d’un tronc d’arbre. Plus on est âgé, plus on a de fines lamelles. Ce n’est donc pas la quantité de cristaux d’apatite qui indique l’âge, mais le nombre de lamelles qu’un cristal possède.


                                      Grossissement des cristaux d’apatite au microscope


Plus une personne dispose de cristaux, plus elle aura de possibilités de capter les ondes électromagnétiques.

Personne ne peut augmenter ou diminuer cette concentration de cristaux. C’est là une caractéristique biologique, au même titre que la couleur des yeux ou des cheveux.

Nous sommes donc tous dotés de différentes quantités de cristaux d’apatite. Et bien que nous n’ayons aucun pouvoir pour en augmenter la quantité, il nous est cependant possible d’en stimuler fortement le fonctionnement. Par exemple, en améliorant ses qualités de réception par la réduction de sa calcification.



Épiphyse et calcification

La calcification est l’accumulation de cristaux de phosphate de calcium dans diverses parties du corps. C’est un processus naturel causé par les nanobactéries qui forment de minuscules coquilles de phosphate de calcium autour d’eux, essentiellement pour se protéger du système immunitaire.

De par sa position dans le cerveau, l’épiphyse n’est pas protégée par la barrière hématoencéphalique. Elle reçoit donc plus de sang que tous les autres organes à l’exception des reins. Comme elle n’est pas protégée du flux sanguin, elle accumule des dépôts de minéraux qui s’attachent aux cristaux qui la constituent.

Ainsi, on constate que chez la plupart des êtres humains l’épiphyse est fortement calcifiée. Tant et si bien qu’elle apparait comme un morceau de calcium lors d’une IRM.




Vue IRM d’une glande pinéale calcifiée – 40% des gens normaux à l’âge de 20 ans et généralement moins de 1 cm de diamètre

 

Comme l’épiphyse contient des cellules photosensibles (qui perçoivent la lumière et qui déclenchent la production de mélatonine) leur propriété de piézoluminescence ne peut plus s’exercer. La sécrétion de mélatonine étant réduite, les effets de la calcification peuvent être la dépression, l’anxiété, la boulimie/anorexie, la schizophrénie et d’autres formes de troubles.


Les causes de la calcification
 

La calcification de l’épiphyse est causée principalement par le fluorure de calcium qui circule dans notre sang. La glande pinéale contient la plus grande concentration de fluorure dans le corps.
Le fluorure (tout simplement le fluor) vient essentiellement des dentifrices, de l’eau du robinet et des médicaments psychotropes.



Dans notre histoire récente, c’est dans les camps de concentration de l’Allemagne nazie que, pour la toute première fois, de l’eau potable a été fluorée. Du fluorure de sodium était ajouté à l’eau afin de rendre les prisonniers stériles et de maintenir des comportements dociles. (Source : The Crime and Punishment of I.G. Farben – Le crime et la sentence de I.G. Farben de Joseph Borkin).

    « La fluoration de l’eau peut être un suicide national lent ou une liquidation nationale rapide. C’est de la folie criminelle. Une trahison ! » E.H. BRONNER, Ingénieur chimiste, Los Angeles.



L’importance de la lumière dans le fonctionnement de l’épiphyse

Il a été démontré que, de par sa structure cristalline, l’épiphyse capte un large panel des vibrations du spectre électromagnétique. Et quel que soit son rôle dans la réception des signaux, ce n’est pas elle qui décode mais le cortex frontal cérébral (auquel elle est reliée via le diencéphale et le thalamus). Sans cette interaction, les informations ne pourraient pas être comprises.

Nous avons vu que l’épiphyse est activée par la lumière et qu’elle contrôle les différents biorythmes du corps. Elle travaille en harmonie avec l’hypothalamus qui dirige la soif, la faim, les désirs sexuels et l’horloge circadienne. La lumière du soleil est donc extrêmement importante pour l’épiphyse. Elle est captée et « digérée » par les yeux et la peau. De là à lier le troisième œil au symbolisme du soleil (représenté dans de nombreuses civilisations) il n’y a qu’un pas.


Pour l’annecdote, dans les années 70, la NASA aurait conduit une série d’observations et de tests sur des sujets humains pratiquant une visualisation directe de la lumière solaire plusieurs minutes par jours. 



Les représentations religieuses et ésotériques

D’après certains scientifiques plus ou moins taxés de mysticisme (de Jeremy Hayward à Albert Einstein) tout, absolument tout n’est qu’une expérience de conscience. Or, dans de nombreuses cultures, cette conscience serait perçue à travers le troisième œil, l’épiphyse.

Pour de nombreux courants spirituels et religieux, l’épiphyse est considérée depuis des millénaires comme un pont vers une dimension au-delà du monde matériel. On y retrouve fréquemment la symbolique du cône de pin représentant la glande pinéale. En voici quelques exemples …



Dans le christianisme

Au Vatican, on trouve par exemple cette magnifique pomme de pin montée sur une colonne. La place porte même son nom « Cour de la Pina). Il y aurait de quoi se poser des questions très légitimes quant à sa présence au cœur de notre civilisation occidentale.




Place de la pomme de pin au Vatican

 
Dans l’hindouisme

Plus orientale, dans la mythologie védique du Yoga, l’épiphyse est associée, tantôt au chakra Ajna ou 3e œil (au centre du front), tantôt au Sahasrara ou chakra de la couronne, situé au sommet du crâne. Elle est le principal organe du corps, puisque possédant deux chakras responsables d’un développement de type extraphysique : la conscience.


D’ailleurs, pour avoir la même structure de base de nos organes visuels (nous l’avons abordé avec l’exemple du sphénodon) l’épiphyse est parfois aussi appelée « le troisième œil atrophié ». Dans la vision ancestrale des hindous, elle est une porte d’entrée vers le monde spirituel au travers de l’hypothalamus et une porte de sortie qu’est le cône qui va de l’épiphyse au lobe frontal.




Tableau « Femme Indienne » par Fructoso

 
Chez les sumériens

L’image nous montre le dieu ailé sumérien Enki avec un cône de pin dans la main. Empreinte de sceau-cylindre de la période d’Akkad représentant le dieu Ea sous sa forme courante. Chez les sumériens, l’épiphyse est considérée comme étant un organe possédant des fonctions transcendantales.




Représentation du Dieu Enki

 
Chez les égyptiens

Osiris, premier souverain de la terre d’Égypte, avec l’aide de Thot, maître suprême de l’arithmétique, de la parole et des scribes, initie les Égyptiens à l’écriture, à la science et à la magie. À l’opposé, son frère Seth, incarnation du mal, est jaloux et hait Osiris en raison de l’affection que tous lui portent. Seth tue Osiris puis s’en prend à son fils posthume Horus.

Au cours d’un combat, Seth arrache l’œil gauche d’Horus, le coupe en six morceaux et le jette dans le Nil. À l’aide d’un filet, Thot récupère les morceaux, mais il en manque un ! Thot le rajoute et rend à Horus son intégrité vitale. La somme des fractions de l’oudjat ne fait que 63/64 ; le 1/64 manquant est le liant magique ajouté par Thot pour permettre à l’œil de fonctionner. L’épiphyse ?




 
                                        Comparaison entre l’épiphyse et l’œil d’Horus


L’œil d’Horus a également été divisé en six composantes de base, chacune représentant un sens différent, l’odorat, le toucher, le goût, l’ouïe, la vue et la pensée (le thalamus étant la partie du cerveau humain qui traduit tous les signaux entrants à partir de nos sens).

Dans l’imagerie de l’Égypte antique, l’Œil Oudjat est un symbole protecteur représentant l’Œil du dieu faucon Horus. En translittération de l’écriture hiéroglyphique, irt signifie « œil » et wḏȝ, le verbe signifiant « se préserver » ou le mot « protection  ». Irt oudjat, ou plus communément oudjat en transcription signifie donc « œil préservé », l’Œil d’Horus en l’occurrence.

Les égyptologues considèrent généralement que la figuration de l’Œil Oudjat est un hybride d’œil humain et d’œil de faucon : elle combine des parties de l’œil humain, conjonctive, pupille et sourcil, avec vraisemblablement les taches en dessous de l’œil du faucon (deux marques colorées caractéristiques du faucon pèlerin).

Les Égyptiens l’utilisaient l’oudjat pour indiquer les fractions du hékat, unité de mesure de capacité qui servait pour les céréales, les agrumes et les liquides (un hékat valait environ 4,785 litres). C’est dans la légende des dieux Osiris et Horus qu’il faut chercher l’origine vraisemblable de cette curieuse notation.





Le caducée se compose en son centre par le canal central sushumna terminé par une pomme de pin


Chez les spirites

Depuis Allan Kardec, au XIXe siècle, la doctrine brésilienne spirite s’attache à s’expliquer à ce propos. Dans l’ouvrage spirite « Missionnaires de la lumière » dictée par l’esprit André Luiz, au travers de la psychographie du médium Francisco Candido Xavier, l’épiphyse est décrite comme étant la glande de la vie spirituelle et mentale.

Pour la doctrine spirite, l’épiphyse est un organe de haute expression pour le corps éthéré. Elle préside aux phénomènes nerveux de l’émotivité, due à son ascendance sur tout le système endocrinien, et joue un rôle fondamental dans le domaine sexuel.

Dans ce même ouvrage, André Luiz décrit aussi que l’épiphyse est liée à la pensée spirituelle au travers des principes électromagnétiques du champ vital, que la science formelle ne peut pas encore identifier, commandant les forces du subconscient sous la détermination directe de la volonté.



En conclusion

L’épiphyse joue un rôle central dans les phases du sommeil, de la reproduction, voir du bien être. Elle est constituée de cristaux d’apatite. Ces cristaux vibrent en fonction des ondes électromagnétiques captées.

L’épiphyse est stimulée par certaines longueurs d’onde de la lumière : de la lumière réfléchie comme de la lumière directe. Ceci, sur une très large palette du spectre, bien au-delà du seul spectre visible.

Les cristaux constituant les lamelles de l’épiphyse, de part nos modes de vie, sont sujets à la calcification. Cette calcification est réversible (il faudrait écrire un autre article à ce sujet) et l’activité de l’épiphyse semble stimulable (méditation, observation directe de lumière solaire …).
Si l’épiphyse coordonne le rythme, alors elle est confrontée au temps cyclique. Elle est donc l’unique organe du corps directement relié à la quatrième dimension : l’espace-temps.

Dans un très grand nombres de courant spirituels et religieux, l’épiphyse serait capable de détecter des dimensions invisibles aux yeux ordinaires. Pour certains philosophes et mystiques, elle serait le siège de la conscience, de l’âme.

Elle pourrait être lié aux phénomènes tels que la clairvoyance (voyance d’événements non encore advenus), la télépathie (communication au moyen de la pensée) et la capacité d’entrer en contact avec d’autres dimensions (médiumnité).



temple d'Angkor Wat au Cambodge

 
"YOGA ET GLANDE PINEALE"

Le yoga de la Force descendante

Sri Aurobindo partait du principe que l’humanité était entrée depuis le début du XXì siècle dans une nouvelle phase de mutation, qui rendait caduque les anciennes méthodes d’initiation basée sur l’éveil de la kundalini dans le sacrum. Selon lui, l’ouverture des chakras, qui détermine la spiritualisation de l’homme, doit maintenant s’opérer à notre époque non plus de bas en haut  (yoga de la Force ascendante) mais de haut en bas (yoga de la Force descendante). Une fois « réveillée », la force de Shiva, située au-dessus de la tête, pénètre dans le système humain par la porte de la pinéale, descend dans le canal central de la moelle épinière (sushumna) et perce, lentement et doucement, les différents chakras pour s’unir finalement avec la Mère divine, la Kundalini-Shakti, qui s’élève du bas de la colonne vertébrale à sa rencontre. L’un des avantages de cette méthode est que les centres énergétiques situés dans le bassin, vitaux et subconscients, ne s’ouvrent qu’en dernier (à l’inverse du processus tantrique), parfois même longtemps après qu’ils aient été « percés », évitant ainsi au candidat d’être confronté trop rapidement avec les forces chaotiques et sauvages de la Nature (c’est la raison pour laquelle les yogas traditionnels exigent absolument la présence d’un Maître protecteur, pour éviter à l’adepte de sombrer dans la folie ou l’autodestruction). Le but du processus révolutionnaire envisagé par Sri Aurobindo n’est donc pas seulement de « monter »  pour parvenir à la libération de la conscience hors de la matière, mais au contraire de « descendre »  pour transformer la Vie et la Matière jusque dans ses constituants les plus intimes (spiritualisation de la Nature)


(...)

Voir: "Les trois kundalini et le nouveau devenir humain" sur ce site.
 
 

    


mardi 16 décembre 2014

"JEREMY RIFKIN : VERS UNE GENERATION DU PARTAGE"


Visionnaire, conseiller de grands chefs d’Etat, Jeremy Rifkin prévoit un profond changement économique. Signe de l’émergence d’une conscience globale ?

Spécialiste des prospectives économiques et scientifiques, Jeremy Rifkin est un penseur incontournable de notre temps. Le magazine politique américain National Journal l’a classé dans sa liste des 150 personnes les plus influentes sur la politique américaine. Il a conseillé la Commission européenne et le Parlement européen, le Premier ministre espagnol M. Zapatero – alors que celui-ci était président de l’Union européenne –, la chancelière allemande Mme Merkel, le Premier ministre portugais M. Sòcrates et le Premier ministre slovène M. Janša – lors de leurs présidences respectives du Conseil de l’Europe. Jeremy Rifkin a accepté de partager avec nous sa vision du profond changement de conscience dont nous faisons actuellement l’expérience.



Lorsque nous analysons les données économiques et écologiques, il est difficile de garder espoir. Est-il possible de préserver l’espérance ?


J. R : Je pense que notre culture moderne est construite sur une profonde incompréhension de la nature humaine. Pour le dire simplement, nous voyons l’être humain comme un monstre prédateur, brutal, compétitif, cherchant l’autonomie, l’indépendance et la satisfaction personnelle. Ces idées ont pris forme il y a plus de 200 ans durant l’âge des Lumières, au début de l’ère du marché. John Locke, un philosophe anglais précurseur des Lumières, a ainsi avancé que les enfants naissent comme des pages blanches, en précisant tout de même qu’ils ont une prédisposition pour l’acquisition de la propriété.
Adam Smith, un économiste écossais, a poursuivi en disant que les enfants arrivent au monde avec le besoin d’être autonome et de satisfaire leurs intérêts personnels. Jeremy Bentham, autre philosophe anglais, a ensuite affirmé que les bébés naissent avec pour seul but de satisfaire leurs désirs et que nous sommes des créatures utilitaires. Charles Darwin a déclaré que la préoccupation principale des créatures sur terre est de se reproduire afin de survivre. Enfin, Sigmund Freud a insisté sur le fait que les bébés sont animés d’un appétit sexuel insatiable et que nous passons notre vie essayer de satisfaire notre libido. Est-ce réellement ce que nous voyons lorsque nous regardons un bébé ? Si vraiment nous sommes tout cela, alors oui, il est difficile d’espérer. Il n’y a aucune chance pour que 7 milliards d’individus rationnels, calculateurs, détachés, cherchant à satisfaire leurs intérêts personnels et matériels, se rassemblent en une famille globale et comprennent que nous vivons en symbiose avec nos compagnons des autres espèces. Cependant, pour les recherches actuelles, notamment en neurobiologie et en développement de l’enfant, nous sommes en réalité une espèce empathique et sociale. Nous cherchons la communication, la compagnie, le partage.



Que permet cette redécouverte de l’empathie ?


J. R : L’empathie nous permet de ressentir ce que vit l’autre comme si nous étions nous-mêmes en train d’en faire l’expérience. Lorsque nous sommes dans l’empathie, nous nous situons à la fois dans une conscience de la mort et dans une célébration de la vie. Quand je suis en empathie avec vous, je comprends que vous êtes fragile, mortelle, que la vie n’est pas toujours facile et je vous montre de la compassion et de la solidarité. L’empathie nous fait comprendre que nous sommes tous dans le même bateau.
Si l’être humain est câblé pour l’empathie, n’est-il pas possible d’étendre cette empathie à l’entièreté de la race humaine ? Pouvons-nous même la prolonger à notre famille évolutive, c’est-à-dire à toutes les espèces vivant sur cette planète ? Parce que si nous arrivons à créer une conscience globale – que je préfère appeler conscience biosphérique –, nous pourrons peut-être nous en sortir. Mais si nous ne pouvons pas développer cette conscience biosphérique, je ne vois pas comment nous allons faire face aux changements climatiques actuels et à leurs conséquences. Nous sommes actuellement au cœur d’une sixième extinction de masse, la sixième en 450 millions d’années. Il nous faut urgemment prendre conscience de l’énormité de notre situation.



Ainsi, l’esprit humain pourrait évoluer vers une conscience biosphérique ?


J. R : Oui, la conscience d’un homme de la préhistoire ou d’un homme de l’époque médiévale n’est pas la même que celle de nos contemporains. Les historiens nous parlent d’une série d’événements marquants, souvent dramatiques. Cependant, il existe une autre histoire, que souvent nous ne voyons pas. Hegel, le philosophe allemand, disait : « Les périodes de bonheur sont pour l’histoire des pages vides. » Or, ces pages vides sont autant d’occasions de changements de conscience – qui étendent notre capacité d’empathie à des familles de plus en plus larges. Cette évolution de la conscience est liée aux changements de régime énergétique, de logistique des transports et des communications. Lorsque nous accédons à de nouvelles sources d’énergie, nous développons de nouvelles infrastructures et arrivons à gérer des organisations de plus en plus vastes et complexes. Nous étendons en quelque sorte notre système nerveux à l’extérieur de nous et ce, de plus en plus loin. Cela change notre orientation spacio temporelle, et donc, notre conscience. Nous créons des civilisations qui rassemblent de plus en plus de personnes et élargissons la « famille » avec laquelle nous sommes en empathie.



Auriez-vous un exemple ?


J. R : Pendant 93 % du temps passé sur cette planète, les hommes ont été des chasseurs-cueilleurs. Nos sources énergétiques dépendaient des plantes, des animaux et des capacités du corps humain. Ces sociétés ont créé le langage pour s’organiser socialement. Elles avaient une conscience mythologique. Leur capacité d’empathie s’étendait aux liens du sang. L’émergence des grandes civilisations hydrauliques qui ont développé l’agriculture centralisée, a élargi nos consciences. Regardons Sumer en Mésopotamie, nous sommes passés de petites tribus à des civilisations regroupant des milliers de personnes capables de gérer des stocks de céréales. Pour cela, il a fallu construire des canaux, des routes, une forme de vie urbaine et l’écriture cunéiforme. Ce qui est fascinant, c’est que partout où nous voyons apparaître de grandes civilisations hydrauliques, au Moyen-Orient, dans le Nord de l’Inde, en Chine, au Mexique, nous voyons également émerger une forme d’écriture – qui permet d’étendre notre capacité de gestion. Nous constatons aussi que toutes les grandes religions naissent à ce moment-là. Nous passons ainsi d’une conscience mythologique à une conscience théologique. Notre capacité empathique s’étend de nouveau : nous passons des liens du sang aux liens religieux.



Que se passe-t-il actuellement ?


J. R : La première révolution industrielle, basée sur l’essor des moteurs à vapeur consommant du charbon, a lieu au XIXe siècle. L’impression commence à produire des livres et des journaux en masse, parallèlement à l’avènement du télégraphe et à la construction de vastes réseaux ferroviaires. Notre empathie s’étend de nouveau. Nous passons d’une conscience théologique à une conscience idéologique. Au XXe siècle, deuxième révolution industrielle. Le téléphone devient le système de gestion d’un nouveau régime énergétique basé sur le pétrole et le moteur à combustion. L’empathie s’étend de nouveau à une conscience psychologique. Pouvons-nous passer à la prochaine étape qui serait la conscience biosphérique ? Je pense que nous sommes déjà en chemin, bien qu’il y ait encore des obstacles possibles.



Quels sont les facteurs de l’apparition d’une conscience biosphérique ?


J. R : 40 % de la race humaine est connectée à Internet, rapidement nous arriverons à presque 100 %. Internet et les ordinateurs personnels provoquent une transformation profonde de nos habitudes de communication. Non seulement, actuellement, 3 milliards d’individus sont connectés au même réseau, mais de surcroît ces nouvelles technologies ne sont plus centralisées, hiérarchisées et basées sur la propriété privée. Elles sont distributives, collaboratives et basées sur l’accès libre. Cela veut dire qu’à l’heure actuelle, des milliards de personnes peuvent prendre un petit objet dans leurs mains et l’envoyer aux milliards d’autres personnes connectées d’une manière distributive. C’est un changement considérable qui constitue la base d’une troisième révolution industrielle, en cours actuellement.

Vous parlez dans vos ouvrages de l’émergence de cette troisième révolution industrielle et d’une nouvelle société du coût marginal zéro. Pouvez-vous nous en donner les grandes lignes ?


J. R : Je suis enseignant à la Warthon School, la plus vieille école de commerce des Etats-Unis. Le discours principal y est qu’il faut continuellement intégrer de nouvelles technologies pour augmenter la productivité et réduire le coût marginal. Cela permet d’offrir des biens et des services de moins en moins chers. Le coût marginal, c’est le coût de production d’une unité supplémentaire – d’un bien ou d’un service – après que les coûts fixes ont été payés. Par exemple, une fois que vous avez un morceau de musique digitalisé, en vendre une unité de plus ne coûte rien en termes de production. Cela devient un produit à coût marginal zéro. Ce qui est très étonnant, c’est que personne n’a vu le paradoxe auquel cette recherche du coût marginal zéro nous mène. Et pourtant, nous y sommes déjà à très grande échelle.


Pour commencer, nous avons des centaines de millions de jeunes qui partagent sur Internet leur musique, leurs vidéos, leur littérature à un coût marginal presque nul en utilisant une économie de partage. Ils court-circuitent les droits d’auteur et toute l’industrie des médias : musique, télévision, cinéma, presse et édition. Nous voyons aussi maintenant apparaître pléthore de cours en ligne, animés par les meilleurs professeurs et donnant accès à des diplômes académiques, à un coût marginal proche de zéro. Les mêmes cursus à l’université coûtent des milliers de dollars. De plus, avec l’avènement de l’intelligence artificielle, nous avons des logiciels, certains libres, qui peuvent non seulement assurer des performances administratives basiques mais aussi produire des analyses de données pertinentes – normalement fournies par des experts. Tous ces biens et ces services deviennent, pour ainsi dire, accessibles et gratuits.



Le partage serait alors la nouvelle valeur émergente ?


J. R : Nous avons tous lu Sa majesté des mouches. Nous avons tous pensé que le partage n’était pas viable. Regardons mieux. Sur Internet, les nouvelles générations pensent en termes de partage et de collaboration. Prenons Wikipédia : qui aurait pensé que cela marcherait ? La réalité, c’est que des millions de gens passent beaucoup de temps à contribuer de leur savoir à ce bien commun. Ils s’autorégulent en vérifiant ce qui a été mis en ligne, si bien que nous avons un produit final gratuit et de qualité. C’est du crowd sourcing – de la production collaborative de masse. YouTube, Linux et tous les logiciels libres en sont d’autres exemples frappants. Apparemment, toute une génération n’a rien d’autre à faire après l’école que d’inventer de nouvelles façons de partager les choses gratuitement. Et vous ne pouvez pas vous battre contre des millions d’adolescents qui se dédient à cela.



Ce phénomène semble toutefois ne concerner que les produits et les biens « virtuels ».


J. R : Les autres secteurs industriels pensent en effet qu’il y a une limite infranchissable à cette révolution qui leur évitera d’être touchés : celle de la matérialité. Mais ce qu’ils ne réalisent pas, c’est qu’avec l’Internet des objets, l’Internet des énergies et les sites de partage de services et de biens tels qu’Airbnb ou BlaBlaCar, ce phénomène est en train de se répandre de manière massive. Toutes les industries seront finalement affectées. Prenons l’Internet des objets : avec des imprimantes 3D, il est maintenant possible d’accéder à des logiciels libres de droits et d’imprimer des objets en recyclant des matériaux comme du plastique, du papier ou du métal. Une première voiture imprimée en 3D vient d’être produite. Le président Obama veut que chaque école ait une imprimante 3D dans les années à venir. Le phénomène va faire boule de neige. Cela veut dire que des millions de jeunes vont produire un nombre incalculable d’objets utiles et devenir des « pro-sommateurs » – des consommateurs devenus des producteurs contributifs. Cela aura un impact économique considérable.



Qu’est-ce que l’Internet des énergies ?


J. R : Nos nouvelles technologies permettent un nouveau régime énergétique : l’énergie distribuée. Les énergies distribuées sont plus connues sous le terme d’énergies renouvelables : le solaire, l’éolien, la géothermie, etc. Nous les appelons « distribuées » car contrairement aux énergies fossiles que nous utilisons actuellement et qui ne sont accessibles que dans certains endroits du globe, elles sont disponibles sur chaque centimètre carré de la planète. Tout le monde peut les produire et les distribuer à un coût marginal proche de zéro, une fois que l’équipement est rentabilisé. Le soleil, le vent, la terre, la mer, la biomasse, n’envoient pas de factures. Plus besoin de stratégies militaires colossales pour les sécuriser ni d’énormes investissements en capitaux pour les produire et de les amener jusque chez vous. Ainsi, les bâtiments vont devenir des sources d’énergie. Bouygues a construit à Paris un bâtiment qui produit tellement d’énergie par lui-même qu’il en renvoie dans le réseau de distribution.
Nous avons aussi de nouveaux moyens de stockage de ces énergies. Pendant des années, les gouvernements ont dit qu’il n’est pas sérieux de gérer une économie mondiale avec des énergies renouvelables. Mais aujourd’hui, nous pouvons utiliser notre infrastructure pour créer un Internet de l’énergie – c’est à dire échanger de l’énergie à travers les continents. Cela va produire un changement de régime énergétique colossal. 35 % de l’électricité allemande proviendra bientôt de sources renouvelables. En l’espace de 5 ans, nous avons vu toutes sortes de petites structures collaboratives, qui partagent leur énergie et fonctionnent démocratiquement, mettre à mal les 4 ou 5 grosses entreprises énergétiques allemandes. Qui aurait imaginé cela ? Les choses vont vite, très vite.



Nous serions donc en présence de nouveaux moyens d’extension de notre empathie ?


J. R : Quand les premiers astronautes d’Apollo ont envoyé les quelques photos amateurs de la planète Terre, celles-ci ont fait la couverture de tous les grands journaux. Pour la première fois, l’espèce humaine voyait son monde de l’extérieur. En 2010, en 30 minutes, l’information du tremblement de terre à Haïti était sur Twitter. En l’espace d’une heure, les images étaient sur YouTube. En moins de 2 heures des millions de personnes dans le monde entier étaient mobilisées dans un élan empathique considérable. Sur différents continents les nations se rassemblent pour former des unions. En France, vous êtes au cœur de l’Union européenne. Mais cela se passe aussi en Asie, en Afrique, en Amérique du Sud.
Tous ces phénomènes sont le signe de l’émergence d’une capacité d’empathie biosphérique. Les êtres humains commencent à vraiment comprendre, de manière très concrète, que nous sommes tous sur la même planète, que nous faisons partie d’une même biosphère et qu’il est intelligent de partager et de collaborer. Surtout, nous avons une nouvelle génération qui pense et fonctionne de manière systémique. Ces jeunes de 13 ou 14 ans veulent savoir d’où vient le morceau de viande dans leur assiette. Ils commencent à comprendre qu’il vient peut-être d’un endroit sur terre où la forêt tropicale a été rasée pour le produire. Ils remettent en question les habitudes de leurs parents en leur demandant pourquoi la télévision est tout le temps allumée même quand personne ne la regarde, pourquoi ils utilisent tant d’eau, pourquoi ils ont deux voitures. Autre changement énorme : ces jeunes gens ne se soucient plus d’être propriétaires. Ce qu’ils veulent maintenant, c’est avoir accès à des services et des biens. C’est la notion d’accès qui devient centrale, plus celle de propriété. Les gens de ma génération étaient loin de penser ainsi.



Est-ce la fin du capitalisme ?


J. R : Non, je le dis très clairement au début de mon dernier livre. Le capitalisme ne va pas disparaître. Nous ne pourrons pas nous passer de certaines de ses structures hiérarchisées et verticales. Par exemple, la première révolution industrielle a nécessité d’énormes investissements pour construire l’infrastructure du réseau ferroviaire, des routes, etc. Nous avons dû créer des sociétés actionnaires de manière à rassembler des fonds colossaux et des moyens sous un même toit, avec une gestion centralisée. Nous aurons certainement toujours besoin de ces modes capitalistes pour construire les grosses infrastructures. Cependant, le capitalisme va devoir cohabiter avec un nouveau système appelé économie du partage, basé sur les « communaux collaboratifs ». Nous allons donc vers un système économique hybride dans lequel des milliards de personnes vont s’engager dans des aspects sociaux de la vie au travers de millions d’organisations autogérées.



Cela vous permet-il d’avoir de l’espérance ?


J. R : Je ne suis pas naïf, j’ai été sur terre trop longtemps pour cela. Je pense que l’histoire est instable et que nous ne pouvons pas réellement anticiper le futur. Il peut y avoir des catastrophes naturelles, des dirigeants corrompus, nous pouvons continuer d’être aveuglés par nos intérêts personnels. Nous vivons dans un monde imparfait et je suis contre les idéaux de perfection. En revanche, je perçois qu’un mouvement est déjà en marche et pourrait bien nous mener vers une conscience biosphérique. Donc je participe en rassemblant toutes les données que nous avons, en les recadrant dans une image globale. Car une fois que nous pouvons conceptualiser ce qui se passe, il devient plus facile d’accompagner le mouvement. La seule façon de réduire notre empreinte écologique sur la planète est de produire une société à coût marginal zéro et de partager nos biens et nos services. Nous avons donc la possibilité actuellement de choisir des chemins plus empathiques et démocratiques. Si vous avez un plan B, dites-le moi. La bonne nouvelle, c’est que nous commençons à avoir une génération qui pourra peut-être gérer les changements climatiques avec une conscience biosphérique.

Stéphane Allix


INRESS