samedi 18 février 2012

"LA PSY TRANSPERSONNELLE ET LES SPIRITUALITES ORIENTALES"


Après des pionniers comme Jung, et à partir des années 60, la psychologie occidentale a été touchée par l’influence du Bouddhisme, du Védisme ou du Védantisme. Une nouvelle approche est issue de cette rencontre : le transpersonnel.

Pour beaucoup de Français, le terme transpersonnel est assez nouveau, sinon inconnu ; mais, aux Etats-Unis, voilà quarante ans qu’Abraham Maslow, philosophe, anthropologue et psychologue, créa cette psychologie transpersonnelle qui, comme il le souhaitait, fit « entrer dans le domaine de la science tous les problèmes laissés aux non-scientifiques ».

Maslow, en mettant à jour l’importance, dans la santé psychique, de la sécurité, de l’intégration sociale, de l’estime de soi et de la réalisation de soi, contribua grandement à ouvrir la voie de la psychologie humaniste dans une Amérique partagée entre le behaviorisme et le freudisme, mais il donna surtout l’impulsion à une véritable éthique du dépassement de soi qui anime encore, de nos jours, les transpersonnalistes les plus sérieux.

D’autres grands thérapeutes et penseurs américains, comme Grof, Wilber ou Vaughan, sont ensuite venus enrichir le transpersonnel qui, aujourd’hui, est une des branches de la psychologie les plus dynamiques et populaires du nouveau continent.

En Europe, bien que le mot transpersonnel n’ait guère été employé avant une date relativement récente, la route qui y menait fut plus que largement ouverte par d’admirables thérapeutes tels que Carl Gustav Jung et sa psychologie analytique, Robert Assagioli et sa psychosynthèse, Robert Desoille et son rêve éveillé, Jacques Kalmar et son ontanalyse, Victor Frankl et sa logothérapie...

Tous ont contribué, avant la lettre, à l’avènement de cette psychologie transpersonnelle qui, comme l’écrivait James Fadiman, fondateur du Journal of Transpersonnal Psychology, « se caractérise par un ensemble de conceptions partagées par des personnes ayant vécu certains états non habituels de conscience ».

Ces états non ordinaire de conscience : phénomènes parapsy, transe, méditation, psychédélisme, expériences paroxystiques, semblent donc au coeur de l’investigation du transpersonnel.

Mais, le choix de ce mot, lui-même, correspond surtout à un besoin de dépasser le stade de la personnalité, d’échapper au sentiment d’être une identité séparée. Et c’est bien en cela que les psychologues transpersonnels se rattachent à la philosophie orientale qui considère le moi séparé comme une illusion.

Ainsi, la psychologie et les psychothérapies transpersonnelles, en réalité, ne se bornent pas à l’exploration des états de conscience altérés, mais veulent s’intéresser aux perturbations résultant de l’enfermement des potentiels illimités de la Conscience dans les structures limitées de l’ego.

Si le psy transpersonnaliste admet, comme le psy personnaliste, qu’un équilibre psychologique est souhaitable, sa préoccupation essentielle reste tout de même cette part infinie de lui-même qu’il ne connaît pas et ne peut pas connaître, et qui pourtant n’est autre que la Réalité.

En fait, la grande différence entre les deux approches, personnelle et transpersonnelle, est de même nature que celle qui existe entre physique et métaphysique : alors que la psychologie classique observait les phénomènes psychiques observables, sans tenir compte de l’inobservable, la psychologie transpersonnelle tente d’observer, dans les phénomènes observables, l’incidence de ce qui n’est pas directement observable.


Les sept niveaux de la psychologie transpersonnelle

La psychologie transpersonnelle n’exclue toutefois pas les autres écoles psychologiques, mais elle les replace dans une hiérarchie tenant compte des différents niveaux de conscience. Dans sa Psychologia Perennis, Ken Wilber, rédacteur en chef de la revue ReVision, répertorie ces niveaux de conscience.

1/ Le premier niveau d’identification est celui de l’Esprit que l’on appellera Brahman, Tao ou Divinité. L’Esprit est ce qui Est, sans espace ni temps. Ce niveau de conscience est le seul état Réel. Il n’est donc ni anormal, ni, surtout, pathologique.

2/ Le niveau transpersonnel correspond aux Archétypes, à ce que Jung appelait l’inconscient collectif.

3/ Au niveau existentiel, l’identification s’opère sur l’organisme psychophysique total. La ligne de démarcation, entre soi et autrui, commence à ce niveau.

4/ Le niveau biosocial correspond à la grille de lecture culturelle.

5/ Le niveau de l’ego diffère en ceci du niveau existentiel, que l’individu ne s’identifie plus à son organisme psychophysique réel, mais à l’image qu’il a de lui-même.

6/ L’individu se ressentant comme un esprit dans un corps, les processus intellectuels s’engrènent... et c’est ce qui correspond au niveau philosophique.

7/ Le niveau de l’ombre, enfin, correspond à une identification à la persona. Ce dernier stade d’identification correspond à la maladie mentale, lorsque l’individu a rejeté dans l’ombre de l’inconscient une part de sa personnalité.

« A mesure que progresse l’évolution », écrivait Ken Wilber, « le sentiment de soi se différencie, tour à tour, de chaque niveau ou, pour ainsi dire, s’en dévêt. C’est à dire que, finalement, le soi se désidentifie de cette structure, de façon à s’identifier à la structure émergente suivante, d’un ordre plus élevé. Nous pourrions dire encore que le soi se détache de son identification exclusive à la première structure. Notons que le soi, se trouvant différencié à partir de la structure inférieure, il transcende cette structure et peut ainsi opérer sur elle en employant les capacités qu’offre la structure nouvellement émergente ».

Mais hélas, en réalité tout n’est pas toujours si simple, ni si fluide ; et le passage d’un niveau à l’autre provoque bien souvent des mouvements de recul, des retours en arrière. Et ces retours, s’opposant à l’ascension de la conscience, s’accompagnent nécessairement de pathos, de souffrance.

On voit donc le danger que représente la confusion dans laquelle se débat la psychologie conventionnelle, confusion entre les causes des diverses manifestations psychopathologiques, qui conduit trop souvent le thérapeute personnaliste à ramener son patient au niveau de conscience dont il doit précisément se détacher pour cesser de faire souffrir sa conscience.

Les cinq niveaux de la thérapie transpersonnelle

Au contraire des psy personnalistes, les transpersonnalistes, reconnaissant différents niveaux de conscience, travaillent à différents niveaux de thérapie :

1/ Les thérapies au niveau de l’ego : Lorsqu’un individu a restreint son identification au niveau de la persona, il est bien évident que le ramener au niveau de l’ego sera salutaire. Puisque, dans ce cas, il a rejeté dans l’ombre une partie de l’image qu’il avait de lui-même, il convient effectivement de la lui rendre à nouveau consciente, de restaurer cette image, cet ego.

2/ Les thérapies au niveau existentiel : Il ne s’agit plus, ici, de restaurer l’ego, mais, lorsque ce dernier a commencé à se dissoudre, et que diverses crises de dépersonnalisation se font sentir, d’installer l’identification dans l’organisme psychophysique total. Les fantasmes intellectuels du niveau philosophique, tels que la division du corps et de l’esprit, disparaissent, et l’unité psychophysique apparaît à la conscience. Les thérapies de ce niveau visent donc à élargir l’identité à l’ensemble de l’organisme.

3/ Les thérapies du niveau biosocial vont chercher en quoi le conditionnement socioculturel peut limiter l’expérience de l’organisme psychophysique.

4/ Les thérapies du niveau transpersonnel : A ce niveau, l’ensemble des dualismes tels que persona-ombre, ego-corps, organisme-environnement, est suspendu, en même temps que, par voie de conséquence, toute névrose individuelle est éliminée. La thérapie propre à ce niveau va donc consister dans la pratique de la véritable attention, celle qui naît avec le Témoin, avec cette capacité de la conscience à relier les paires d’antagonismes dans une observation sans jugement. Nous atteignons ici à la véritable auto-guérison où les dernières illusions se résorbent dans et par le Regard.

5/ Les thérapies au niveau de l’Esprit : C’est la dissolution du Témoin - qui restait clivé de ce dont il était témoin - et par conséquent de la dernière dualité, le Témoin et ce dont il est témoin ne faisant plus qu’un.

Jean-Claude Cartier


A visiter:  le site de Patrick Baudin:   http://holotropique.free.fr/index.htm

mercredi 15 février 2012

"EN FINIR AVEC LA SOUFFRANCE"


« La douleur et la souffrance sont inévitables tant et aussi longtemps que vous êtes identifié à votre mental, c'est-à-dire inconscient spirituellement parlant. Je fais ici surtout référence à la souffrance émotionnelle, également la principale cause de la souffrance et des maladies corporelles. Le ressentiment, la haine, l'apitoiement sur soi, la culpabilité, la colère, la dépression, la jalousie, ou même la plus petite irritation sont sans exception des formes de souffrance.

Et tout plaisir ou toute exaltation émotionnelle comportent en eux le germe de la souffrance, leur inséparable opposé, qui se manifestera à un moment donné. N'importe qui ayant déjà pris de la drogue pour "décoller" sait très bien que le "planage" se traduit forcément par un "atterrissage", que le plaisir se transforme d'une manière ou d'une autre en souffrance. Beaucoup de gens savent aussi d'expérience avec quelle facilité et rapidité une relation intime peut devenir une source de souffrance après avoir été une source de plaisir. Si on considère ces polarités négative et positive en fonction d'une perspective supérieure, on constate qu'elles sont les deux faces d'une seule et même pièce, qu'elles appartiennent toutes deux à la souffrance sous-jacente à l'état de conscience dit de l'ego, à l'identification au mental, et que cette souffrance est indissociable de cet état.

Il existe deux types de souffrance : celle que vous créez maintenant et la souffrance passée qui continue de vivre en vous, dans votre corps et dans votre mental. Maintenant, j'aimerais vous expliquer comment cesser d'en créer dans le présent et comment dissoudre celle issue du passé.

La plus grande partie de la souffrance humaine est inutile. On se l'inflige à soi-même aussi longtemps que, à son insu, on laisse le mental prendre le contrôle de sa vie.

La souffrance que vous créez dans le présent est toujours une forme de non-acceptation, de résistance inconsciente à ce qui est. Sur le plan de la pensée, la résistance est une forme de jugement. Sur le plan émotionnel, c'est une forme de négativité. L'intensité de la souffrance dépend du degré de résistance au moment présent, et celle-ci, en retour, dépend du degré d'identification au mental. Le mental cherche toujours à nier le moment présent et à s'en échapper. Autrement dit, plus on est identifié à son mental, plus on souffre. On peut également l'énoncer ainsi :

PLUS ON EST À MÊME DE RESPECTER ET D'ACCEPTER LE MOMENT PRÉSENT, PLUS ON EST LIBÉRÉ DE LA DOULEUR, DE LA SOUFFRANCE ET DU MENTAL.

Tant que vous êtes incapables d'accéder au pouvoir de l'instant présent, chaque souffrance émotionnelle que vous éprouvez laisse derrière elle un résidu. Celui-ci fusionne avec la douleur du passé, qui était déjà là, et se loge dans votre mental et votre corps. Bien sûr, cette souffrance comprend celle que vous avez éprouvée enfant, causée par l'inconscience du monde dans lequel vous êtes né.

Cette souffrance accumulée est un champ d'énergie négative qui habite votre corps et votre mental. Si vous la considérez comme une entité invisible à part entière, vous n'êtes pas loin de la vérité. Il s'agit du corps de souffrance émotionnel. Il y a deux modes d'être : latent et actif. Un corps de souffrance peut être latent 90 % du temps. Chez une personne profondément malheureuse, cependant, il peut être actif tout le temps. Certaines personnes vivent presque entièrement dans leur corps de souffrance, tandis que d'autres ne le ressentent que dans certaines situations, par exemple dans les relations intimes ou les situations rappelant une perte ou un abandon survenus dans leur passé, au moment d'une blessure physique ou émotionnelle. N'importe quoi peut servir de déclencheur, surtout ce qui fait écho à un scénario douloureux de votre passé. Lorsque le corps de souffrance est prêt à sortir de son état latent, une simple pensée ou une remarque innocente d'un proche peuvent l'activer.

Le corps de souffrance ne désire pas que vous l'observiez directement parce qu'ainsi vous le voyez tel qu'il est. En fait, dès que vous ressentez son champ énergétique et que vous lui accordez votre attention, l'identification est rompue. Et une dimension supérieure de la conscience entre en jeu. Je l'appelle la présence. Vous êtes dorénavant le témoin du corps de souffrance. Cela signifie qu'il ne peut plus vous utiliser en se faisant passer pour vous et qu'il ne peut plus se régénérer à travers vous. Vous avez découvert votre propre force intérieure. Vous avez accédé au pouvoir de l'instant présent.

Plusieurs corps de souffrance sont exécrables mais relativement inoffensifs, comme c'est le cas chez un enfant qui ne cesse de se plaindre. D'autres sont des monstres vicieux et destructeurs, de véritables démons. Certains sont physiquement violents, alors que beaucoup d'autres le sont sur le plan émotionnel. Ils peuvent attaquer les membres de leur entourage ou leurs proches, tandis que d'autres préfèrent assaillir leur hôte, c'est-à-dire vous-même. Les pensées et les sentiments que vous entretenez à l'égard de votre vie deviennent alors profondément négatifs et autodestructeurs. C'est ainsi que les maladies et les accidents sont souvent générés. Certains corps de souffrance mènent leur hôte au suicide.

Si vous pensiez connaître une personne, ce sera tout un choc pour vous que d'être pour la première fois confrontée soudainement à cette créature étrange et méchante. Il est cependant plus important de surveiller le corps de souffrance chez vous que chez quelqu'un d'autre.

Remarquez donc tout signe de morosité, peu importe la forme qu'elle peut prendre. Ceci peut annoncer le réveil du corps de souffrance, celui-ci pouvant se manifester sous forme d'irritation, d'impatience, d'humeur sombre, d'un désir de blesser, de colère, de fureur, de dépression, d'un besoin de mélodrame dans vos relations, et ainsi de suite. Saisissez-le au vol dès qu'il sort de son état latent.

Le corps de souffrance veut survivre, tout comme n'importe quelle autre entité qui existe, et ne peut y arriver que s'il vous amène à vous identifier inconsciemment à lui. Il peut alors s'imposer, s'emparer de vous, "devenir vous" et vivre par vous. Il a besoin de vous pour se "nourrir". En fait, il puisera à même toute expérience entrant en résonance avec sa propre énergie, dans tout ce qui crée davantage de douleur sous quelque forme que ce soit : la colère, un penchant destructeur, la haine, la peine, un climat de crise émotionnelle, la violence et même la maladie. Ainsi, lorsqu'il vous aura envahi, le corps de souffrance créera dans votre vie une situation qui reflétera sa propre fréquence énergétique, afin de s'en abreuver. La souffrance ne peut soutenir qu'elle-même. Elle ne peut se nourrir de la joie, qu'elle trouve vraiment indigeste.

Lorsque le corps de souffrance s'empare, vous en redemandez. Soit vous êtes la victime, soit le bourreau. Vous voulez infliger de la souffrance ou vous voulez en subir, ou bien les deux. Il n'y a pas grande différence. Vous n'en êtes pas conscient, bien entendu, et vous soutenez avec véhémence que vous ne voulez pas de cette souffrance. Mais si vous regardez attentivement, vous découvrez que votre façon de penser et votre comportement font en sorte d'entretenir la souffrance, la vôtre et celle des autres. Si vous en étiez vraiment conscient, le scénario disparaîtrait de lui-même, car c'est folie pure que de vouloir souffrir davantage et personne ne peut être conscient et fou en même temps.

En fait, le corps de souffrance, qui est l'ombre de l'ego, craint la lumière de votre conscience. Il a peur d'être dévoilé. Sa survie dépend de votre identification inconsciente à celui-ci et de votre peur inconsciente d'affronter la douleur qui vit en vous. Mais si vous ne vous mesurez pas à elle, si vous ne lui accordez pas la lumière de votre conscience, vous serez obligé de la revivre sans arrêt. Le corps de souffrance peut vous sembler un dangereux monstre que vous ne pouvez supporter de regarder, mais je vous assure que c'est un fantôme minable qui ne fait pas le poids face au pouvoir de votre présence.

Lorsque vous commencerez à vous désidentifier et à devenir l'observateur, le corps de souffrance continuera de fonctionner un certain temps et tentera de vous amener, par la ruse, à vous identifier de nouveau à lui. Même si la non-identification ne l'énergise plus, il gardera un certain élan, comme la roue de la bicyclette continue de tourner même si vous ne pédalez plus. A ce stade, il peut également créer des maux et des douleurs physiques dans diverses parties du corps, mais ceux-ci ne dureront pas.

Restez présent, restez conscient. Soyez en permanence le vigilant gardien de votre espace intérieur. Il vous faut être suffisamment présent pour pouvoir observer directement le corps de souffrance et sentir son énergie. Ainsi, il ne peut plus contrôler votre pensée.

Dès que votre pensée se met au diapason du champ énergétique de votre corps de souffrance, vous y êtes identifié et vous le nourrissez à nouveau de vos pensées.

Par exemple, si la colère en est la vibration énergétique prédominante et que vous avez des pensées de colère, que vous ruminez ce que quelqu'un vous a fait ou ce que vous allez lui faire, vous voilà devenu inconscient et le corps de souffrance est dorénavant "vous-même". La colère cache toujours de la souffrance.

Lorsqu'une humeur sombre vous vient et que vous amorcez un scénario mental négatif en vous disant combien votre vie est affreuse, votre pensée s'est mise au diapason de ce corps et vous êtes alors inconscient et ouvert à ses attaques. Le mot "inconscient", tel que je l'entends ici, veut dire être identifié à un scénario mental ou émotionnel. Il implique une absence complète de l'observateur.

L'attention consciente soutenue rompt le lien entre le corps de souffrance et les processus de la pensée. C'est ce qui amène la métamorphose. Comme si la souffrance alimentait la flamme de votre conscience qui, ensuite, brille par conséquent d'une lueur plus vive. Voilà la signification ésotérique de l'art ancien de l'alchimie : la transformation du vil métal en or, de la souffrance en conscience. La division intérieure est résorbée et vous devenez entier. Il vous incombe alors de ne plus créer de souffrance.

Concentrez votre attention sur le sentiment qui vous habite. Sachez qu'il s'agit du corps de souffrance. Acceptez le fait qu'il soit là. N'y pensez pas. Ne transformez pas le sentiment en pensée. Ne le jugez pas. Ne l'analysez pas. Ne vous identifiez pas à lui. Restez présent et continuez d'être le témoin de ce qui se passe en vous. Devenez conscient non seulement de la souffrance émotionnelle, mais aussi de "celui qui observe", de l'observateur silencieux. Voici ce qu'est le pouvoir de l'instant présent, le pouvoir de votre propre présence consciente. Ensuite, voyez ce qui se passe.

Le processus que je viens de décrire est profondément puissant mais simple. On pourrait l'enseigner à un enfant, et espérons qu'un jour ce sera l'une des premières choses que les enfants apprendront à l'école. Lorsque vous aurez compris le principe fondamental de la présence, en tant qu'observateur, de ce qui se passe en vous - et que vous le "comprendrez" par l'expérience -, vous aurez à votre disposition le plus puissant des outils de transformation.

Ne nions pas le fait que vous rencontrerez peut-être une très grande résistance intérieure intense à vous désidentifier de votre souffrance. Ce sera particulièrement le cas si vous avez vécu étroitement identifié à votre corps de souffrance la plus grande partie de votre vie et que le sens de votre identité personnelle y est totalement ou partiellement investi. Cela signifie que vous avez fait de votre corps de souffrance un moi malheureux et que vous croyez être cette fiction créée par votre mental. Dans ce cas, la peur inconsciente de perdre votre identité entraînera une forte résistance à toute désidentification. Autrement dit, vous préféreriez souffrir, c'est-à-dire être dans le corps de souffrance, plutôt que de faire un saut dans l'inconnu et de risquer de perdre ce moi malheureux mais familier.

Examinez cette résistance. Regardez de près l'attachement à votre souffrance. Soyez très vigilant. Observez le plaisir curieux que vous tirez de votre tourment, la compulsion que vous avez d'en parler ou d'y penser. La résistance cessera si vous la rendez consciente. Vous pourrez alors accorder votre attention au corps de souffrance, rester présent en tant que témoin et ainsi amorcer la transmutation.

Vous seul pouvez le faire. Personne ne peut y arriver à votre place. Mais si vous avez la chance de trouver quelqu'un d'intensément conscient, si vous pouvez vous joindre à cette personne dans l'état de présence, cela pourra accélérer les choses. Ainsi, votre propre lumière s'intensifiera rapidement. Lorsqu'une bûche qui commence à peine à brûler est placée juste à côté d'une autre qui flambe ardemment et qu'au bout d'un certain temps elles sont séparées, la première chauffera avec beaucoup plus d'ardeur qu'au début. Après tout, il s'agit du même feu. Jouer le rôle du feu, c'est l'une des fonctions du maître spirituel. Certains thérapeutes peuvent également remplir cette fonction, pourvu qu'ils aient dépassé le plan mental et qu'ils soient à même de créer et de soutenir un immense état de présence pendant qu'ils s'occupent de vous.

La première chose à ne pas oublier est la suivante :

TANT ET AUSSI LONGTEMPS QUE VOUS VOUS CRÉEREZ UNE IDENTITÉ QUELCONQUE À PARTIR DE LA SOUFFRANCE, IL VOUS SERA IMPOSSIBLE DE VOUS EN LIBÉRER.

Tant et aussi longtemps que le sens de l'identité sera investi dans la souffrance émotionnelle, vous sabotez inconsciemment toute tentative faite dans le sens de guérir cette souffrance ou y résisterez d'une manière quelconque. Pourquoi ? Tout simplement parce que vous voulez rester intact et que la souffrance est fondamentalement devenue une partie de vous. Il s'agit là d'un processus inconscient, et la seule façon de le dépasser est de le rendre conscient.

Réaliser soudainement que vous êtes ou avez été attaché à votre souffrance peut-être la cause d'un grand choc. Mais dès l'instant où cette prise de conscience a lieu, l'attachement est rompu.

Un peu comme une entité, le corps de souffrance est un champ énergétique qui se loge temporairement à l'intérieur de vous. C'est de l'énergie vitale qui est prise au piège et ne circule plus.

Bien entendu, le corps de souffrance existe en raison de certaines choses qui se sont produites dans le passé. C'est le passé qui vit en vous, et si vous vous identifiez au corps de souffrance, vous vous identifiez par la même occasion au passé. L'identité de victime est fondée sur la croyance que le passé est plus puissant que le présent, ce qui est contraire à la vérité. Que les autres et ce qu'ils vous ont fait sont responsables de ce que vous êtes maintenant, de votre souffrance émotionnelle ou de votre incapacité à être vraiment vous-même.

La vérité, c'est que le seul pouvoir qui existe est celui propre à l'instant présent : c'est le pouvoir de votre propre présence à ce qui est. Une fois que vous savez cela, vous réalisez également que vous-même et personne d'autre êtes maintenant responsable de votre vie intérieure et que le passé ne peut pas l'emporter sur le pouvoir de l'instant présent.

L'inconscience le crée, la conscience le métamorphose. Saint Paul a exprimé ce principe universel de façon magnifique : "On peut tout dévoiler en l'exposant à la lumière, et tout ce qui est ainsi exposé devient lui-même lumière." Tout comme vous ne pouvez vous battre contre l'obscurité, vous ne pouvez non plus vous battre contre le corps de souffrance. Essayer de le faire créerait un conflit intérieur et, par conséquent, davantage de souffrance. Il suffit de l'observer et cela suppose l'accepter comme une partie de ce qui est ce moment. »


Eckhart Tolle

[Extrait de "Mettre en pratique le pouvoir du moment présent"(Ed ariane)]

samedi 11 février 2012

"LA PSYCHOLOGIE TRANSPERSONNELLE"



Où comment vivre en harmonie...

Entrevue à Paris de Frédéric Hurteau M.Ps
Par la journaliste Céline Andrillo


La psychologie transpersonnelle est née en Californie dans les années 1970. Quatrième école de psychologie, elle reconnaît les approches précédentes et y ajoute la spiritualité comme partie intégrante de l’homme. Elle considère l’être humain dans ses quatre dimensions : physique, émotive, mentale et spirituelle. Elle réunit les données des psychologies individualistes de l’Occident et les perceptions des visions spirituelles et mystiques de l’Orient. Elle propose une vision existentielle au-delà de l’ego et donne aux expériences de vie un sens plus universel. L’intuition se développe et facilite une autre vision de la vie. Ici, l’humain fait partie du tout universel où cohabitent l’inconscient personnel (S. Freud) et l’inconscient collectif (C.-G. Jung). Il est un, libre et responsable. Il retrouve son pouvoir et son potentiel car il est capable de faire des choix et de les assumer. Pour en savoir plus, nous avons rencontré Frédéric Hurteau, québécois spécialiste en psychologie transpersonnelle.

A 38 ans, Frédéric Hurteau, psychothérapeute de formation traditionnelle et enseignant en communications et en relations interpersonnelles à l’Université , décide d’abandonner son cabinet. Homme d’intuition, il se sent frustré par l’approche de la psychologie traditionnelle. C’est lors d’un voyage en Californie qu’ildécouvre la psychologie transpersonnelle. Pour la première fois de sa vie, tout ce qu’il pressentait et n’osait faire lui était permis et était enseigné. Depuis plus de vingt ans, il se consacre à cette nouvelle approche et a créé le Centre de Psychologie Transpersonnelle du Québec en 1985 qu'il dirige jusqu'à aujourd'hui.


Qu’est-ce que la psychologie transpersonnelle ?

C’est la vision au-delà de l’ego. C’est une approche existentielle qui donne aux expériences de vie un sens universel. Elle permet une deuxième “lecture” des événements et situe l’être humain comme faisant partie du tout universel où cohabitent l’inconscient personnel et l’inconscient collectif. Elle donne un sens différent aux évènement de la vie: retour des choses positif ou passage initiatique difficile à un autre niveau de conscientisation par le biais d'une épreuve.

Quels sont les fondements du transpersonnel ?

La psychologie transpersonnelle s'enrichit des découvertes de la psychologie moderne et y ajoute la dimension spirituelle, partie intégrante de l’être humain, au delà de tout dogme ou croyance religieuse. C’est la rencontre de l’Orient et de l’Occident, l’union de la mystique ancienne et de la science moderne.

Qu’est-ce que l’intuition ?

L’intuition est cette connaissance immédiate, claire et directe de la vérité, en dehors de la raison. C’est l’accès à l’inconscient collectif, le savoir direct où se trouvent toutes nos ressources créatrices. Nous en savons plus que nous n’en n’apprendrons jamais. Il n’existe pas de gens qui savent et d’autres pas. Il n’y a pas d’élus. Quand Jung nous parle d’inconscient collectif, il parle de ces archétypes ou modèles universels de comportement, de ce réservoir infini qui n’attend qu’à être consulté.

Quelle est la spécificité de la psychologie transpersonnelle ?

C’est une approche holistique qui intègre les quatre dimensions de l’être humain, physique, émotive, mentale et spirituelle, pour accéder à l’harmonie. Cette nouvelle dimension permet d’inclure l’intuition, le silence et la méditation pour aller contacter tout cet impalpable qui existe. Sa plus grande richesse est d’apporter une deuxième lecture de l’existence humaine.

Que signifie la deuxième lecture ?

C’est une autre vision des choses. Elle transforme les épreuves en cadeaux. Vous venez de perdre votre emploi, vous êtes en colère, vous avez peur. La deuxième lecture vous conduit à vous interroger sur ce que vous venez de recevoir. Ce peut être l’opportunité de changer de travail, de trouver votre propre domaine de réalisation et de faire ce dont vous avez toujours rêvé. Vous vivez un deuil, ça fait monter en vous dela tristesse, un sentiment de trahison et une impression de désarroi et de même de la colère... En deuxième lecture, au delà des frustrations de l'ego, vous tentez de trouver l'héritage, les messages, la mission peut-être que vous laisse cette personne chère par son départ physique et non spirituel. L'énergie de cette être cher demeure avec vous et son esprit veille sur vous. Vous pouvez même lui parler et lui demander de l'aide. Une rupture affective provoque les mêmes sentiments au niveau de l'ego. En deuxième lecture, c'est l'occasion de prendre un recul, de faire un bilan, d'intégrer les enseignements de la situation et de se préparer à une autre union encore plus satisfaisante.

Quelles sont les conséquences d’une deuxième lecture ?

Si vous développez cette capacité à faire une deuxième lecture, votre existence change. Cette vision des choses permet le passage de la dimension de victime à celle de guerrier pacifique responsable. Devenir responsable c’est aller à la rencontre des sollicitations continuelles qui nous sont offertes pour notre cheminement et notre épanouissement. La vie est faite de cycles. Le lâcher prise permet de passer à un autre cycle.

Comment dépasser ses peurs ?

Les peurs sont des données négatives imprimées à l’intérieur de nous suite à notre éducation et à nos expériences de vies. Elles sont apprises et non innées. Se confronter à elles, les reconnaître et les apprivoiser permet de les dépasser. C’est le processus de conscientisation qui passe par l’action et non par le mental. J’ai été élevé par un père peureux et j’aime le risque, ce qui n’empêche pas la peur d’être présente. À chaque fois que je prends un risque et que je réussis, ma peur diminue ainsi que les référentiels négatifs. A l’inverse, ma sœur ose très peu. Nous avons pourtant eu le même père mais nous avons réagi différemment. C’est le mystère de l'être humain. C’est ce qui fait que chaque être est unique avec son mystère intérieur.

À qui s’adresse la psychologie transpersonnelle ?

Aux personnes qui reconnaissent un minimum de place à l’élément impalpable, énergétique, spirituel dans leur vie. C’est tout ce qui fait que la vie est en moi. Appelez-le comme vous voulez. Croire à la
dimension mystique ce n’est pas adopter des dogmes, c’est juste ouvrir son coeur et son âme.

Le hasard existe-t-il ?

Non absolument pas ! C’est un terme rassurant qui fait l'affaire des sceptiques pour ne pas accepter les évènements qui se produisent dans la vie hors du contrôle empirique et rationnel et leur donner un caractère accidentel et occasionnel. Jung disait que lorsqu’on est bien dans sa peau, détendu et présent on est presque toujours en état de vivre les synchronicités.

Qu’est-ce que la synchronicité ?

C’est le bon événement extérieur qui arrive au bon moment en harmonie avec une énergie intérieure précise, un besoin à combler, une harmonie à retrouver, une blessure à guérir, une opportunité de grandir à saisir, un passage à effectuer. C'est l'harmonisation de l'intérieur et de l'extérieur dans un moment privilégié de présence. Souvent on n’y prête pas attention à cause de notre raisonnement. Notre pire ennemi est notre ego qui a peur, peur de se faire avoir, qui n’a pas confiance. Je vis cinq mois par an en Asie et pendant cette période je suis souvent en synchronicité. Plus que chez moi, parce qu’en Amérique j’ai une vie stressante. Je vis dans une culture où l’on court tout le temps. C'est une énergie d'excellence, de compétition et de jugements; une attitude trop souvent négativiste et défaitiste. En Asie, le point de départ est mystique. Pour se saluer, on fait un geste de paix ( le wai ). Chaque jour, plusieurs moments sont consacrés à la prière. Tous les hommes iront à un ou plusieurs moments de leur vie, trois semaines ou plus, faire l'expérience de la vie de bonze au temple. Le silence fait partie intégrante du quotidien. En Occident, on fait silence une minute pour souligner le décès d'une personne célèbre. C’est incroyable ! On parle tout le temps ! On oublie de fréquenter le doux territoire du silence. Chaque hiver, lorsque j'accueille des québécois et des français pour leur faire découvrir une partie de l'Asie du Sud -Est au cœur des gens, , le silence fait partie intégrante du voyage. Le grand poète et chansonnier québécois Gilles Vigneault disait: "Dans la forêt, si tu parles tout le temps, tu ne vois rien, tu n'entends rien et tu ne sens rien !"

Pouvez-vous me parler du silence ?

Le silence est une ressource extraordinaire, une nourriture qui apaise. Il favorise la manifestation de l’intuition, voie royale de la connaissance innée. Votre intuition vous donne accès à la vérité car elle est en dehors de la raison. Les réponses sont en vous, il suffit de les écouter. Pourtant, nous en avons peur et nous faisons tout pour l’éviter. L’être humain qui doucement s’ouvre à inclure le silence dans sa vie, va développer l’inspiration créatrice qui le conduira à sa pleine réalisation. Bach disait : “L’affaire n’est pas de trouver mes mélodies mais plutôt de ne pas les piétiner le matin en sautant hors du lit.” L'inspiration vient dans le silence de la nuit, mais la raison est là au réveil pour tout saboter.

Comment être en silence ?

Cela demande de la discipline. C’est réapprendre à vivre en faisant des expériences simple en nature, par exemple, en concentrant son attention quelques minutes sur la vue, l'ouïe, l'odorat. En faisant cela quotidiennement, vous changez votre façon d’être dans le monde. Vous entendez votre respiration: l'inspiration (votre choix de vivre) et l' expiration (le lâcher prise sur vos peurs) La nature nous ramène à l'essence de la vie.

Quel est le rôle du thérapeute humaniste transpersonnel ?

Il passe de l’expert, celui qui sait, à une humble personne à l'écoute, fidèle témoin de ce qui vous arrive. Il a de la gratitude pour votre présence. Vous arrivez à point dans sa vie pour lui permettre de grandir. C’est un échange dynamique, car chaque personne est un enseignant l'un pour l’autre. Le cheminement thérapeutique se fait à deux . La rencontre alchimique de votre ouverture du coeur et l'écoute inconditionnelle de votre thérapeute amènent un résultat positif qui prend forme dans une action au quotidien. Ce processus amenuise le phénomène de dépendance et de fusion.

Vous dites que les psys sont des manipulateurs ?

Oui, car nous avons une telle connaissance de l’être humain que nous pouvons utiliser la manipulation avec subtilité. C'est un grave danger ! Pour cette raison, tout psy consciencieux doit demeurer sa vie durant en supervision afin d'éviter toute forme de transfert sur ses clients. C'est un minimum de conscience professionnelle pour éviter les projections et les fusions thérapeutiques malsaines. Manipuler est acceptable uniquement si c'est dans l'intérêt exclusif du client.

Quelle est votre démarche ?

J’offre des ressources transpersonnelles comme apprendre à méditer et à faire des rituels en nature, à utiliser les universels de guérison - le chant, la danse, les légendes et le silence - à lire les messages de ses rêves, à dessiner et écrire pour se retrouver, à développer son intuition et à trouver les réponses à l’intérieur de soi. Je ne veux pas donner d’illusion aux gens. Le fast-food du psy, ça ne marche pas. On ne peut pas régler, en un stage, des choses qui sont là depuis des années. Toutefois, je donne des pistes de travail qui permettent une bonne continuation. Le travail se fait toute la vie, à son propre rythme.

En général, quelles réactions ont les gens face aux évidences ?

Pour les évidences, vous avez deux choix. La première est de regarder cette évidence avec courage, étape par étape, en prenant tout le temps nécessaire. C’est la position responsable. La deuxième, c’est le transfert négatif sur l’autre. Dans le cadre d’un travail thérapeutique, vous pouvez accuser votre thérapeute d’être incompétent afin d' éviter de poser des actions difficiles de lâcher prise dans votre vie reliées aux fin de cycle, par exemple. Lorsqu'un cycle est terminé, inutile d'essayer de le prolonger. Ce n'est que négation illusoire. Nous avons appris à penser linéaire alors que la réalité est cyclique. Ceci est applicable au niveau personnel et au niveau professionnel. Une profession ou un travail qui ont été sources de réalisation peuvent facilement devenir médiocrité et routine tout comme une relation affective nourrissante deviendra, le cycle étant terminé, un lieu de destruction plutôt que de l'épanouissement mutuel des êtres.

Quel est le but de la psychologie transpersonnelle ?

Amener l’être humain à compléter son processus d’individuation qui est de vivre en harmonie avec ses ombres et ses lumières, ses paradoxes. le mot individuation vient du latin in et dividu qui veut dire non divisé et exprime l'idée d'une totalité à l'intérieur d'un seul être. C'est un processus d'intégration, intégration entre ces aspects de la personnalité (positifs et négatifs) qui font qu'une personne est unique et ceux qui sont collectifs, appartenant à tout le monde et à personne, mais dont chacun a besoin pour vivre et fonctionner. "Pas facile ce processus" de dire Carl.-G. Jung "car rien n'est plus difficile pour un homme que d'avoir à se supporter lui-même" L’être humain se réalise lorsqu’il vit aux quatre niveaux de conscience (physique, émotif, mental et spirituel). Une réflexion ne suffit pas. Savoir et être conscient sont deux états différents. Le premier est au niveau mental et risque de demeurer statique. L'autre est viscéral et conduit à l'action et au changement. C'est la loi de l'impermanence: tout est en mouvement. La rivière coule et suit son cours; si elle s'arrête, elle devient marais et stagnation. On doit rester présent et vigilant à chaque moment de sa vie car tout travail sur soi-même en thérapie individuelle ou en groupe est purement narcissique s'il ne provoque pas un changement de perspective et une action au quotidien.

D’où vient ce besoin de spirituel ?

A la fin des années 1970, la religion a décliné mais les êtres humains avaient toujours besoin de nourriture spirituelle. La vision mystique nous sort des limites purement matérielles et révèle des valeurs d’amour, de compassion, de respect. Les jeunes, aujourd’hui, ressentent cet élan spirituel, dénudé de références dogmatiques, car ils n’ont pas vraiment été élevés dans la religion. Ils semblent compenser par des expériences extatiques qui leur procurent des états modifiés de conscience. La Californie est le berceau de cette nouvelle dimension de la psychologie. Chez-nous, il existe une véritable chasse aux sorcières. Les corporations professionnelles de psychologie refusent le transpersonnel à cause de l’intégration du spirituel à l'approche empirique de la psychologie de l'observable, du palpable et du quantifiable (les statistiques, pré-requis de base pour être admis comme étudiant en psychologie). Pourtant Carl G. Jung, lui-même élève de Freud, s' est dissocié de son maître pour introduire la dimension transpersonnelle en psychologie.

En France et en Belgique, le transpersonnel est un peu plus intellectuel et rationnel. En Amérique, il est plus centré sur le coeur. Mais dans un cas comme dans l'autre, il n'est pas enseigné à l'Université de façon approfondie. C'est exceptionnel que j'aie pu faire une double maîtrise universitaire en psychologie et en counselling transpersonnel à l'Université en Californie.

Qu’est-ce que la maladie ?

La maladie c'est un temps d'arrêt, de bilan et d'appréciation de la vie. C'est souvent l'aboutissement de refoulement, l'explosion de ce qui est resté compressé à l'intérieur. “Ce qui ne s’exprime pas s’imprime.”
La maladie devient alors votre façon de vous exprimer. Elle est une merveilleuse opportunité de réflexion, de vision nouvelle. Je la mets au même niveau que les épreuves de la vie. Elle procure un grand
sentiment d’impuissance et ramène à l’humilité. Combien de personnes ont besoin de la maladie pour commencer à vivre. C’est le cadeau ultime, le signe qu’il est nécessaire de changer sa façon de survivre et se mettre à vivre. C’est souvent une épreuve pour nous permettre d’aller plus haut.

Qu’est-ce que le processus d’autoguérison ?

Nous possédons tous un pouvoir d’autoguérison. Il passe par les quatre niveaux de conscience. La détermination physique du guerrier, la présence guérisseuse du cœur, la capacité du mental de lâcher prise sur ses veilles références et l’inspiration du spirituel (l'enfant divin intérieur). Un bel outil thérapeutique de conscientisation qui existe est l'écriture du journal personnel. Il permet à l'hémisphère gauche de votre cerveau d'exprimer, de dire les choses et d'officialiser votre expérience.
L'hémisphère droit, lui, s'exprimera par le dessin. "L'expression symbolique" dira Jung "amorce un processus de transformation et de guérison intérieure". Si vous allez voir une personne en pensant qu’elle peut vous guérir, c’est votre guérisseur intérieur qui s'activera et vous guérira. Le mental, le coeur et l'esprit sont très forts.

Quelle est la clé de la bonne santé ?

Vivre pleinement et calmement le présent et l'ici et maintenant. Carpe diem !. Ces moments où vous n’êtes ni dans le souvenir du passé ni dans la projection du futur, mais où vous savourez ce qui est là. Quand vous êtes seul et que vous vivez l’instant présent, vos quatre niveaux de conscience sont activés . Au niveau physique, vous êtes détendu, vous inspirez et expirez ; au niveau du cœur, vous êtes dans la compassion ; au niveau de la pensée, vous faites le vide pour être disponible au lâcher prise et au niveau spirituel, vous êtes en fusion avec l’expérience. L’expérience spirituelle ultime sont ces moments où vous êtes en fusion, où la dualité du sujet et de l’objet a disparu. Si chaque jour, vous pouvez vous donner à vivre ces instants de ressourcement, vous alimenterez votre santé et vous serez en harmonie avec les quatre dimensions de votre être.

La roue de médecine
Les amérindiens nous enseignent que chaque personne est un miroir, un enseignant pour nous. C'est la dynamique du guérisseur blessé. Chacune de ses souffrances exposées est l'occasion d'une guérison pour les autres concernés. Une personne qui se prépare à mourir est une grande source d'inspiration et de plénitude pour les gens qui l'entourent et qui l'écoutent. Vous rencontrez une personne qui vous énerve : en première lecture, vous fuyez cette personne, en deuxième lecture, vous deviendrez peut-être progressivement son ami car vous aurez intègre quelle partie de vous seretrouve en elle. A l’inverse, lorsque vous admirez une personne, les qualités que vous lui reconnaissez sont à l’intérieur de vous sinon vous ne les verriez pas.

La régression
Toute impression de régression ou de tourner en rond annonce souvent une nouvelle étape, un profond passage de transformation. C’est un processus naturel qui se produit régulièrement et qui permet ensuite de mieux avancer. Le doute, le découragement font partie du processus d’évolution. Le début de la sagesse, c'est d'accepter de lâcher prise sur le contrôle, de vivre la confusion.

La respiration
La pratique de la respiration est fondamentale. Chaque inspiration est un choix de vie, une ouverture à l’expérience nouvelle, il est l’émergence. Chaque expiration est un lâcher prise, un nettoyage, un détachement de la tension du désir créé par les attentes et le contrôle.

Être ouvert et non attaché aux résultats, c'est permettre à la vie de suivre son cours et de s'exprimer à travers nous !


http://www.psycho-ressources.com/bibli/psychologie-transpersonnelle.html

A visiter:  le site de Patrick Baudin:  http://holotropique.free.fr/index.htm

CONFERENCE DE L'INRESS AVEC STANILAV GROF