samedi 18 février 2012

"LA PSY TRANSPERSONNELLE ET LES SPIRITUALITES ORIENTALES"


Après des pionniers comme Jung, et à partir des années 60, la psychologie occidentale a été touchée par l’influence du Bouddhisme, du Védisme ou du Védantisme. Une nouvelle approche est issue de cette rencontre : le transpersonnel.

Pour beaucoup de Français, le terme transpersonnel est assez nouveau, sinon inconnu ; mais, aux Etats-Unis, voilà quarante ans qu’Abraham Maslow, philosophe, anthropologue et psychologue, créa cette psychologie transpersonnelle qui, comme il le souhaitait, fit « entrer dans le domaine de la science tous les problèmes laissés aux non-scientifiques ».

Maslow, en mettant à jour l’importance, dans la santé psychique, de la sécurité, de l’intégration sociale, de l’estime de soi et de la réalisation de soi, contribua grandement à ouvrir la voie de la psychologie humaniste dans une Amérique partagée entre le behaviorisme et le freudisme, mais il donna surtout l’impulsion à une véritable éthique du dépassement de soi qui anime encore, de nos jours, les transpersonnalistes les plus sérieux.

D’autres grands thérapeutes et penseurs américains, comme Grof, Wilber ou Vaughan, sont ensuite venus enrichir le transpersonnel qui, aujourd’hui, est une des branches de la psychologie les plus dynamiques et populaires du nouveau continent.

En Europe, bien que le mot transpersonnel n’ait guère été employé avant une date relativement récente, la route qui y menait fut plus que largement ouverte par d’admirables thérapeutes tels que Carl Gustav Jung et sa psychologie analytique, Robert Assagioli et sa psychosynthèse, Robert Desoille et son rêve éveillé, Jacques Kalmar et son ontanalyse, Victor Frankl et sa logothérapie...

Tous ont contribué, avant la lettre, à l’avènement de cette psychologie transpersonnelle qui, comme l’écrivait James Fadiman, fondateur du Journal of Transpersonnal Psychology, « se caractérise par un ensemble de conceptions partagées par des personnes ayant vécu certains états non habituels de conscience ».

Ces états non ordinaire de conscience : phénomènes parapsy, transe, méditation, psychédélisme, expériences paroxystiques, semblent donc au coeur de l’investigation du transpersonnel.

Mais, le choix de ce mot, lui-même, correspond surtout à un besoin de dépasser le stade de la personnalité, d’échapper au sentiment d’être une identité séparée. Et c’est bien en cela que les psychologues transpersonnels se rattachent à la philosophie orientale qui considère le moi séparé comme une illusion.

Ainsi, la psychologie et les psychothérapies transpersonnelles, en réalité, ne se bornent pas à l’exploration des états de conscience altérés, mais veulent s’intéresser aux perturbations résultant de l’enfermement des potentiels illimités de la Conscience dans les structures limitées de l’ego.

Si le psy transpersonnaliste admet, comme le psy personnaliste, qu’un équilibre psychologique est souhaitable, sa préoccupation essentielle reste tout de même cette part infinie de lui-même qu’il ne connaît pas et ne peut pas connaître, et qui pourtant n’est autre que la Réalité.

En fait, la grande différence entre les deux approches, personnelle et transpersonnelle, est de même nature que celle qui existe entre physique et métaphysique : alors que la psychologie classique observait les phénomènes psychiques observables, sans tenir compte de l’inobservable, la psychologie transpersonnelle tente d’observer, dans les phénomènes observables, l’incidence de ce qui n’est pas directement observable.


Les sept niveaux de la psychologie transpersonnelle

La psychologie transpersonnelle n’exclue toutefois pas les autres écoles psychologiques, mais elle les replace dans une hiérarchie tenant compte des différents niveaux de conscience. Dans sa Psychologia Perennis, Ken Wilber, rédacteur en chef de la revue ReVision, répertorie ces niveaux de conscience.

1/ Le premier niveau d’identification est celui de l’Esprit que l’on appellera Brahman, Tao ou Divinité. L’Esprit est ce qui Est, sans espace ni temps. Ce niveau de conscience est le seul état Réel. Il n’est donc ni anormal, ni, surtout, pathologique.

2/ Le niveau transpersonnel correspond aux Archétypes, à ce que Jung appelait l’inconscient collectif.

3/ Au niveau existentiel, l’identification s’opère sur l’organisme psychophysique total. La ligne de démarcation, entre soi et autrui, commence à ce niveau.

4/ Le niveau biosocial correspond à la grille de lecture culturelle.

5/ Le niveau de l’ego diffère en ceci du niveau existentiel, que l’individu ne s’identifie plus à son organisme psychophysique réel, mais à l’image qu’il a de lui-même.

6/ L’individu se ressentant comme un esprit dans un corps, les processus intellectuels s’engrènent... et c’est ce qui correspond au niveau philosophique.

7/ Le niveau de l’ombre, enfin, correspond à une identification à la persona. Ce dernier stade d’identification correspond à la maladie mentale, lorsque l’individu a rejeté dans l’ombre de l’inconscient une part de sa personnalité.

« A mesure que progresse l’évolution », écrivait Ken Wilber, « le sentiment de soi se différencie, tour à tour, de chaque niveau ou, pour ainsi dire, s’en dévêt. C’est à dire que, finalement, le soi se désidentifie de cette structure, de façon à s’identifier à la structure émergente suivante, d’un ordre plus élevé. Nous pourrions dire encore que le soi se détache de son identification exclusive à la première structure. Notons que le soi, se trouvant différencié à partir de la structure inférieure, il transcende cette structure et peut ainsi opérer sur elle en employant les capacités qu’offre la structure nouvellement émergente ».

Mais hélas, en réalité tout n’est pas toujours si simple, ni si fluide ; et le passage d’un niveau à l’autre provoque bien souvent des mouvements de recul, des retours en arrière. Et ces retours, s’opposant à l’ascension de la conscience, s’accompagnent nécessairement de pathos, de souffrance.

On voit donc le danger que représente la confusion dans laquelle se débat la psychologie conventionnelle, confusion entre les causes des diverses manifestations psychopathologiques, qui conduit trop souvent le thérapeute personnaliste à ramener son patient au niveau de conscience dont il doit précisément se détacher pour cesser de faire souffrir sa conscience.

Les cinq niveaux de la thérapie transpersonnelle

Au contraire des psy personnalistes, les transpersonnalistes, reconnaissant différents niveaux de conscience, travaillent à différents niveaux de thérapie :

1/ Les thérapies au niveau de l’ego : Lorsqu’un individu a restreint son identification au niveau de la persona, il est bien évident que le ramener au niveau de l’ego sera salutaire. Puisque, dans ce cas, il a rejeté dans l’ombre une partie de l’image qu’il avait de lui-même, il convient effectivement de la lui rendre à nouveau consciente, de restaurer cette image, cet ego.

2/ Les thérapies au niveau existentiel : Il ne s’agit plus, ici, de restaurer l’ego, mais, lorsque ce dernier a commencé à se dissoudre, et que diverses crises de dépersonnalisation se font sentir, d’installer l’identification dans l’organisme psychophysique total. Les fantasmes intellectuels du niveau philosophique, tels que la division du corps et de l’esprit, disparaissent, et l’unité psychophysique apparaît à la conscience. Les thérapies de ce niveau visent donc à élargir l’identité à l’ensemble de l’organisme.

3/ Les thérapies du niveau biosocial vont chercher en quoi le conditionnement socioculturel peut limiter l’expérience de l’organisme psychophysique.

4/ Les thérapies du niveau transpersonnel : A ce niveau, l’ensemble des dualismes tels que persona-ombre, ego-corps, organisme-environnement, est suspendu, en même temps que, par voie de conséquence, toute névrose individuelle est éliminée. La thérapie propre à ce niveau va donc consister dans la pratique de la véritable attention, celle qui naît avec le Témoin, avec cette capacité de la conscience à relier les paires d’antagonismes dans une observation sans jugement. Nous atteignons ici à la véritable auto-guérison où les dernières illusions se résorbent dans et par le Regard.

5/ Les thérapies au niveau de l’Esprit : C’est la dissolution du Témoin - qui restait clivé de ce dont il était témoin - et par conséquent de la dernière dualité, le Témoin et ce dont il est témoin ne faisant plus qu’un.

Jean-Claude Cartier


A visiter:  le site de Patrick Baudin:   http://holotropique.free.fr/index.htm

Aucun commentaire: