mardi 10 décembre 2013

"IL FAUT OUBLIER POUR AVANCER"


s"alléger pour se sentir vivre
 

par Simon-Daniel Kipman, Psychiatre et Psychanalyste

Rayer des souvenirs de sa mémoire pour mieux aller de l’avant, c’est sans doute naïf mais sain. l’oubli a de multiples vertus.
Le passé pèse lourd. Bien trop lourd même d’après le psychiatre et psychanalyste Simon-Daniel Kipman. Alors que la société valorise la mémoire, collective et individuelle, lui réhabilite l’oubli. Dans son dernier livre, « L’Oubli et ses vertus », il explique pourquoi désencombrer notre mémoire libère notre pensée.

Vous dites que l’oubli est une fonction essentielle de l’image de soi. Pourquoi ?
Une femme qui passerait son temps devant la glace à rechercher la beauté de ses 20 ans se trouverait moche toute sa vie. Alors que, grâce à l’oubli, elle se regarde tous les matins avec étonnement, adapte son maquillage, et garde ainsi une bonne image d’elle-même, qu’elle ait 40 ou 90 ans. Si j’ai éprouvé le besoin de consacrer un livre à l’oubli, c’est que notre société surévalue le souvenir et la mémoire. Le poids du passé finit par peser trop lourd. Il faut s’en alléger. Pour le comprendre, pensez à ce qui se passerait si nous n’oubliions rien : ce serait l’enfer ! Pouvez-vous vous imaginer avec la capacité de mémoire d’un ordinateur ? Ça donnerait des choses aussi bêtes que : je suis en train de manger une purée et je pense à celle que j’ai mangée la semaine dernière, il y a deux ans, quand j’étais petit… On serait en permanence encombré. Ce serait une vie où l’on ne penserait plus, mais où l’on serait dans la répétition permanente. Ce serait la fin de l’innovation, la fin de la vie psychique, autrement dit la mort. Il s’agit donc de relativiser le souvenir et de revaloriser l’oubli, qui est de toute façon largement majoritaire puisqu’on oublie mille fois plus de choses qu’on ne s’en rappelle.

Au fond, de quoi a-t-on envie de s’alléger ?
Notre société nous pousse à accumuler de toutes les manières imaginables. Cela peut confiner à la folie. Certains encombrent tant leur maison qu’ils ne peuvent plus y pénétrer. Ce qui est pathogène, c’est le repli psychologique que cela implique. On conserve contre vents et marées, mais pour faire quoi ? Il faudrait s’alléger de tout ce que, après mûre réflexion, on n’a pas très fortement envie de garder. Encore faut-il s’être donné le temps de réfléchir à quoi on est réellement attaché. Or, la boulimie consumériste prend la place de la réflexion. C’est bien cette logique-là qu’il s’agit de renverser. Cela ne va pas de soi. Résister à une logique collective n’est jamais facile.

Qu’oublie-t-on principalement ?
Cela ne dépend pas de nous. On ne peut pas décider, par exemple, d’oublier tous les mots qui commencent par A. Notre subtile mécanique psychique rend les oublis sélectifs. On oublie parce qu’on ne peut pas faire autrement. On « choisit » inconsciemment de laisser certaines choses de côté. Ce tri est vital parce qu’il libère en nous de l’espace. Nous vivons enserrés dans un monde de règles, de lois et de procédures omniprésentes. C’est normal, il en faut. Mais cela ne pourrait fonctionner s’il n’y avait, au milieu de cet arsenal, une plage de liberté. L’oubli relatif des règles est une nécessité, il desserre l’étreinte de la répétition. Grâce à lui, nous découvrons tous les jours un monde nouveau, retrouvons chaque matin, sinon l’innocence de l’enfant, du moins la disponibilité de l’adulte doté d’une liberté de penser.

Selon vous, l’oubli est toujours involontaire. On ne peut pas se forcer à oublier ?
Non, l’oubli est inconscient et involontaire. Il est lié à une passionnante caractéristique de la mémorisation : le souvenir est une liaison entre un fait sensoriel et une émotion. Nous nous souvenons de ce qui nous a émus. Évidemment, seul le rappel des émotions négatives pèse dans notre mémoire, c’est d’elles que nous cherchons à nous libérer. Cela ne va pas de soi, mais il ne sert à rien de s’escrimer à vouloir oublier une mauvaise expérience.

S’alléger d’un drame demande du temps…
Oui. Parce qu’un deuil n’est pas un oubli, c’est d’abord une transformation. C’est en y repensant que celle-ci s’effectue. L’oubli qui va se faire est celui du traumatisme en tant que tel. Il se transformera en un souvenir plus ou moins agréable. Le temps est essentiel. Prenons un autre exemple : une histoire d’amour qui s’arrête et qui fait souffrir. Il serait vain de se forcer à l’oublier. Il faut au contraire plonger dedans, en parler, se refaire l’histoire, s’en remémorer les souvenirs bons ou mauvais, bref revivre cette histoire le plus intensément possible pour pouvoir peu à peu s’en alléger. Bien sûr, on peut toujours tâcher de se distraire ; mais pour vraiment l’oublier, il faut avoir revécu l’histoire. En un sens, c’est l’inverse du refoulement.

Mais le refoulement n’est-il pas un faux oubli, une infection souterraine qui pourra ressortir un jour autrement, par exemple sous forme d’une somatisation pathologique ?
Non, le refoulement n’est pas du tout un faux oubli. Mais oui, il va ressortir sous une forme 
quelconque : phobies, manies, somatisations, pathologies diverses… D’ailleurs, si le psy cherche à lutter contre le refoulement, c’est bien parce qu’il produit des signes gênants. Quand il y a refoulement, il y a bel et bien engloutissement d’un événement dans l’oubli – même si tous les oublis ne sont pas des refoulements.

Alors comment oublier de façon non pathologique ?
On reste léger quand on a des projets, aussi utopiques soient-ils. J’ai un copain de 80 ans qui m’en donne la démonstration régulière. Il s’est récemment inscrit à un casting de théâtre et a passé l’audition, alors qu’il n’avait jamais mis les pieds sur les planches. Il a également entrepris d’apprendre à danser. Dernièrement, il a eu l’idée d’un concept de jeu à la télévision, qu’il a envoyée aux chaînes. Il déborde toujours de projets farfelus… et il a raison. Pour rester léger, il faut surtout faire ce que l’on aime. Quel rapport avec l’allègement ? Tous les révolutionnaires le disent : « Du passé faisons table rase ! »  C’est sans doute naïf, mais sain. Il faut commencer par s’alléger et par oublier un peu, avant de pouvoir fabriquer une utopie qui nous propulsera en avant.


Il y a donc une façon volontaire d’alléger sa vie ?
Cela dépend surtout de la façon dont on vit les choses. Prenez l’exemple de « vider ses placards » : si c’est une corvée, ça n’a pas beaucoup d’intérêt. Par contre, si c’est l’occasion de retrouver avec plaisir de vieux objets, des lettres, un pull, des jouets oubliés dont on va balancer les trois quarts pour ne conserver que ce à quoi l’on tient, on ne sera sans doute pas dans le gain de temps, mais dans la liberté d’engagement. Quand les choses sont répétitives et prisonnières du passé, qu’on est conservateur, indéfectiblement attaché à ses 20 ans, se rappelant tous les jours à quel point le monde était mieux avant, aucun allègement n’est possible. Si, au contraire, comme le pensait Freud, on regarde la situation telle qu’elle est ici et maintenant, et qu’on se dit : « Soyons disponibles à la surprise, il va m’arriver quelque chose et cela va me mettre en joie », alors oui, il est pensable de s’alléger.

Cet article est extrait du Focus "S'alléger pour se sentir vivre" à retrouver dans le numéro d'octobre-novembre de CLES



http://www.cles.com/enquetes/article/il-faut-oublier-pour-avancer


Simon-Daniel Kipman est psychiatre, psychanalyste, président-fondateur de la Fédération française de psychiatrie et président de l'Observatoire francophone de la médecine de la personne fondé en 2013.
Ancien rédacteur en chef de la Revue française de psychiatrie, Simon-Daniel Kipman a récemment publié Manifeste pour une psychiatrie de la personne - Doin (2009) et De l'usage des passions, aspects psychiques des passions individuelles et collectives - Doin (2011).

Simon-Daniel Kipman, pourL'oubli et ses vertus, fait partie des cinq titres sélectionnés pour le prix Psychologies Magazine/FNAC 2014.



Dernières parutions  

L'Oubli et ses vertus (2013)

À l’heure où l’on ne parle que de mémoire, collective ou individuelle, de remémoration et de célébration, quelles sont les forces positives de vie, de lien, de contact, propres à l’oubli ?
Le psychiatre et psychanalyste Simon-Daniel Kipman interroge la signification de nos oublis : que nous montrent-ils et que nous cachent-ils ? Que découvrons-nous à force de chercher des mots insaisissables, des instants dont le souvenir s’est évanoui ?
Indice précieux et indispensable, il prend sens dès lors qu’il est décrypté dans sa forme ou dans sa fonction, prend sens. Aussi est-il essentiel de le déceler, tant pour comprendre son fonctionnement psychique que pour améliorer nos méthodes thérapeutiques.
De la petite enfance au deuil, ce livre passionnant, qui aborde également le culte de la mémoire et de la remémoration systématique, est un éloge de l’oubli dans sa fonction vitale : force positive qui permet de désencombrer l’esprit du trop plein de souvenirs, il nous ouvre une porte sur l’avenir.
Mais, plus encore, l’oubli est un mécanisme psychique constant et massif. Il nous empêche d’encombrer notre mémoire forcément limitée, libère la pensée, favorise l’innovation et stimule la curiosité.

"LES CHAMPS QUANTIQUES INFORMATIONNELS :SUBSTRATS DE L'UNIVERS?"


La majorité des hommes vit dans l'illusion que seul le monde physique existe... car selon eux, tout ce qui n'est pas visible et démontrable relève du domaine de l'imaginaire. Or, plus la physique quantique explore la matière, plus l'on s'aperçoit que notre monde matériel et physique est bâti :

1/sur le vide : l'univers et l'atome sont constitués à 99,99% de vide qui structure les espaces pleins représentés par 0,01%

2/ sur des champs psychiques informationnels qui sont, au niveau quantique, des structures dynamiques formant une trame sous-jacente à notre continuum espace/temps et qui gèrent la matière physique.

3/ sur son interconnexion avec des dimensions parallèles qui fonctionnent dans une densité quantique et gravitationnelle différente et qui contiennent également une organisation vivante de la matière biologique et/ou non-biologique aussi réelle que notre dimension 3D.

Notre difficulté à admettre ces champs subtils d’information provient du fait que nous n'y sommes pas préparés. On nous a appris à penser à l'envers et pas à l'endroit. On nous a appris que le monde est avant tout fait de matière, et c'est FAUX ! le monde est d'abord fait de vide et d'information énergétique organisée... et ça, ça change tout !

ça change fondamentalement notre approche de la condition humaine, ça change notre approche des structures sociales, politiques, économiques ! ça change l'approche de notre corps, de notre esprit, de notre fonctionnement intellectuel et émotionnel !

Notre éducation, notre formatage intel­lectuel nous persuade que dans notre monde physique tout est séparé : le monde minéral, le monde végétal et le monde animal ne seraient que des couches biologiques sans conscience ni interaction, nos maux et maladies ne seraient pas liés à la basse fréquence de nos pensées, ni à nos problèmes psychologiques !

Nos comportements humains n'auraient aucun impact sur le conscient et l'inconscient collectifs, ni sur le formatage de notre ADN, ni sur nos voisins de vie, etc...

Vous êtes persuadé que l’univers est bien un ensemble mais tout y est séparé, vous séparez les champs de force, vous séparez les interactions, également les plans d'exis­tence, vous vous créez de fait une perception frag­mentée du monde, cela signifie que vous n’en per­cevez pas le sens global, vous n’y voyez que divi­sions et subdivisions.

Or notre connaissance du monde ayant évoluée, notre point de vue fractionné repose désormais sur des cadres de pensée erronés et très incomplets.
interaction des champs H1H2H3 selon Emile Pinel (réactualisé par Jacqueline Bousquet)

interaction des champs H1H2H3 selon Emile Pinel (réactualisé par Jacqueline Bousquet)

Petit rappel du principe de la Physique Quantique :

A l’intérieur de l’atome, donc à l’échelle subato­mique, DONC A L’INTÉRIEUR DE NOTRE CORPS, DONC TOUT AUTOUR DE NOUS, la matière est également de l’énergie et de l'information qui se déplace d’une manière discontinue, par paquets ou quantas ; selon le physicien Brian Greene "c’est un monde d’agitation frénétique où règnent l’impermanence et la création sans re­lâche de millions de combinaisons entre particules."

Une particule de matière se comporte d’une manière apparemment aléatoire à la fois comme une particule et à la fois comme une onde.

En d’autres termes, pour chaque particule physique de matière, il existe la possibilité d’une particule d'énergie en même temps dans une autre dimension parallèle. A l’état quantique, la particule existe donc dans 2 lieux et 2 états différents en même temps et ces deux états communiquent instantanément par des trous de ver. Cet état d’intrication est la base de la physique des quan­tas inventée par Niels Bohr et Max Planck au début du 20ème siècle.

    - La matière stable s'arrête au niveau de la particule... au niveau subparticulaire elle n'existe pas avec certitude, nous sommes dans un domaine invisible et pourtant bien réel, un domaine d'agitation frénétique et aléatoire d'énergies complexes qui fonctionnent au-delà de la vitesse de la lumière.

    - La matière au niveau quantique existe dans 2 états à la fois et en même temps : particule et onde sont intriquées, elle existe donc dans 2 lieux et 2 états différents en même temps en communiquant instantanément par des trous de ver à des vitesses supraluminiques. Cette intrication définit l'état quantique. Les quantas sont des ondes de probabilités d'existence de matière qui constituent les quarks qui constituent les particules qui constituent le noyau atomique.

    - Comme le dit si élégamment le Dr Xavier Emmanuelli : AU FOND DE LA MATIERE, IL Y A L'ENERGIE, AU FOND DE L'ENERGIE IL Y A DE L'INFORMATION ORGANISEE... sous la forme d'un champ informationnel quantique structuré à la définition très proche d'un champ de conscience...

 

Vous admettez bien les technologies issues de la gravitation, de l’électromagnétisme et de la phy­sique quantique mais tous ces champs de force s’appliquent aussi au vivant et notamment à notre psyché. La physique quantique introduit la notion d'influence psychique sur la matière, notamment dans la fameuse expérience théorique du chat de Schrodinger (1937).

Métaphysique quantique appliquée : intention de la pensée, effet non-local instantané. Pourquoi vous n'auriez pas une pensée d'amour et une émotion d'amour à la place de la peur et de la haine ? Usez de cette formule qui utilise le champ quantique informationnel : une pensée d'amour universel et une émotion d'amour envers vous-même, ça marche pour nous calmer et nous adoucir, ça marche pour nous éviter de tomber dans un enfer personnel.

Le vide est incroyablement sa­turé de forces infor­mationnelles non visibles, et pourtant agissantes.

Ces champs quantiques information­nels non visibles contiennent au minimum de l’information gravitationnelle et des constantes universelles qui s’échangent en de­hors de l’espace-temps (principe supraluminique et non-local) via les trous de ver ; ils incluent aussi beau­coup d’autres paramètres mathématiques liés aux mémoires du vivant biologique, à la création de concepts, d'évènements et de matière pour former un champ unifié de conscience. Voir à ce propos les recherches de la neuro-anatomiste Jill Bolte Taylor.

Ce champ de conscience au niveau quantique est également mis en évidence lors des dizaines de milliers de cas de NDE (états de Mort Imminente) confirmés par les nombreuses études médicales, ces états de mort temporaire montrent la continuité de la conscience humaine malgré la mort clinique qui peut durer de 5 min à plusieurs heures.
Depuis des décennies, des physiciens, des biologistes comme :
Fritjof Capra, David Bohm, Bernard d'Espagnat, Basil Hiley, John S. Bell, Olivier Costa de Beauregard, Nicola Tesla, Nassim Haramein, Karl Pribram, Roger Penrose, Brian Josephson, Jacques Benveniste, Rupert Sheldrake, Emile Pinel...
soutiennent la thèse désormais très largement admise de la non-séparabilité de l'univers donc de son unicité fonctionnant selon un Champ de conscience informationnel au niveau quantique gérant l'ensemble de toutes les dimensions spatio-temporelles selon des paramètres mathématiques, harmoniques et luminiques.
 

Les Champs informationnels selon Emile Pinel

La biologiste Jacqueline Bousquet rappelle que le mathématicien, médecin et biologiste Emile Pinel, qui a inventé la chronobiologie moderne, a déterminé 3 types de champs informationnels : H1, H2, H3. Ou plutôt : H2→H3↔H1 qui se combinent pour donner le champ unitaire H.

- H2 est le champ d’ondes psy immatériel, invisible mais structurant qu'on peut définir comme un champ de conscience qui existe préalablement à la matière car la physique quantique montre comment la matière est constituée avant tout d'énergie informationnelle organisée (théories des supercordes et de l'univers interconnecté).

- H3 un champ psycho-physico-biologique qui est la résultante de l’action des 2 autres champs, c’est le champ de la réalité subtile éthérique, des réseaux énergétiques organisés au niveau supramental.

- H1 est le champ matériel fonctionnant uniquement dans notre Espace/Temps, principalement défini par la matière atomique ordinaire et ses champs de force. C’est le corps physique, les comportements et les schémas transgénérationnels.

Avec d'autres physiciens, le philosophe des sciences Ervin Laszlo donne une nouvelle direction à la recherche fondamentale en physique : le paradigme quantique fait apparaitre l'émergence d'une nouvelle physique, une physique des champs informationnels, liée à un substrat organisé de matière informationnelle psychique (champ de psyché ou champ supramental) qui structure, entre autres, notre matière physique ordinaire dans notre dimension espace/temps à 4 dimensions...et dans d'autres dimensions.

La recherche fondamentale de la physique de l'information issue de la physique quantique se dirige vers l'exploration d'autres continuum espace/temps, d'autres types de matières liées à une gravitation moindre, d'états organisés de matière moins dense, une exploration vers les dimensions repliées des cordes, une exploration vers la géométrie quantique basée sur les tétraèdres qui structurent le vide.

Plus qu'un champ unifié, l'univers est un tissage d'informations mathématiques et géométriques, cette nouvelle approche de la physique quantique confirme étonnamment la validité du tantrisme (philosophie/science pratique et opérative issue du yoga). Le tantra se définit comme un processus continu de tissage, d'interconnexions d'informations qui s'influencent les unes les autres pour dérouler/étirer un tapis multidimensionnel de Conscience/Connaissance essence de toute réalité. De nombreux physiciens dont Nassim Haramein et Philippe Guillemant travaillent dans cette direction.

Didier Luccan, auteur de "Vers la Sagesse Quantique" aux éditions Bussière




samedi 9 novembre 2013

"LA SORTIE HORS DU CORPS OU PROJECTION ASTRALE (OBE)"


La sortie hors du corps (SHC) ou projection astrale est le nom donné à un phénomène qui consiste par des techniques de relaxation, à extraire son corps astral hors de son corps physique, afin de mouvoir sa conscience dans d’autres dimensions de l’espace et du temps. Lors d’une expérience de « sortie » hors du corps (OBE, Out-of-Body Experience), le sujet a l’impression que son « soi », ou le centre de sa conscience, est situé à l’extérieur de son corps physique. Il peut alors avoir la sensation de flotter, de voyager vers des lieux lointains ou d’observer son corps.

Le web regorge de témoignage et de « méthodes », certaine basées sur le souffle et le travail « énergétique » et incluant en général la visualisation mentale. Environ 10% de la population rapporte avoir vécu cette expérience et ce chiffre s’élève à 25% pour les populations étudiantes et jusqu’à 48% chez ceux ayant un intérêt marqué pour les phénomènes dits paranormaux.
Parfois cette expérience se produit spontanément. Ce genre d’expérience peut en effet survenir de façon tout à fait fortuite, en particulier suite à un choc, une anesthésie, un accident. Cela peut aussi arriver le plus simplement du monde dans votre lit durant votre sommeil. Mais en général, si cela ne vous est jamais arrivé, sauf prédispositions particulières, on ne sort pas hors de son corps après un quart d’heure d’exercices. Il faut généralement plusieurs tentatives, une motivation réelle et un engagement dans le temps, mais aussi un travail sur soi, et de la persévérance à toute épreuve.

La SHC doit s’inscrire dans une démarche de connaissance de soi continue et avancée. Il est recommandé de ne pas tenter cette expérience par curiosité ou par désir de se différencier du commun, encore moins par désir d’évasion ou besoin de se fuir. La motivation doit être spirituelle, évolutive et soutenue. La SHC n’est pas non plus une expérience mystique qui survient comme un miracle et provoque l’illumination. Mais c’est une ouverture de conscience qui permet au sujet de percevoir différemment la vie, son rapport aux autres et à l’environnement.

Différents niveaux de conscience peuvent être observés :
- Niveau de conscience aussi élevé ou plus élevé que lors d’un état de conscience normal (veille). C’est le cas lors de projections volontairement induites depuis une transe (sans qu’il n’y ait d’interruption de conscience), ou lors de certaines NDE.(Near Death Experience)
- Projection en semi-conscience. Elle peut être induite pendant le sommeil (depuis un rêve lucide par exemple), et elle présente des interruptions de conscience au moment de la sortie ou de la réintégration. Les projections semi-conscientes sont les plus fréquentes. Lorsque le niveau de conscience est très bas, l’expérimentateur se souvient juste, au réveil, qu’il est sorti de son corps, mais sans plus de précisions. Avec l’entraînement, le niveau de conscience lors des projections peut être considérablement augmenté.


SENSATIONS LIÉES A UNE SHC

Ces « symptômes » les plus fréquemment notés lors de l’état d’un état de conscience modifié favorable au voyage astral se retrouvent dans plusieurs ouvrages traitant sur le sujet, comme par exemple le livre de William Buhlman : Voyages au delà du corps ou encore Journey’s Out of the Body de Robert A. Monroe :

-Bourdonnement ou rugissement,
-Sensations inhabituelles de fourmillement ou d’énergie s’irradiant depuis la nuque ou apparaissant -progressivement sur le corps tout entier
-Des voix, des rires, ou bien des appels
-Sensation d’apesanteur ou légèreté
-Toute vibration interne sortant de la norme
-Sensation d’énergie semblable à un courant électrique
-Un balancement, tournoiement, sensation de vertige léger
-Bras ou jambes qui semblent s’élever
-Afflux soudain d’énergie à travers le corps
-Tout bruit sortant de l’ordinaire, vent, moteur, musique, cloches, …
-Impression de rater une marche à l’endormissement ou au réveil (signe d’un déphasage et retour brusque du corps astral dans le corps physique) Cette forte secousse est dite « hypnique ». Elle est souvent associée à une sensation de chute dans un trou (ou une impression de rater une marche).
-Impression que le rythme cardiaque s’accélère considérablement sans que ce ne soit le cas.
-Ces « symptômes » seraient le signe d’un état favorable à une SHC imminente


SHC ET ONDES CEREBRALES

Des centaines d’expériences en laboratoire auprès de sujets pouvant induire des sorties hors du corps, il ressort que les sorties hors du corps sont favorisées par un corps relaxé et un esprit apaisé : on mesure dans le cortex des ondes alpha (et non les ondes bêta de l’état de veille), qui ralentissent jusqu’au rythme alphoïdes (7-8 cycles/sec.), correspondant à la description « corps endormi, esprit éveillé ». Les sorties hors du corps n’ont pas lieu pendant les phases de rêve, mais peuvent survenir alors que le cerveau ralentit aux ondes thêta voire delta (1-3 cycles/sec), ondes du sommeil profond où l’on ne rêve plus et dont on ne garde donc aucune mémoire ; pourtant, les personnes ont des souvenirs précis de leur sortie hors du corps, pouvant même décrire des lieux très éloignés ou confirmer des événements survenus loin de leur corps physique…


POUR LES PLUS SCEPTIQUES…

On peut sans doute expliquer toutes les séquences de la NDE par tel ou tel phénomène neurochimique. Néanmoins, un aspect des témoignages demeure énigmatique : c’est les cas où l’expérienceur dit avoir vu pendant son coma des détails de son intervention, de la salle, des appareils, détails impossibles à inventer. Pour avoir une idée de ce genre de témoignages, aller sur le site de IANDS-France En fin de page recherche, voir l’article du Dr Jourdan qui présente plusieurs récits troublants, de sources différentes.

« Le cas suivant a été rapporté aux auteurs d’une récente étude hollandaise par une infirmière de l’unité de soins intensifs, et est remarquablement similaire au précédent, à ceci près qu’il s’agit d’une histoire de dentier et non de planche : Récit de l’infirmière : « Une ambulance amène aux urgences cardiologiques un homme de 44 ans, cyanosé et comateux. Il avait été trouvé une heure auparavant dans un pré par des passants. A son admission, il est mis sous respiration artificielle sans intubation, pendant qu’on pratique massage cardiaque et défibrillation. Quand nous avons décidé de l’intuber, nous nous sommes aperçus qu’il portait un dentier. Je lui ai enlevé son appareil et l’ai rangé sur le chariot à pansements. Pendant ce temps, la réanimation intensive était poursuivie. Après une heure et demie, le rythme cardiaque et la tension étaient remontés à des valeurs suffisantes, mais il était toujours ventilé et intubé, et encore dans le coma. On le transféra dans une unité de soins intensifs pour continuer la respiration artificielle et la surveillance que nécessitait son état. Ce n’est qu’une semaine plus tard que je le revois, quand il est de retour dans le service de cardiologie. Au moment où il m’aperçoit (je distribuais les médicaments), il dit : « oh, cette infirmière sait où se trouve mon appareil dentaire ! » Je suis surprise, et il m’explique : « Oui, vous étiez là quand on m’a emmené à l’hôpital, vous m’avez enlevé le dentier de la bouche et vous l’avez mis sur ce chariot avec tous ces flacons, il y avait un tiroir sous le plateau et c’est là que vous l’avez rangé ! » J’étais totalement stupéfaite, car je me souvenais parfaitement que tout cela s’était passé pendant que ce patient était dans un coma profond, durant la réanimation cardio-respiratoire. Quand je lui demandai de m’en dire un peu plus, il me raconta s’être vu allongé sur le lit, voyant aussi de dessus les infirmières et les médecins occupés à le réanimer. Il a été capable de décrire avec précision et en détails la petite pièce dans laquelle il avait été ressuscité, aussi bien que l’apparence physique des personnes présentes, dont moi même. Au moment où il observait cette scène, il avait très peur de mourir si nous cessions nos efforts. Et effectivement, nous étions très pessimistes sur ses chances de survie, à cause de son état désastreux à l’arrivée. Le patient me raconta qu’il avait désespérément, mais sans succès, essayé de nous faire comprendre qu’il était toujours vivant et que nous devions continuer la réanimation. Cette expérience l’a profondément impressionné et il dit n’avoir plus peur de la mort. Il a quitté l’hôpital un mois plus tard, en bonne santé. » In Van Lommel Pim & al., « Near-Death Experience in survivors of cardiac arrest : a prospective study in the Netherlands », The Lancet, vol 358, Décembre. 2001″ Ce document a été trouvé sur le site de IANDS-France, remerciements au Dr Jean-Pierre Jourdan.




http://www.iands-france.org/





mardi 5 novembre 2013

"PEUT-ON GUERIR PAR LE SOUFFLE?"

Respirer, tout le monde sait le faire. Mais connaissons-nous vraiment les pouvoirs de notre souffle ? Pour les yogis, exercer sa respiration est l'un des secrets de la plénitude émotionnelle, physique et mentale. Explications.
La pièce est dans la pénombre. Pas un bruit, si ce n’est celui d’un souffle lent, profond, semblable à la respiration d’un enfant endormi. Inspiration. Silence. Expiration. Ce chuchotement feutré s’étire, jusqu’à durer parfois une minute. D’ordinaire, en ce laps de temps, un homme respire seize fois.

En yoga, cette pratique s’appelle la respiration psychique. Porte d’entrée vers un état méditatif, elle est aussi l’une des clés d’une technique ancestrale de guérison nommée Prana Vidya.


La source de l’énergie

En sanskrit, Vidya signifie connaissance, Prana la force de vie qui nourrit tout l’univers. « Cette notion n’est pas spécifique à la tradition indienne », note Christian Möllenhoff, fondateur de l’école de Yoga et Méditation Paris. C’est le Qi des Chinois, le Mana des Polynésiens, le champ d’énergie subtile exploré par les guérisseurs européens…

« Cette énergie est intimement liée à la respiration, explique l’enseignant. En chinois, le même mot peut désigner les deux. En suédois, le terme qui veut dire “souffle” fait aussi référence à l’esprit, l’essence. » Comme si respirer ne permettait pas seulement de remplir nos poumons d’air mais de canaliser le Prana, d’en irriguer notre corps subtil. « Notre façon de respirer est le miroir de ce que nous sommes et ce que nous vivons. Voyez comme elle s’accélère sous le coup d’un stress », comme un événement peut nous couper le souffle, comme nous soupirons de soulagement lorsqu’une situation se détend… « En influant consciemment sur notre respiration, nous pouvons agir sur notre état. En la forçant à se ralentir ou à s’interrompre un moment, nous confrontons les tensions et les peurs qui sont à l’origine de nos émotions, de nos pensées, de nos attitudes, et bloquent le Prana. Si le souffle devient calme, l’esprit cesse de s’agiter, l’énergie se libère, le corps psychique se purifie, la santé se renforce, la vie intérieure s’épanouit. »

Ainsi en va-t-il dans Prana Vidya. Lentement, consciemment, par la respiration psychique et la visualisation des différents points et canaux d’énergie qui parcourent le corps (« équivalents des méridiens de la médecine chinoise »), la pratique amène à ressentir et activer le « champ de Prana » pour dissoudre les blocages, réveiller et harmoniser les flux d’énergie… Jusqu’à parvenir, « une heure et demie d’immobilité plus tard », à une telle connexion et maîtrise de l’énergie psychique « qu’on peut la diriger vers une zone précise de son corps, mais aussi vers une autre personne, par la pensée », témoigne Christian Möllenhoff.


Dissoudre les tensions

La technique est puissante, mais elle ne s’enseigne traditionnellement que dans le cadre d’une retraite d’au moins quinze jours, à des pratiquants expérimentés. « Il existe d’autres exercices de respiration plus accessibles et très efficaces », indique Christian Möllenhoff. Regroupés sous le nom de Pranayama (« maîtrise du Prana » en sanskrit), ils sont d’ailleurs à la base du yoga : « A l’origine, les postures physiques, ou Asanas, n’étaient là que pour préparer le corps à la respiration et à la méditation », souligne l’enseignant.

Si le Prana et la dimension énergétique de l’être ne sont pas adoubés par la science, plusieurs chercheurs se sont penchés sur les vertus du Pranayama. Ainsi, à la fin des années 80, une équipe de l’Université de Cologne a découvert, en étudiant la pression sanguine, le rythme cardiaque, et l’activité cérébrale de professeurs de yoga, que la respiration psychique les plongeait dans un état de relaxation dit « alpha », permettant à la fois de se détendre, reprendre des forces, se libérer des pensées quotidiennes, faire émerger des idées créatives, clarifier l’esprit et se recentrer. Soumis à des perturbations extérieures, les yogis ne sont pas sortis de l’état alpha, preuve que la pratique rend aussi moins réactif, plus robuste face aux aléas.

Les scientifiques de l’Université de Cologne ont également constaté que la respiration alternée – un autre exercice essentiel de Pranayama –, régulait le système nerveux, équilibrait l’activité des deux hémisphères du cerveau, et y augmentait non seulement les ondes alpha mais les ondes béta, symptomatiques d’un état de concentration et d’activité intense.

A la clé donc : une étonnante alliance d’énergie et de sérénité, de créativité et d’efficacité. « Quand j’ai commencé à pratiquer la respiration alternée, mon humeur s’est équilibrée, confirme Christian Möllenhoff. Au lieu d’osciller entre excitation et déprime, elle s’est ancrée dans un espace de contentement et de calme. Cet exercice accroît aussi ma vitalité. Si je fais la respiration alternée et psychique lorsque je suis fatigué, ensuite, spontanément, je vais m’attaquer aux tâches que je laissais traîner ! »

D’autres recherches, encore, pointent les effets sur l’asthme, les rhumes, les bronchites, les allergies respiratoires… « La respiration alternée m’aide à me défaire de mes migraines », constate également une élève de l’école de Yoga et Méditation. Christian, lui, a découvert qu’elle le rendait plus fort physiquement : « Un jour, après une séance, je me suis mis à charrier de lourdes pierres pour un projet de construction. Ma puissance m’étonnait moi-même ! »


En pratique

Envie de vous lancer ? Commencez par la « respiration de vague », dont les effets peuvent être « impressionnants pour qui n’a jamais pratiqué ». Allongé au sol dans un endroit paisible, respirez profondément par le nez en gonflant votre ventre d’air, retenez le souffle puis faites passer cette « bulle » du ventre au thorax, puis du thorax au ventre, et ainsi de suite, jusqu’à ce que vous ne puissiez plus retenir le souffle. Expirez, laissez votre respiration se calmer, puis recommencez deux fois. Essayez aussi après expiration. « Pour moi, c’est un excellent moyen de dénouer les tensions, commente un élève de l’école de Yoga et Méditation. Physiques, d’abord, au niveau du ventre. Emotionnelles et mentales, ensuite, lorsque la sensation remonte vers la poitrine et la tête. »

« Si vous combinez cette pratique à la respiration alternée, les effets seront encore plus sensibles », poursuit Christian Möllenhoff. Assis le dos droit, aussi confortablement que possible, en tailleur, lotus ou demi-lotus, restez immobile quelques minutes. Une fois le calme établi en vous, posez l’index et le majeur de la main droite sur votre front. Fermez la narine droite avec le pouce, puis inspirez lentement par la narine gauche. Fermez-celle-ci avec l’annulaire, libérez la narine droite, et expirez doucement. Recommencez en sens inverse : inspiration par la narine droite, expiration par la gauche. Faites six autres cycles, sans vous arrêter. A mesure que l’exercice devient plus facile, augmentez jusqu’à onze cycles, puis tâchez de ralentir la respiration, de la rendre fluide et régulière.

Pour aller un cran plus loin, retenez le souffle après chaque inspiration, selon un rythme précis : comptez deux temps pour l’inspiration, huit pour l’apnée, quatre pour l’expiration. Faites cinq cycles. Quand vous êtes à l’aise, comptez trois, douze, six. Puis quatre, seize, huit… L’inconfort au départ est inévitable. Essayez de rester détendu, ne vous mettez pas la pression. Et concentrez-vous sur le compte des respirations, pour éviter que les pensées s’agitent et « consomment du Prana ». Si votre mental s’évade, revenez au souffle. « C’est le sésame d’une pratique calme et efficace », dont les bénéfices se feront rapidement sentir.

« Guidé par un bon professeur, on peut les ressentir dès la première fois », encourage Christian Möllenhoff, mais leur pérennisation passe par la régularité : « Pratiquer une fois par semaine, c’est déjà un bon début. » Tous les jours, c’est encore mieux, de bon matin à jeun ou à distance d’un repas, car « il est impossible de respirer lentement et de bien retenir le souffle si l’on n’a pas digéré ». A vous de jouer : expérimentez, observez combien la pratique change la face de votre journée. Petit à petit, elle pourrait même faire émerger d’autres perceptions, ouvrant à une nouvelle approche du réel… Mais ça, à chacun de le découvrir.

https://www.yogajournalfrance.fr/exercices-de-pranayama-ujjayi-et-nadi-shodhana/

Yoga et Méditation Paris (cours, stages, retraites) : www.yogaetmeditationparis.fr




dimanche 3 novembre 2013

"L'INTEGRATION DE LA PLEINE CONSCIENCE (MINDFULNESS) EN PSYCHOTHERAPIE EST UNE INTEGRATION ESSENTIELLE"


Depuis quelques années, l'exercice de la pleine conscience ou mindfulness, s'est imposé comme un outil thérapeutique essentiel dans la guérison et l'amélioration de nombreux symptômes physiques et surtout psychologiques, en particulier ceux en rapport avec le stress, l'anxiété, les troubles du sommeil, la dépression, etc.
C'est le mérite de deux livres  - « Méditer, c'est se soigner » du Dr Rosenfeld et « La thérapie cognitive basée sur la pleine conscience pour la dépression » écrit par un collectif de chercheurs en psychologie - de poser la méditation et la thérapie par la pleine conscience - études scientifiques à l'appui -, comme un incontournable.
Pour moi aussi, c'est un incontournable de la psychothérapie intégrative, non seulement comme une thérapie anti-stress ou anti-dépression, mais comme un moyen d'accès essentiel à notre dimension transpersonnelle, telle qu'entre autres, Ken Wilber a voulu la définir.

Voici le compte rendu du livre du Dr Rosenfeld, que j'ai écrit pour le magazine "Spasmagazine".(doc PDF)
Voir aussi l'article sur la pleine conscience écrit dans le magazine "Santé Intégrative" n°13, dans une série d'article sur les paradigmes de la psychothérapie intégrative.(doc PDF)
Voir aussi sur mon blog les nombreux articles consacrés à la pleine conscience et à la méditation dans une perspective et une intégration psychothérapeutique.

"Méditer, c'est se soigner” Dr Frédéric Rosenfeld Editions les arènes
La parution de ce livre est une bonne nouvelle pour plusieurs raisons. Il manquait en France un travail exhaustif sur les bienfaits de la méditation dans le domaine de la santé, c'est chose faite avec ce livre. Il nous manquait aussi un ouvrage capable de faire le point de manière complète sur les rapprochements entre les sciences (surtout neurologiques avec l'imagerie cérébrale) et les expériences de méditation. Enfin, dans le domaine de la réduction du stress et de ses symptômes (angoisse, anxiété, panique, etc...), ce livre montre de manière claire et convaincante, toutes les qualités thérapeutiques de la méditation, en s'appuyant bien sûr sur les travaux du Dr Jon Kabat-Zinn, qui depuis longtemps utilise, outre-atlantique, ces techniques dans sa clinique de réduction du stress (cf. la critique de son livre traduit en français « Où tu vas, tu es »).
Bref, ce livre est un plaidoyer pour une pratique laïque de la méditation délivrée de tous ses arrières fonds culturels-orientalistes et pour l'intoduire comme un outil essentiel de toute psychothérapie intégrative, ainsi que nous le montre le Dr Rosenfeld dans sa pratique de médecin psychiatre.
Pour cette intégration de la méditation dans le champ thérapeutique, il faut d'ailleurs rendre hommage aux TCC (Thérapies Cognitives et Comportementales), qui dans leur souci de pragmatisme ont bien reconnu l'efficience de la méditation et travaillent actuellement à en divulguer les méthodes et les techniques en Europe. Ainsi, saluons la sortie du livre « La thérapie cognitive basée sur la pleine conscience pour la dépression » avec une préface de Christophe André et Matthieu Ricard, aux éditions belges De Boeck, ouvrage destiné aux professionnels qui voudraient approfondir la méthode mise point par Jon Kabat-Zinn.

La thérapie de la pleine conscience représente une remarquable intégration, celle d'une approche orientale basée sur la méditation bouddhiste (principalement vipassana et zazen) intégrée à une approche occidentale basée sur l'expérimentation scientifique rigoureuse (voir en particulier les travaux de Jon Kabat-Zinn dans sa clinique de réduction du stress). Voici ce que ce dernier dit de cette intégration, dans la préface du livre "La thérapie cognitive basée sur la pleine conscience pour la dépression" :

"La thérapie cognitive basée sur la pleine conscience pour la dépression" est pour moi un livre source. Ce livre unit pour la première fois ce qui, dans l'opinion habituelle, relève des pratiques et perspectives méditatives orientales (dans ce cas la méditation en pleine conscience) à des pratiques et épistémologies occidentales (dans ce cas, la thérapie cognitive), pour en faire une synthèse nouvelle et bien ficelée. Cette nouvelle approche thérapeutique a été développée pour soulager la souffrance humaine, spécialement la souffrance émotionnelle qui afflige les gens souffrant de dépression. Elle a été également développée pour étendre notre compréhension et le traitement de la dépression. Les implications de ce travail vont toutefois au delà de la dépression et offrent des ouvertures qui peuvent s'avérer utiles sur les plans théorique et thérapeutique dans toute une série de troubles affectifs.


Jon Kabat-Zinn préface de "La thérapie cognitive basée sur la pleine conscience pour la dépression" éditions De Boeck 2006


Il faut saluer les traductions de deux gros livres majeurs de Jon Kabat-Zinn "L'éveil des sens" éditions Les Arènes 2009 et "Au coeur de la tourmente, la pleine conscience" chez de Boeck 2009

Au sujet de cette intégration de la méditation et de la pleine conscience en psychothérapie et en médecine intégrative, voir aussi les pages consacrées à Thierry Janssen et à David Servan-Schreiber:

http://www.psychotherapie-integrative.com/psy-integrative/thierry-janssen.htm


http://www.psychotherapie-integrative.com/psy-integrative/david-servan-schreiber.htm


Voir aussi le best seller de Christophe André "Méditer jour après jour" paru en 2012 et le livre destiné à la sensibilisation des enfants à la pleine conscience " Calme et attentif comme une grenouille" de Eline Snel.

voir aussi les pages consacrées à Charlotte Joko Beck et à Eckhart Tolle, pour leur présentation d'une nouvelle spiritualité simple et laïque, reliée à la vie actuelle, proche à mon avis de ce courant de la pleine conscience. 

jeudi 17 octobre 2013

"L'ENERGETIQUE MAITRE ZHOU"


C'est en Orient que depuis des millénaires, différentes traditions ont appris à maîtriser l'énergie du Qi. Cette énergie féconde aujourd'hui l'Occident. Rencontre avec Jing Hong Zhou, maître qi gong.

En entrant dans la salle, au fond d’une impasse au cœur de la capitale, une onde de silence saisit le visiteur. Face à un homme d’une soixantaine d’années au teint lumineux, revêtu d’un costume blanc, une trentaine d’élèves sont en train de pratiquer le qi gong de la Sagesse. La gestuelle lente, profonde, agrémentée de sons murmurés, se déploie en enchaînements, un pour chaque organe clé – cœur, poumon, rate… Les yeux fermés, dans un français fluide parlé avec un fort accent chinois, maître Zhou guide ses élèves dans l’accomplissement du qi gong de la Sagesse. L’énergie est sa réalité, il la voit sous forme de balle brillante, la perçoit autour des êtres vivants – hommes, animaux, arbres… Cette « énergie originelle » est devenue son élément.
 

Dans une Chine en proie aux tourments politiques, il lui a fallu trente-cinq ans pour renouer avec ce trésor de la tradition. Jing Hong Zhou naît en 1949, l’année où les communistes arrivent au pouvoir. À l’époque, sa famille vit dans le Wuhan, sur les bords du fleuve Yangzi Jiang. Durant ses jeunes années, « on ne sent pas l’impact de la révolution ». Sa mère est une fervente bouddhiste qui l’amène au temple pour les fêtes, tandis que son oncle et sa tante sont taoïstes. Jing Hong Zhou a trois ans lorsqu’il rencontre le professeur taoïste de son oncle, un vénérable ancien, vêtu du costume traditionnel chinois. « Je suis un grand visiteur, tu es un petit visiteur », dit-il à l’enfant en confidence. Ces paroles le marquent, tout comme la sérénité qui émane du vieil homme.
 

Si les pratiques spirituelles sont encore tolérées, l’époque est loin d’être paisible. Son père, quincaillier de son état et féru d’arts martiaux, a été l’élève d’un grand maître, dont il a épousé la fille, devenue la mère de Jing Hong. Mais dans le climat de violence et d’insécurité qui prévaut, il ne parle jamais de ses performances, pour ne pas attirer l’attention. C’est un ami de la famille qui apprend à Jing Hong que son père, lorsqu’il avait 18 ans, s’est interposé entre deux communautés villageoises opposées par un différend qui menaçait de dégénérer. « Il a réussi à les séparer avec un simple banc en guise d’arme », relate Jing Hong. Si son père se refuse à commenter ses exploits, il initie son fils au Ba Duan Jing, un style martial très populaire en Chine, à base de postures. Il lui enseigne aussi la philosophie confucianiste. Pour le taoïsme, le bouddhisme et le confucianisme, les trois piliers de la Chine traditionnelle, le corps est le prolongement naturel d’une énergie spirituelle.
 

Enfant à la santé fragile, Jing Hong mène une rude existence. Tout en étudiant et en apprenant la calligraphie, il pratique les arts martiaux pendant trois heures chaque soir après l’école, avec une vingtaine d’autres garçons. La seule fille admise au cours est la fille du maître Xu Ming Shi, « un bel homme aux cheveux très noirs ». Les arts martiaux sont pour Jing Hong un plaisir, mais il se destine plutôt à une carrière de professeur ou d’écrivain.

Éclate alors « la tempête » de la Révolution culturelle. Tout ce qui était traditionnel et cher au cœur de l’adolescent est interdit. Les écoles et les usines ferment. Des centaines de milliers de gens sont emprisonnés ou envoyés en camps. Les élites sont décimées, les parents blâmés en public par leurs enfants. « Mon père m’a donné l’autorisation de lui faire du mal si cela pouvait me protéger, mais je lui ai dit que je ne ferais jamais une chose pareille. » Âgé de 17 ans, Jing Hong voit son destin se résumer à une alternative : l’exil aux confins de la Chine, à la frontière russo-mongole, ou l’usine. Il choisit l’usine pour rester dans sa région natale.


Son calme et son endurance, fruits de sa longue pratique des arts martiaux et de son éducation, lui permettent de supporter ce coup du sort. Exit Confucius, le tao, et les énergies. L’époque est au matérialisme communiste. « C’était écrit dans le petit livre rouge : qui dirige notre vie, c’est le communisme, se souvient Jing Hong. Tout ce qui n’avait pas pour but de célébrer les mérites et les vertus de Mao Zedong pouvait attirer des problèmes, la prison, voire la mort. Il n’y avait plus aucune confiance entre les gens, et on pouvait être accusé sans aucune preuve. » L’une de ses amies s’attire les pires ennuis parce qu’elle écrit des fantaisies sur un cahier qui porte en couverture une photo de Mao. Même la pratique des arts martiaux éveille la suspicion, et il préfère s’en abstenir.

Pourtant, il renoue discrètement avec le fil de ses passions. Tout en travaillant à l’usine, il prend des cours de littérature française à l’université. Il préfère Shakespeare, mais le seul professeur de littérature étrangère est un spécialiste de Balzac. Il lit les auteurs français traduits en chinois et présente une étude du Père Goriot pour son examen final. Autre source de satisfaction, il se marie en 1976 et a deux petites filles. La vie reste difficile. Son père meurt en 1979, sa mère deux ans plus tard. À l’usine où il accède à des responsabilités, il fait des jaloux. Ce sont des histoires à n’en plus finir. Il trouve un poste plus tranquille dans une mairie de Wuhan.


Mais l’accalmie est de courte durée. Sa femme se sent très fatiguée. À l’hôpital, les médecins diagnostiquent une grave maladie du sang et avouent leur impuissance. « Son sang était anémié, elle avait des hémorragies, aucun remède ne pouvait la guérir. » Tout semble perdu. Mais une phrase de Lao-tseu lui revient en mémoire : « Le malheur sommeille dans le bonheur, les racines du bonheur naissent dans le malheur. » Il va tout tenter pour sauver sa femme, même s’il doit pour cela déplacer le Wu Tai et toutes les montagnes sacrées de Chine.
 

Les années de Révolution culturelle l’ont coupé du monde de son enfance et des arts martiaux. Mais il se souvient qu’on parlait du qi gong et des soins énergétiques : il décide de suivre cette piste. Si ténue semble-t-elle, c’est la seule qui se présente à son esprit. Lui-même ne connaît guère le qi gong. Son père lui a toujours déconseillé de le pratiquer, l’estimant « dangereux, parce qu’il peut rendre aveugle si l’énergie reflue vers le haut, et stérile si elle descend vers le bas ». Les maîtres ont la réputation de réaliser des prodiges dignes d’artistes de cirque. Ils sont capables d’avaler du verre cassé sans être blessés. Malgré ses doutes, Jing Hong Zhou tente le tout pour le tout : « En Chine, on dit qu’on va essayer de soigner le cheval mort comme s’il était vivant. Cela signifie qu’il faut tout tenter même sans garantie de réussite. »
 

Un ami lui apprend le qi gong de l’Oie sauvage, qu’aujourd’hui il enseigne à ses élèves. Il le pratique avec sa femme, qui ressent un léger mieux. Il juge l’amélioration suffisante pour poursuivre dans cette voie. Il rencontre alors maître Pang He Ming, un médecin qui a ouvert un collège à Pékin. Ce dernier leur enseigne le qi gong de la Sagesse, ou Zhi Neng Qi gong qui signifie littéralement : réveil de l’intelligence et amélioration des capacités physiques et morales par le travail sur l’énergie du Qi. Les efforts du couple portent leurs fruits, et après six mois, la femme de Jing Hong commence à se sentir mieux, une amélioration que confirment les médecins : « Les examens biologiques confirmèrent sa guérison et elle put reprendre ses activités de mère et de bibliothécaire. »
 

Mais le qi gong est aussi en train de guérir les blessures de Jing Hong Zhou. Tout en l'apprenant, il renoue avec son passé. Grâce à sa connaissance des arts martiaux, qui se révèle intacte, il progresse rapidement. C’est un moment de grâce, un retour aux sources. « Je retrouvais mes capacités propres, l’énergie était comme un ballon dans mes mains », dit-il. Il s’inscrit au cours de Pang He Ming à Pékin où il pratique douze heures par jour. Il passe son diplôme de qi gong et dans la foulée étudie la philosophie traditionnelle médicale chinoise et les grands textes comme le Yi King et le Tao Te King. Son travail de secrétaire à la mairie de Wuhan est plus que jamais accessoire. Ce qui l’intéresse désormais, c’est de développer par le qi gong la capacité à canaliser une énergie « qui sert pour tout », dit-il en riant.
L’envie de guérir, d’écrire, de créer est ranimée.
 

Cette révolution intérieure a besoin d’un nouveau cadre pour s’accomplir. « J’avais le choix entre le Sud de la Chine et la France, où j’avais de la famille. » En 1989, la France ouvre grand ses portes aux exilés chinois qui fuient après les massacres de la place Tian'anmen. Son intuition a toujours été forte. Et il en est certain : il va faire découvrir le qi gong aux français. À peine débarqué dans la capitale, Jing Hong se précipite dans un parc pour pratiquer, et son intuition reçoit en quelque sorte une confirmation : « J’ai ressenti la même qualité d’énergie qu’en Chine. » Est-ce parce qu’il a lu – en chinois – les auteurs français ? Ou parce que les français lui paraissent « gentils, ouverts et réceptifs » ? Très vite, il se sent comme chez lui dans l'Hexagone.
Mais les Français, réputés pour leur approche cartésienne et intellectuelle de l’existence, vont-ils être sensibles à cet art purement énergétique et qui n’a rien de martial, contrairement au kung-fu ou au tai-chi-chuan, déjà bien implantés ? Dès les premières années, maître Zhou rencontre des élèves qui resteront assidus à ses cours, telle Annie Fournier, aujourd’hui secrétaire de l’association du Zhi Neng Qi Gong. « Je ne recherchais rien de spécial, mais lorsque j’ai vu cet homme solitaire commencer à faire ses mouvements, j’ai été attirée par cette pratique », se souvient-elle. Les temps sont durs, et Monsieur Zhou travaille dans un restaurant pour boucler ses fins de mois. Mais le qi gong attire de plus en plus de gens. Le Dr. Yves Réquéna invite Jing Hong Zhou à enseigner au sein de la Fondation européenne du qi gong qu’il a fondée en 1989. Il compte parmi ses premiers élèves des médecins comme Jean Becchio, président de l'Association française d'hypnose. Ce dernier apprend le qi gong pour lui-même, avant d’élargir le cercle de sa pratique aux soignants de l’hôpital Paul Brousse, puis aux malades de l’unité de soins palliatifs, chez qui il constate une augmentation du confort. « Au départ, je pensais que c’était du domaine de la suggestion, comme l’hypnose, mais il y a sans doute quelque chose en plus car cette notion de Qi a été clairement mise en évidence dans l’acuponcture par exemple », explique-t-il.

Mystérieuse pour la science, l’énergie à l’œuvre a des effets observables.
 

Pour Jean Becchio, maître Zhou a permis l’introduction en France d’un des qi gong les plus populaires de Chine, il a fait partie des « pionniers sérieux » qui ont donné à la discipline ses lettres de noblesse dans l’Hexagone. L’intérêt s’est ensuite rapidement développé, un quart de siècle après l’engouement pour le tai-chi et près d’un siècle après l’arrivée des arts martiaux d’attaque ou de défense. « Cela amuse les Chinois, car pour eux il faut d’abord apprendre à faire circuler l’énergie en soi, ce qui est le but du qi gong, avant d’aller vers l’extérieur avec des arts martiaux. Mais ce mouvement de l’extérieur vers l’intérieur en Occident me paraît le signe d’une bonne évolution de la conscience. » Maître Zhou résume le chassé croisé entre la Chine, attirée par l’agitation occidentale et l’Occident en quête de paix : « La Chine a besoin de disco et la France a besoin de qi gong. »
 

Si les français ne sont pas tombés dans le tao quand ils étaient petits, ils disposent selon Jing Hong Zhou d’un atout majeur : l’esprit de liberté, et son corollaire, le goût de la découverte. Le développement de la pratique du qi gong en France correspond à un intérêt croissant pour les techniques énergétiques. « Le tao est notre énergie originelle », explique maitre Zhou en ouvrant un superbe livre, édition bilingue du Tao Te King, avec des textes qu’il a calligraphiés lui-même et traduits du Chinois avec l’aide d’Annie et Jean Fournier, sa « famille française ». « Le tao engendre le un, le un engendre le deux, le deux engendre le trois, le trois engendre les dix mille êtres », peut-on y lire. Cette spiritualité est immédiatement pratique et l’énergie en question n’a rien d’ésotérique. Elle peut être utilisée pour agir sur la matière – par exemple sur le dosage d’alcool dans un verre de whisky –, pour créer et enfin pour guérir. Rien de lointain, d’étranger, de bizarre : « cette énergie crée tout. Et si l’on travaille, le monde devient sensible », explique-t-il. L’intuition est également développée : « Si l’énergie circule bien, elle calme et nourrit notre cerveau ; ensuite, beaucoup de choses sont possibles. »
 

Dans cette vision, l’énergie est le lien entre les trois parties du corps – l’énergie sans forme et l’esprit, tous deux invisibles, et la forme visible. « Laissez le corps, l’énergie, l’esprit ensemble. Est-ce qu’on peut jamais les séparer ? » questionne maître Zhou citant Lao-tseu. Selon lui, le secret réside dans une volonté équilibrée, « ni trop de désir, ni trop peu ». C’est ce type de pensée qu’il pratique lorsqu’il utilise l’énergie du qi gong pour guérir. « L’énergie suit l’esprit. Je me concentre sur le meilleur, le positif, tout en associant à cette pensée un certain détachement. » Dans cet état, maître Zhou a pu constater la capacité de l’énergie qu’il canalise à influer sur l’état de santé, pour calmer une tension emballée par exemple : « Je transmets l’énergie, et les pensées redeviennent normales. » Selon lui, tout le monde peut le faire, la puissance des effets dépendant de la maîtrise technique.
 

Reste que cette approche simple et directe effraie parfois. Car s’il y a bien une compréhension spirituelle de l’être humain, elle est enracinée dans une pratique physique concrète, elle-même basée sur une bonne connaissance des organes et des principes de la médecine chinoise. Annie, pratiquante de longue date, se souvient d’une femme qui essayait de soulager son mari atteint d’une migraine, en lui « envoyant de l’énergie ». « Elle était novice, pourtant cela a produit l’effet escompté, mais elle a été tellement étonnée qu’elle a pris peur et a arrêté », relate-t-elle. Pour maître Zhou, la période est propice à la discussion, alors que la science occidentale avance dans sa compréhension des rapports entre énergie et matière. Le champ d’énergie n’est pas seulement un objet théorique : nous avons aussi la possibilité de le moissonner, et de faire fructifier la récolte.
 

Sur le long terme, les élèves de Jing Hong Zhou affirment avoir développé « un rapport plus fluide, plus subtil et plus enraciné à la réalité », résume Guildane, impliquée dans une démarche qui allie art et énergétique. Janine, médecin homéopathe à la retraite qui suit les cours de maître Zhou depuis 1994, a développé un fonctionnement basé sur l’intuition, mis à profit avec ses patients : « Je dis souvent que je suis devenue plus intelligente, comme si ma conscience s’était agrandie. » Quant à Christine, atteinte d’insuffisance rénale, le qi gong a été sa bouée de sauvetage lorsqu’elle était sous dialyse : « La maladie me vidait de mon énergie, et chaque jour, j’en récupérais grâce au qi gong. »
 

Plus de vingt ans après son arrivée, maître Zhou a « l’impression d’avoir planté en France une graine solide ». Mais l’avenir des techniques énergétiques va au-delà. Il y a un peu plus d’un an, il a fait ce rêve éveillé, écho d’un songe de son enfance, dans lequel il conversait avec le Bouddha : ce dernier lui enseignait une méthode de qi gong à pratiquer dans l’eau. Recherchant la signification de cette vision, marqué peu de temps après par la catastrophe qui a frappé Fukushima au Japon, il se demande si l’homme, en comprenant mieux le fonctionnement de son esprit, n’aura pas un jour la possibilité d’instaurer un autre lien avec son environnement, et même de le purifier par la seule force de l’énergie maîtrisée. Car « l’esprit peut changer la nature des choses », assure-t-il. Une utopie ? À moins qu’une révolution culturelle silencieuse soit déjà en marche, perceptible dans ce chassé-croisé des techniques énergétiques qui séduisent un nombre croissant d’habitants sur la planète.

http://www.inrees.com/articles/L-energetique-maitre-Zhou/



mardi 8 octobre 2013

"VOTRE CERVEAU N'A PAS FINI DE VOUS ETONNER"


Patrice van Eersel (Collectif)

On savait que le cerveau était l’entité la plus complexe de l’univers connu. Mais les dernières découvertes montrent que ses possibilités sont bien plus étonnantes que prévu. Votre cerveau est en effet totalement élastique et social… Élastique – même âgé, handicapé, voire amputé, il peut se reconstruire, apprendre, inventer… Social – un cerveau n’existe qu’en résonance avec d’autres : nous sommes neuronalement constitués pour entrer en empathie.
La combinaison de ces deux facultés permet de supposer que l’ Homo sapiens peut évoluer en changeant lui-même sa structure. Nous avons le pouvoir d'influer sur l’évolution de notre propre cerveau – encore faut-il savoir comment il fonctionne.

Patrice van Eersel, rédacteur en chef à Clés, publie (le 4 avril 2012, dans la collection Clés d’Albin Michel) « Votre cerveau n’a pas fini de vous étonner », une enquête où il s’entretient notamment avec cinq médecins psychiatres ou psychothérapeutes, qui ont intégré à leur pratique cette nouvelle vision d’un cerveau « plastique » et « neuro-social » : - le neuropsychiatre et éthnologue Boris Cyrulnik, qui démontre que la résilience repose sur la plasticité neuronale ; - le neuropharmacologue Pierre Bustany, qui raconte comment les nouvelles techniques d’imagerie cérébrale ont révolutionné notre vision de la psyché ; - le psychiatre Jean-Michel Oughourlian, qui établit le lien entre les « neurones miroirs » et le concept de « désir mimétique » ; - le psychiatre Christophe André qui met en pratique les découvertes des neuro-cognitivistes sur les moines en méditation ; - le psychothérapeute Thierry Janssen, qui s’interroge sur la médecine d’Orient, peut-être mieux outillée que la nôtre pour comprendre le cerveau.

Pour les visiteurs du site Clés, voici un élément de cette enquête, le chapitre 8, où surgit une vision très dérangeante et contre-intuitive de la façon dont nous rêvons…

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{{Si nos rêves s’écrivent à la seconde où nous nous réveillons, que fait notre cerveau avant ?}}

L’aspect le plus vertigineux, mais aussi le plus excitant, des nouvelles explorations sur le cerveau est l’immensité des territoires inconnus dont elles nous font entrapercevoir les contours. On se demande ainsi, par exemple, à quoi peut bien ressembler le « fonctionnement par défaut » dont parle le Pr Bernard Mazoyer (un crack qui dirige le Groupe d’imagerie neurofonctionnelle de Caen). Ce fonctionnement « non conscient », qui absorbe apparemment 99% de l’énergie nécessaire à notre cerveau, nous n’en savons encore pas grand-chose. Selon quelle logique, quel langage, quels processus se déroulent 99% du travail qui réorganise en permanence, mais de façon « secrète » parce que non subjectivable, tous les réseaux de nos souvenirs, de nos états d’âme, de ce que nous appelons notre « moi » ? Une façon originale d’appréhender la question est d’écouter Jean-Pol Tassin, neurobiologiste au Collège de France et directeur de recherche à l’INSERM, décrire sa façon de voir le rêve.

Prenons un exemple explicite. Vous êtes en train de rêver que vous participez à la révolution française. Entraîné dans toutes sortes de mésaventures, hautes en couleur, en joie et en terreur, vous finissez hélas sur l’échafaud et vous vous réveillez brusquement quand la guillotine vous tranche le cou. Un cri vous sort des tripes, qui vous fait vous redresser comme un diable hors de vos draps. Vous vous apercevez alors qu’un tableau fixé au-dessus de votre lit vient de se décrocher et vous est tombé dessus. Stupeur : ce serait cette chute qui, en une fraction de seconde, aurait engendré tout le scénario ? Comment serait-ce possible ? Que le contenu du scénario (en l’occurrence celui de la guillotine) puisse être, ou non, porteur de sens n’est pas ici la question. Une chose est sûre pour Jean-Pol Tassin : pendant les 15 ou 20 minutes de sommeil paradoxal qui viennent de s’écouler, quelque chose se passait bien dans votre cerveau, mais ce n’était pas un rêve et il n’était pas question de révolution. Mais alors quoi ? Qui peut le dire ?

Ce que les neurologues croient savoir, aujourd’hui, c’est que, pendant le sommeil paradoxal, votre cerveau, libéré du contrôle conscient exercé par les lobes frontaux du néocortex, remodèle tout à sa guise vos réseaux neuronaux. Ce remodelage a forcément toutes sortes de répercussions somatiques – musculaires, digestives, hormonales, respiratoires… – et des effets psychiques, mais sans que vous puissiez en dire quoi que ce soit du contenu subjectif. A quoi ressemblait ce remodelage ? Vous seriez bien en peine de le dire. Tout ce à quoi vous avez accès, c’est à la traduction qu’en a fait votre moi conscient à la dernière seconde, c’est à dire à l’instant où le tableau vous est tombé dessus. S’adaptant en un éclair à ce contexte accidentel, à l’instant du réveil, votre cerveau a transposé le travail non conscient du remodelage (votre « fonctionnement par défaut » du Pr Mazoyer) en un contenu cognitif explicite : une scène de la révolution française.

Mais le coup du tableau qui tombe n’est là que pour faciliter notre compréhension d’un processus auquel, selon Jean-Pol Tassin, chercheur de l’Inserm et enseignant du Collège de France, tous nos rêves obéissent. Illustration parfaite de notre difficulté à nous figurer ce qui se passe réellement dans notre crâne : l’illusion serait de croire qu’il suffirait d’en observer les « outputs », autrement dit tout ce qui en sort – chimiquement sous forme de molécules, électriquement sous forme de tracés encéphalographiques, subjectivement sous forme de récit – pour pouvoir appréhender la logique interne, le langage, bref le fonctionnement effectif de notre cerveau.

Jean-Pol Tassin est un homme qui n’hésite pas à chahuter les idées reçues, même quand elles sont toutes récentes et à la mode. Ainsi, parlant des techniques d’imagerie du cerveau qui ont permis la plupart des découvertes dont il est question dans ce livre, il nous met sur nos gardes : ces techniques sont d’une utilité évidente, mais elles pourraient facilement susciter de nouvelles illusions dans l’esprit des non connaisseurs. Ainsi, les jeux de couleurs très contrastées, qui font de ces images de véritables œuvres d’art, nous donnent volontiers l’idée qu’il y a dans le cerveau des zones très précisément délimitées, remplissant des rôles distribués de façon rigide, comme dans les visions localistes de la fin du XIX° siècle, alors même que la nouveauté apportée par l’approche « plastique » du cerveau consiste à montrer que, pour quasiment n’importe laquelle des opérations corticales, ce sont de multiples zones qui entrent en interaction. « En réalité, explique Jean-Pol Tassin, ces forts contrastes de couleurs sont arbitraires. Il suffit de demander à l’ordinateur de passer du rouge au vert quand on grimpe, par exemple dans la consommation d’oxygène, d’un indice 100 à un indice 101,5. Pour le spécialiste, cette différence de 1,5% a un sens – celui d’une modulation graduelle –, mais ce n’est pas le sens que s’imaginent l’esprit candide… ou le journaliste, toujours avide d’informations spectaculaires, mais risquant ainsi de tomber dans une nouvelle vision mécaniste du fonctionnement cortical. »

La spécialité de Jean-Pol Tassin est la neurobiologie de l’addiction. On sait que la cocaïne, l’héroïne, les amphétamines, la morphine, le cannabis, mais aussi le tabac et l’alcool, envoient dans nos neurones, via le système sanguin, des molécules qui s’immiscent dans le fonctionnement des synapses. Ces nano-espaces entre les cellules nerveuses abritent les aller-retour ultra sophistiqués de la bonne centaine des neuromédiateurs existants, de l’adrénaline à la sérotonine, de l’acétylcholine à la dopamine, qui modulent tous nos états intérieurs, pulsions, émotions, décisions, inhibitions, sentiments et états d’âme. Des drogues différentes exercent différents types d’influence, aussi bien sur les vésicules qui libèrent ces neuromédiateurs depuis la membrane du neurone amont, que sur les récepteurs qui les accueillent à la surface du neurone aval – ou qui les recapturent dans la cellule de départ. Mais le résultat final est toujours le même : finalement, l’effet de toutes les drogues est de libérer de la dopamine. Celle-ci vient stimuler artificiellement le « circuit de la récompense » qui, dans le cerveau, nous procure la sensation du plaisir – ce pourquoi l’être humain aime se droguer… Mais notre propos n’est pas ici de parler de ce circuit, ni du plaisir, ni de l’accoutumance, mais du fait que l’effet final des drogues sur notre cerveau est à tous les coups la libération de molécules de dopamine dans les fentes synaptiques, ce qui rejoint un phénomène bien plus vaste que la prise de psychotropes…

La dopamine est le neuromédiateur que les synapses libèrent à la fin d’un très grand nombre de processus, si bien qu’on lui a attribué une importance capitale, sans toujours comprendre la cascade de réactions qui se déroulait avant qu’elle intervienne. C’est ce que Jean-Pol Tassin appelle avec humour « le drame de la dopamine »…

Pour tenter de nous faire comprendre de quoi il retourne, le neurobiologiste nous apprend que son travail l’a amené, lui aussi, à diviser le fonctionnement du cerveau en deux parts très inégales, l’une à 99% et l’autre à 1%. Mais ces pourcentages désignent cette fois des quantités de neurones et non de consommation d’énergie, comme dans la présentation de Bernard Mazoyer, qui distinguait le « fonctionnement cognitif » du cerveau et le « fonctionnement cortical par défaut ». La coïncidence entre ces deux rapports 1/99 est fortuite – même si, dans les deux cas, le raisonnement concerne l’immensité de notre inconscience…

Précisons. Son travail a fait aboutir Jean-Pol Tassin à deux réseaux neuronaux. Appelons le premier « réseau de base » : il concerne environ 99% des neurones. Ce réseau traite toutes les opérations de la vie : réceptions sensorielles, motricité, décisions, volonté, mémorisation, etc. Le second réseau ne compte que 1% des neurones (et même moins : 0,6%). Il est superposé au premier réseau, dans un arrangement anatomique spécifique, qui part du mésencéphale : c’est le « réseau modulateur ». Sa mission est d’orienter en permanence toutes les opérations du grand « réseau de base » : à chaque instant, en effet, selon ce que vous êtes en train de vivre, les neurones de votre réseau modulateur (ou neurones modulateurs) doivent décider vers quelles structures et quels réseaux de votre cerveau dispatcher les dites opérations, de la façon la plus adaptée à votre situation. Mission capitale : selon les circonstances, le réseau modulateur peut décider d’affecter telle tâche corticale au « cerveau cognitif lent » – et vous en aurez conscience, pourrez en parler, le mémoriser, etc. – ; ou bien la tâche sera confiée à des instances inconscientes, d’une façon que Jean-Pol Tassin décrit comme « analogique rapide » – et, par définition, l’opération se déroulera à votre insu ou de façon instinctive. Exemple simple : vous pouvez respirer sans y penser, en pilote automatique, dont en « analogique rapide » ; vous pouvez le faire de façon volontaire et votre respiration entre alors dans le champ de votre cerveau « cognitif lent ». Exemple plus sophistiqué : la voie basse et la voie haute de l’intelligence relationnelle, dont nous parlions à propos des neurones miroir et des neurones fuseaux (cf chapitre 3) : la voie basse traite les informations de façon ultra-rapide et analogique, comme un réflexe instinctif de survie (pour réagir à un éventuel danger) ; la voie haute traite les mêmes informations en les confrontant à la mémoire, à la sensibilité, à la volonté, etc., bref en passant par le cerveau cognitif lent.

Les neurones modulateurs, qui décident que le traitement des opérations corticales se fera par l’une ou l’autre de ces voies, se divisent en trois grands groupes, respectivement gouvernés par trois neuromédiateurs : la noradrénaline, la sérotonine et la dopamine. Quand une donnée entre dans le cerveau, avant de savoir à quel réseau elle sera confiée, elle commence toujours par être traitée par les neurones modulateurs fonctionnant à la noradrénaline et à la sérotonine, qui lui « attribuent un sens », avant de passer le relais aux neurones qui fonctionnent à la dopamine, qui l’orientent vers telle ou telle structure en fonction de ce « sens ». En réalité, les neurones modulateurs « dopaminergiques » n’ont quasiment pas le choix : constituant le dernier maillon de la chaine, ils sont esclaves des neurones modulateurs « noradrénalinergiques » ou « sérotoninergiques », qui ont fait le choix en amont. Ils n’ont donc aucune autonomie, sauf que, comme ce sont eux qui interviennent en dernière instance, juste avant que l’opération psychique soit dispatchée, voilà plus de trente-cinq ans (depuis 1975) que les neurologues attribuent un rôle clé à la dopamine et aux neurones modulateurs qui secrètent ce neuromédiateur. Un rôle exagéré…

« C’est ainsi, explique Jean-Pol Tassin, qu’on a pu voir le déficit en dopamine cité comme déterminant dans l’accoutumance aux drogues ou dans la persistance de la dépression, et l’excès de dopamine comme déclencheur de la schizophrénie. La dopamine remplit certes des fonctions formidables dans le fonctionnement du système nerveux central , mais pas toujours celles qu’on croyait, pour la bonne raison que tous les problèmes d’une chaine de transmission ne viennent pas forcément du dernier maillon. »

Globalement, le rôle des neurones modulateurs est évidemment crucial. Schématiquement, s’ils sont défaillants, la personne ne peut plus compter sur son cerveau cognitif lent, qui comprend sa mémoire et son intelligence. Elle a donc tendance à ne fonctionner qu’en pilote automatique, c’est à dire de façon analogique rapide. Du coup, par exemple, pour elle tous les visages se mettent à se ressembler, ou à se mélanger. Comme dans un rêve…

C’est que, lorsque nous nous endormons, le système modulateur de nos neurones noradrénalinergiques et sérotoninergiques cesse de fonctionner (sinon, c’est l’insomnie garantie). Le cerveau cognitif lent est alors mis hors circuit et toutes les informations se trouvent traitées de façon analogique rapide. C’est le fameux « sommeil paradoxal ». Un état cérébral dont Jean-Pol Tassin pense que nous ne pouvons pas dire ce qu’il s’y passe subjectivement. Surprise : ne dit-on pas, notamment depuis les recherches célèbres de Michel Jouvet sur le sommeil, que c’est le temps du rêve ? « Non, répond Tassin avec une quasi certitude, le rêve ne peut survenir qu’au moment où vous vous réveillez. Pourquoi vous réveillez-vous ? Parce que vos neurones modulateurs se sont remis à fonctionner, ne serait-ce qu’une fraction de seconde (ils font ça pour assurer leur survie, car n’oublions pas qu’un neurone qui ne fonctionne pas meurt rapidement, notre sommeil est ainsi constellé de micro-réveils neuronaux). Que se passe-t-il alors ? Le cerveau cognitif lent se réveille, même très brièvement, et en une fraction de seconde, il fabrique une histoire – à raison d’une image par cinq centième de seconde, le cerveau peut vous envoyer toute une histoire en un rien de temps. Rappelez-vous qu’en quatre images, un cartooniste peut vous camper un scénario – le cerveau cognitif lent se charge de combler les vides ! »

Oui, mais alors que penser des gestes que fait une personne endormie ? Ne correspondent-ils pas à une scène de rêve qu’elle est en train de vivre ? Non, répond à nouveau Jean-Paul Tassin, ces gestes sont sans doute à mettre en rapport avec le fameux « fonctionnement par défaut », par lequel le cerveau réorganise en permanence toutes ses pistes neuronales, mais rien ne dit qu’une personne dont les jambes s’agitent soit en train de rêver qu’elle marche ou qu’elle court. Si vous la réveillez brusquement, si elle se souvient de quelque chose, ce sera très probablement de tout autre chose. Et de toute façon, cette autre chose aura été inventée, en un flash, à l’instant où vous l’avez réveillée.

Autrement dit ? Eh bien nous en restons à l’énigme par lequel ce chapitre a commencé : si le scénario de nos rêves s’écrit à la seconde où nous nous réveillons, que se passe-t-il, subjectivement, pendant le « sommeil paradoxal » ? Réponse : non seulement on ne le saura peut-être jamais, mais la question n’a sans doute aucun sens. Ce qui pose aussitôt une autre question, de fond celle-là : l’approche scientifique est-elle la meilleure façon d’appréhender cette réalité étrange que nous portons entre les deux oreilles ?

L’entretien suivant, mené avec l’ex-chirurgien devenu psychothérapeute, Thierry Janssen, va justement nous mener à nous interroger sur cette question
:

("Votre cerveau n'a pas fini de vous étonner" - Patrice van Eersel (Collectif) - éd. Albin Michel)

http://www.cles.com/bonnes-feuilles/votre-cerveau-n-pas-fini-de-vous-etonner

dimanche 15 septembre 2013

"LA MEDITATION VIPASSANA"


Qu'est-ce que la méditation Vipassana ?
Vipassana, qui signifie voir les choses telles qu'elles sont réellement, est une des plus anciennes techniques de méditation de l'Inde. Elle a été enseignée en Inde il y a plus de 2500 ans comme un remède universel aux maux universels, c'est-à-dire un Art de Vivre.

Comment apprendre cette technique ?
La technique de méditation Vipassana est enseignée lors de cours résidentiels de 10 jours pendant lesquels les participants apprennent les bases de la méthode, et pratiquent suffisamment pour faire l'expérience de ses résultats bénéfiques. Aucune participation financière n'est demandée pour les cours, pas même pour couvrir le coût de la nourriture et du logement. Tous les frais sont payés par les dons d'anciens étudiants qui, ayant suivi un cours et fait l'expérience de ses bénéfices, désirent offrir à d'autres la même occasion unique. Le Code de Discipline présente les conditions pour suivre un cours.

Où et quand ?
Il existe un grand nombre de centres où l'on enseigne la méditation Vipassana : en Inde et en Asie, en Amérique du Nord, en Australie et Nouvelle-Zélande, en France et en Europe. Chaque centre propose son propre calendrier de cours de dix jours. De plus des cours de dix jours sont fréquemment organisés hors des centres, par d'anciens étudiants locaux. Pour vous inscrire à un cours allez sur le site du centre de méditation correspondant (voir le menu de gauche).

Les autres cours
La méditation Vipassana est aussi enseignée dans les prisons pour les détenus en Inde et dans d'autres pays.

Des cours spéciaux de Vipassana, destinés aux responsables d'entreprises et aux membres officiels de gouvernements sont également organisés périodiquement dans plusieurs centres à travers le monde. Pour de plus amples informations visitez le site des Executive Course.

Des informations sur la méditation Vipassana sont également disponibles dans d'autres langues.


Introduction

Vipassana, qui signifie voir les choses telles qu'elles sont réellement, est une des plus anciennes techniques de méditation de l'Inde. Il y a plus de 2500 ans, elle a été redécouverte par le Bouddha Gautama, qui l'a enseignée en tant que remède universel à des maux universels, c'est-à-dire en tant qu'Art de Vivre.

Cette technique non sectaire vise à l'éradication totale des impuretés mentales et le bonheur suprême de la totale libération qui en résulte. Guérir, non pas seulement soigner les maladies physiques mais guérir l'homme de toutes ses souffrances en constitue le but.

Vipassana est un moyen de se transformer soi-même à travers l'observation de soi-même. Cela repose sur la relation profonde entre l'esprit et le corps, dont on peut faire directement l'expérience par l'attention disciplinée portée sur les sensations physiques qui constituent la vie du corps. Celles-ci agissent et conditionnent continuellement la vie de l'esprit et réciproquement. C'est ce voyage, fondé sur l'observation, sur l'exploration des racines communes de l'esprit et du corps, qui dissout les impuretés mentales et permet d'acquérir un esprit équilibré, rempli d'amour et de compassion.

Les lois scientifiques qui régissent nos pensées, émotions, jugements et sensations deviennent claires. A travers l'expérience directe, on comprend peu-à-peu comment chacun progresse ou régresse, comment chacun produit de la souffrance ou bien se libère de la souffrance. Il en résulte une vie plus consciente, plus lucide, avec plus de maîtrise et de paix.

 
La tradition

Depuis l'époque du Bouddha, Vipassana a été perpétuée jusqu'à nos jours par une chaîne ininterrompue d'enseignants. Bien que d'origine indienne, l'actuel enseignant de cette chaîne, S.N. Goenka, est né et a grandi en Birmanie (Myanmar). Il eut la chance d'y apprendre cette technique auprès de Sayagyi U Ba Khin, un haut fonctionnaire de l’État. Après l'avoir étudiée pendant quatorze ans, M. Goenka revint en Inde et commença à l'enseigner, en 1969. Depuis cette date, il a enseigné à des dizaines de milliers de personnes de toutes origines et de toutes religions, aussi bien en Orient qu'en Occident. En 1982, il nomma les premiers assistants-enseignants pour l'aider à faire face à la demande croissante de cours de Vipassana.
 

Les cours

La technique est enseignée à l'occasion de cours résidentiels de dix jours, pendant lesquels les participants observent un Code de Discipline, apprennent les bases de la méthode, et pratiquent suffisamment pour expérimenter ses résultats bénéfiques.

Le cours demande un travail soutenu et sérieux. L'apprentissage se fait en trois étapes. La première étape est de s'abstenir pendant la durée du cours de tuer, de voler, de s'abstenir de toute activité sexuelle, de mentir et de faire usage d'intoxicants. Ce code simple de conduite morale aide à calmer l'esprit, qui sans cela aurait été trop agité pour accomplir la tâche de s'observer soi-même.

L'étape suivante consiste à développer la maîtrise de l'esprit en apprenant à fixer son attention sur le flux continuellement changeant de la respiration qui entre et sort par les narines.

Le quatrième jour, l'esprit est plus calme et plus concentré, mieux à même d'entreprendre la pratique de Vipassana proprement dit : observer les sensations à travers le corps, comprendre leur nature, et développer l'équanimité en apprenant à ne pas y réagir. C'est la troisième étape.

Enfin, le dernier jour, les participants apprennent la méditation d'amour bienveillant ou de bonne volonté vis-à-vis de tous, au cours de laquelle la pureté développée pendant le cours est partagée avec tous les êtres.

La pratique dans son ensemble est réellement un entraînement mental. De la même façon que nous faisons usage de l'exercice physique pour améliorer notre santé physique, de même peut-on faire usage de Vipassana pour développer un esprit sain.

Parce que cela s'est révélé très bénéfique, un soin particulier est apporté pour préserver la technique dans sa forme originale, authentique. Elle n'est pas enseignée sur une base commerciale, mais au contraire offerte gratuitement. Aucune personne impliquée dans l'enseignement n'en reçoit quelque rémunération matérielle que ce soit.

Il n'y a pas de tarification pour les cours, pas même pour couvrir le coût de la nourriture et du logement. Tous les frais sont couverts par les dons de ceux qui, ayant accompli un cours et fait l'expérience de ses bénéfices, désirent offrir à d'autres la même opportunité.

Bien évidemment, les résultats arrivent progressivement, par une pratique régulière. Il n'est pas réaliste d'attendre que tous les problèmes se résolvent en dix jours. Pendant cette période cependant, on peut apprendre l'essentiel de Vipassana de façon à pouvoir l'appliquer dans la vie quotidienne. Plus on pratique la technique, plus grande est la libération de la souffrance, et plus proche est le but final de la libération totale. Même dix jours peuvent procurer des résultats tangibles, des bénéfices visibles dans la vie quotidienne.

Toute personne sincère est la bienvenue à ces cours de Vipassana, pour faire l'essai par elle-même de la technique et pour en mesurer les bénéfices. Des cours sont également conduits dans des prisons, avec un vif succès et de formidables bénéfices pour les prisonniers. Pour tous ceux qui en font l'essai, Vipassana s'avèrera être un outil inestimable pour atteindre un bonheur véritable et le partager avec les autres.


L'Art de Vivre : la méditation Vipassana


S.N. GOENKA enseigne la méditation Vipassana dans la tradition de feu Sayagyi U Ba Khin de Birmanie (Myanmar).

Bien que d'origine indienne, S.N. Goenka est né et a grandi en Birmanie. Pendant qu'il y vivait, il eut la chance de rencontrer Sayagyi U Ba Khin, qui lui apprit la technique de Vipassana. Après avoir étudié pendant quatorze ans auprès de son enseignant, S.N. Goenka s'installa en Inde et commença d'y enseigner Vipassana, en 1969. Dans un pays divisé par les castes et les religions, les cours offerts par S.N. Goenka attirent des personnes de toutes les couches de la société. Par ailleurs, plusieurs milliers de personnes sont venues du monde entier pour suivre ces cours en Inde.

S.N. Goenka a enseigné à des dizaines de milliers de personnes au cours de centaines de stages de 10 jours, en Inde et dans d'autres pays, en Orient et en Occident. En 1982, pour l'aider à faire face à une demande croissante, il commença de nommer des assistants-enseignants. Aujourd'hui, des cours se tiennent régulièrement dans le monde entier et de nombreux centres de méditation ont été établis sous sa direction.

La technique qu'enseigne S.N. Goenka représente une tradition dont la transmission remonte au Bouddha. Le Bouddha n'a jamais enseigné une religion sectaire ; il enseignait le Dhamma, la voie de la Libération, qui est universelle. L'approche de S.N. Goenka, conformément à cette tradition, est résolument non sectaire. C'est pourquoi des personnes de tous milieux, de toutes les religions ou sans religion, et de toutes les parties du monde, ont une attirance profonde pour son enseignement.

L'article suivant est extrait d'une conférence donnée en 1980 à Berne, en Suisse, par M. Goenka.

Chacun recherche la paix et l'harmonie, car c'est précisément ce dont notre vie est dénuée. Nous passons tous par des moments d'agitation, d'irritation, de disharmonie ; et lorsque nous sommes affligés par ces états malheureux, nous ne les gardons pas pour nous-mêmes ; souvent, nous les répandons aussi sur les autres. Cette condition malheureuse gagne toute l'atmosphère alentour. Quiconque s'approche de quelqu'un ainsi malheureux devient à son tour affecté. Cela n'est certainement pas une bonne manière de vivre.

Il faudrait vivre en paix avec soi-même, et en paix avec autrui. Après tout, les êtres humains sont des êtres sociaux qui doivent vivre en société et avoir des échanges avec les autres. Mais comment vivre paisiblement ? Comment demeurer en harmonie avec soi-même, et conserver paix et harmonie autour de nous pour que les autres aussi puissent vivre paisiblement et harmonieusement ?

Pour être soulagé de notre condition malheureuse, il faut en découvrir la raison, la cause à la base de cette souffrance. Si l'on examine le problème, il devient clair qu'à partir du moment où l'on commence à engendrer quelque négativité ou impureté mentale, on devient forcément malheureux. Une négativité mentale, une souillure ou impureté mentale, ne peuvent coexister avec la paix et l'harmonie.

Comment se met-on à engendrer de la négativité ? Là encore, si l'on s'examine avec soin, cela devient clair. Je deviens très malheureux quand je m'aperçois que quelqu'un fait quelque chose qui ne me plaît pas, quand quelque chose se passe qui ne me plaît pas. Des événements contraires surviennent et des tensions se créent en moi. Des événements souhaités ne surviennent pas, des obstacles s'interposent, et à nouveau des tensions se créent en moi ; je me mets à lier en moi des nœuds serrés. Et toute la vie durant, des événements contraires vont continuellement survenir, des événements souhaités vont ou ne vont pas survenir, et ce processus ou cette réaction qui consiste à former des nœuds, des nœuds gordiens, rend la structure mentale et physique tout entière tellement tendue, tellement saturée de négativité, que la vie en devient misérable.

Une solution au problème serait de s'arranger pour que rien de contraire ne se produise dans la vie, et que tout se passe continuellement exactement comme nous le souhaitons. Ou bien il nous faudrait développer un pouvoir, ou quelqu'un devrait posséder ce pouvoir et nous en faire bénéficier sur demande : qu'aucun événement contraire ne se produise et que tout ce que nous voulons se réalise. Mais cela est impossible. Il n'est personne au monde dont tous les désirs sont toujours comblés, dans la vie de qui tout se passe selon ses vœux, sans que jamais rien d'indésirable ne survienne. Il se passe sans arrêt des choses opposées à nos désirs et à nos souhaits. La question se pose alors : comment pouvons-nous arrêter de réagir aveuglément sous la pression de toutes ces choses que nous n'aimons pas ? Comment pouvons-nous cesser de créer des tensions et demeurer pleins de paix et d'harmonie ?

En Inde comme en d'autres pays, des saints et des sages du passé ont étudié ce problème, le problème de la souffrance humaine, et ont trouvé une solution : si quelque chose d'indésirable survient et que l'on y réagit en produisant de la colère, de la peur ou toute autre négativité, alors il faudrait aussi rapidement que possible détourner son attention vers autre chose. Par exemple se lever, prendre un verre d'eau, le boire. Votre colère ne s'amplifiera pas et, d'un autre côté, elle retombera. Ou bien mettez-vous à compter : un, deux, trois, quatre. Ou bien à répéter un mot, une phrase, ou un mantra, peut-être le nom d'un dieu ou d'un saint pour lequel vous ressentez de la dévotion. L'esprit est détourné, et dans une certaine mesure, la négativité, la colère vous aura abandonné.

C'était une solution utile, qui fonctionnait. Qui fonctionne encore. Par cette pratique, l'esprit se sent délivré de l'agitation. Cependant, cette solution ne fonctionne qu'au niveau conscient. En fait, en détournant l'attention, on refoule la négativité profondément dans l'inconscient, et à ce niveau on continue à produire et à multiplier les mêmes souillures. En surface, il y a un vernis de paix et d'harmonie. Mais dans les profondeurs de l'esprit, il y a un volcan endormi de négativité refoulée qui peut tôt ou tard entrer violemment en éruption.

D'autres explorateurs de la vérité intérieure sont allés un peu plus loin dans leur recherche ; et en faisant en eux-mêmes l'expérience de la réalité de l'esprit et de la matière, ils se sont rendu compte que détourner son attention équivaut à fuir le problème. La fuite n'est pas une solution : il faut regarder le problème en face. Chaque fois qu'une négativité apparaît dans l'esprit, observez-la simplement, faites-y face. Aussitôt qu'on se met à observer quelque impureté que ce soit, elle commence à s'affaiblir. Petit à petit, elle s'étiole et s'évanouit.

Cette bonne solution évite les deux extrêmes : refouler et laisser libre cours. Conserver la négativité dans l'inconscient ne va pas l'éradiquer ; et lui permettre de se manifester par une action physique ou verbale ne fera que créer plus de problèmes. Mais si on ne fait qu'observer, alors la souillure disparaît et on en est libéré.

Cela paraît merveilleux, mais est-ce vraiment praticable ? Il n'est pas facile de faire face à ses propres impuretés. Quand la colère monte, elle nous envahit tellement rapidement que l'on n'a même pas le temps de s'en rendre compte. Et lorsqu'on est en proie à la colère, on commet des actions physiques ou verbales qui nous font du mal et font du mal aux autres. Plus tard, quand la colère est passée, on se met à gémir et à se repentir, à demander pardon à l'un ou à l'autre ou à Dieu : « Oh, j'ai commis une erreur, excusez-moi, s'il vous plaît ! » Mais il suffit une autre fois de se retrouver dans une situation analogue pour réagir à nouveau de la même façon. Ce repentir continuel ne sert à rien du tout.

La difficulté, c'est que lorsqu'une souillure apparaît, nous n'en sommes pas conscients. Cela démarre profondément, au niveau inconscient de l'esprit, et au moment où cela atteint le niveau conscient, cela a pris tellement de force que nous en sommes submergés, et nous ne pouvons pas l'observer.

Alors, il me faudrait un secrétaire particulier. A chaque fois que je me mets en colère, il me dirait : « Monsieur, vous vous mettez en colère ! » Et comme je ne peux pas prévoir quand je vais me mettre en colère, il me faudra trois secrétaires particuliers qui vont faire les trois huit ! Admettons que je puisse me le permettre, et que je me mette en colère. Mon secrétaire particulier va tout de suite me dire : « Oh voyez, vous vous mettez en colère ! » Mon premier geste va être de le réprimander : « Imbécile ! Vous n'êtes pas payé pour me faire la leçon ! » La colère est tellement prédominante que les bons conseils sont impuissants.

Supposons tout de même que la sagesse l'emporte et que je ne le réprimande pas. A la place je lui dis : « Merci bien. Maintenant je vais m'asseoir et observer ma colère. » Est-ce que c'est possible ? Dès que je ferme les yeux pour essayer d'observer la colère, l'objet de cette colère m'apparaît, la personne ou l'incident qui m'a fait me mettre en colère. Je ne suis alors pas en train d'observer la colère même. Je ne fais qu'observer le stimulus extérieur de cette émotion. Cela ne va faire qu'amplifier la colère, et par conséquent ce n'est pas une solution. Il est très difficile d'observer une négativité abstraite, une émotion abstraite, séparément de l'objet extérieur qui l'a initialement suscitée.

Cependant, celui qui a atteint la vérité ultime a trouvé une réelle solution. Il découvrit que chaque fois qu'une impureté apparaît dans l'esprit, elle s'accompagne de deux phénomènes simultanés sur le plan physique. L'un est que la respiration perd son rythme normal. Nous commençons à respirer plus fort lorsqu'une impureté surgit dans l'esprit. Cela est facile à observer. Et, à un niveau plus subtil, une réaction biochimique prend naissance dans le corps, produisant une sorte de sensation. Toute impureté va engendrer une sensation ou une autre à l'intérieur du corps.

C'est une solution pratique. Tout le monde ne peut pas observer les impuretés mentales abstraites - la peur, la colère ou la passion abstraites. Cependant, avec un peu d'entraînement et de pratique appropriés, il devient très facile d'observer la respiration et les sensations physiques, qui sont toutes deux en relation directe avec les impuretés mentales.

La respiration et les sensations vont aider de deux manières. D'abord, elles seront comme des secrétaires particuliers. Dès qu'une négativité va naître dans l'esprit, la respiration va perdre son rythme normal ; elle va commencer à crier : « Attention, quelque chose ne va pas ! » Et on ne peut pas réprimander la respiration, il faut bien accepter l'avertissement. Similairement les sensations vont nous dire que quelque chose ne va pas. Donc, grâce à cet avertissement, on peut se mettre à observer la respiration, commencer à observer les sensations, et très vite on s'aperçoit que la négativité disparaît.

Ce phénomène mental et physique est comme une pièce et ses deux faces. D'un côté, il y a toutes les pensées et les émotions qui apparaissent dans l'esprit. Et de l'autre côté, il y a la respiration et les sensations dans le corps. Toute pensée ou émotion, toute impureté mentale qui surgit se manifeste dans la respiration et les sensations du moment. Ainsi, en observant la respiration ou les sensations, nous sommes en fait en train d'observer les impuretés mentales. Au lieu de fuir le problème, nous regardons en face la réalité telle qu'elle est. En conséquence nous découvrons que ces impuretés perdent de leur force : elles ne peuvent plus nous dominer comme auparavant. Si nous persistons, elles finissent par disparaître complètement, et nous commençons à vivre une vie paisible et heureuse, une vie de plus en plus libre de négativités.

De cette manière, la technique d'observation de soi nous montre la réalité sous ses deux aspects : interne et externe. Auparavant on voyait seulement les apparences extérieures, en passant à côté de la vérité intérieure. On cherchait toujours au-dehors la cause de notre malheur ; nous blâmions toujours la réalité extérieure et essayions de la changer. En étant ignorant de la réalité intérieure, nous n'avons jamais compris que la cause du malheur réside au-dedans, dans nos propres réactions aveugles envers des sensations agréables ou désagréables.

Maintenant, avec de l'entraînement, nous pouvons voir l'autre face de la pièce. Nous pouvons être conscients de notre respiration et également de ce qui se passe en nous. Que ce soit la respiration ou les sensations, nous apprenons à seulement les observer sans perdre l'équilibre de notre esprit. Nous cessons de réagir et multiplier notre souffrance. A la place, nous laissons les souillures se manifester et disparaître.

Plus on pratique cette technique, plus vite les négativités vont nous quitter. L'esprit se libère graduellement de ses souillures, il devient pur. Un esprit pur est toujours empli d'amour, un amour désintéressé envers tous ; toujours empli de compassion envers les échecs et les souffrances des autres ; rempli de joie à leurs succès et leur bonheur ; rempli d'équanimité en toute situation.

Lorsque l'on atteint ce stade, la vie change complètement. Il n'est plus possible de faire ou dire quoi que ce soit qui perturbe la paix et le bonheur des autres. Au contraire, un esprit équilibré ne devient pas seulement paisible en soi, mais aide aussi les autres à devenir paisibles. L'atmosphère autour d'un tel être va se charger de paix et d'harmonie, et cela va également influencer et aider les autres.

En apprenant à conserver son équilibre malgré tout ce dont on fait l'expérience intérieurement, on cultive par là même le détachement envers ce qui nous arrive extérieurement. Cependant, ce détachement n'est ni fuite ni indifférence devant les problèmes du monde. Ceux qui pratiquent régulièrement Vipassana deviennent plus sensibles aux souffrances des autres, et font tout ce qu'ils peuvent pour soulager la souffrance, non pas avec agitation, mais avec un esprit plein d'amour, de compassion et d'équanimité. Ils apprennent la sainte indifférence : comment être pleinement engagé, pleinement impliqué dans l'assistance aux autres, tout en conservant au même moment un esprit calme et équilibré. De cette manière, ils demeurent paisibles et heureux, tout en travaillant à la paix et au bonheur des autres.

C'est ce que le Bouddha a enseigné : un art de vivre. Il n'a jamais établi ni enseigné de religion, aucun « -isme ». Il n'a jamais donné comme consigne à ses fidèles de pratiquer aucun rite ni rituel, aucune formalité vide de sens. A l'inverse, il leur a juste enseigné à observer la nature telle qu'elle est, en observant la réalité intérieure. Par ignorance, on ne cesse de réagir de manière préjudiciable à soi et à autrui. Mais quand la sagesse prévaut, la sagesse qui consiste à observer la réalité telle qu'elle est, on abandonne cette réaction habituelle. A partir du moment où l'on cesse de réagir aveuglément, l'on est capable d'action réelle, action qui procède d'un esprit équilibré, un esprit qui voit et comprend la vérité. Une telle action ne peut qu'être positive, créatrice, utile pour soi et pour autrui.

Ce qui est nécessaire, alors, c'est de « te connaître toi-même », conseil donné par tous les sages. Il faut se connaître soi-même, pas seulement par le biais intellectuel des idées et des théories. Non plus par le biais émotionnel ou dévotionnel, en acceptant simplement et aveuglément ce que l'on a entendu ou lu. Un tel savoir ne suffit pas. Il faut plutôt connaître la réalité en l'expérimentant. Il faut faire directement l'expérience de la réalité de ce phénomène physique et mental. C'est cela et cela seul qui va nous aider à nous délivrer de la souffrance.

Cette expérience directe de notre propre réalité, cette technique d'observation de soi, est ce qu'on appelle la méditation Vipassana. Dans la langue parlée en Inde au temps du Bouddha, « passana » signifiait : voir avec les yeux ouverts, comme on fait d'ordinaire ; mais « vipassana », c'est observer les choses comme elles sont réellement, pas seulement comme elles semblent être. La vérité apparente doit être pénétrée, jusqu'à atteindre la vérité ultime de la structure physique et mentale tout entière. Lorsqu'on fait l'expérience de cette vérité, on apprend à cesser de réagir aveuglément, à cesser de créer des négativités, et tout naturellement les anciennes impuretés sont graduellement éradiquées. On se dégage de toute la souffrance et on fait l'expérience du vrai bonheur.

Un cours de méditation Vipassana propose une formation en trois étapes. D'abord, on doit s'abstenir de toute action, physique ou verbale, qui dérange la paix et l'harmonie d'autrui. On ne peut travailler à se libérer des impuretés mentales tout en continuant à accomplir des actes corporels ou des paroles qui ne font que les multiplier. Un code de moralité est donc le premier pas essentiel de la pratique. On entreprend de ne pas tuer, ne pas voler, ne pas commettre d'inconduite sexuelle, ne pas mentir, ne pas prendre d'intoxicants. S'abstenir de telles actions conduit l'esprit à se calmer suffisamment pour lui permettre de continuer dans cette entreprise.

L'étape suivante est d'acquérir une certaine maîtrise sur cet esprit sauvage, en l'entraînant à demeurer concentré sur un objet unique : la respiration. On essaie de maintenir son attention aussi longtemps que possible sur la respiration. Ce n'est pas un exercice respiratoire : on ne règle pas la respiration. Au lieu de cela, on observe la respiration naturelle telle qu'elle est, telle qu'elle entre, telle qu'elle ressort. De cette façon, on calme un peu plus l'esprit, si bien qu'il n'est plus en proie à de violentes négativités. En même temps, on concentre son esprit, on le rend plus aiguisé et pénétrant, capable d'un travail d'introspection.

Ces deux premières étapes, vivre une vie morale et contrôler l'esprit, sont indispensables et bénéfiques en elles-mêmes ; mais elles conduiraient au refoulement des négativités sans la troisième étape : la purification de l'esprit, de ses souillures, par l'introspection de notre propre nature. C'est cela Vipassana : faire l'expérience de sa propre réalité, par l'observation systématique et impartiale des phénomènes physiques et mentaux, en transformation permanente, et se manifestant sous forme de sensations. C'est l'apogée de l'enseignement du Bouddha : l'auto-purification par l'auto-observation.

Cela peut être pratiqué par tout un chacun. Chacun est en butte au problème de la souffrance. C'est un mal universel qui requiert un remède universel, et non pas sectaire. Lorsqu'on souffre sous l'emprise de la colère, ce n'est pas une colère bouddhiste, ni hindoue, ni chrétienne. La colère est la colère. Lorsqu'on devient agité à cause de cette colère, cette agitation n'est ni chrétienne, ou juive, ou musulmane. Le mal est universel. Le remède aussi doit être universel.

Vipassana est un tel remède. Nul ne trouvera à redire à un code de vie qui respecte la paix et l'harmonie d'autrui. Nul ne trouvera à redire si l'on cultive le contrôle de son esprit. Nul ne trouvera à redire si l'on introspecte sa propre nature, ce qui rend possible l'éradication des négativités de l'esprit. Vipassana est une voie universelle.

Observer la réalité telle qu'elle est en observant la vérité à l'intérieur, c'est se connaître soi-même directement et par expérience. Au fur et à mesure que l'on pratique, on se libère de plus en plus de la souffrance des impuretés mentales. En partant de la vérité apparente, extérieure, grossière, on pénètre jusqu'à la vérité ultime de l'esprit et de la matière. Puis l'on transcende cela, et l'on fait l'expérience d'une vérité au-delà de l'esprit et de la matière, au-delà du temps et de l'espace, au-delà du champ conditionné de la relativité : la vérité de la libération totale de toutes les souillures, de toutes les impuretés, de toutes les souffrances. Le nom que l'on donne à cette vérité ultime n'a aucune importance ; c'est le but final de chacun.

Puissiez-vous tous faire l'expérience de cette vérité ultime. Puissent tous les gens se dégager de leur souffrance. Puissent tous jouir d'une paix réelle, d'une réelle harmonie, d'un réel bonheur.
PUISSENT TOUS LES ÊTRES ÊTRE HEUREUX


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